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Tournée des facultés – Entrevue avec le doyen de la Faculté de droit

La recherche et l'innovation parmi les priorités de Daniel Proulx

Daniel Proulx, doyen de la Faculté de droit
Daniel Proulx, doyen de la Faculté de droit
Photo : Michel Caron

La Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke a vu son visage se transformer radicalement depuis une dizaine d'années. Autrefois tournée principalement vers la formation professionnelle d'avocats et de notaires, la Faculté a pris le virage de la recherche et des études supérieures au tournant des années 2000. Ce virage s'est accentué depuis 2004, sous l'impulsion du doyen Daniel Proulx, et grâce au renouvellement du corps professoral. Amorçant son second mandat l'an dernier, le doyen s'est fixé une série d'objectifs pour offrir des formations innovantes, stimuler le secteur de la recherche et augmenter la notoriété de l'UdeS dans le domaine du droit en vue de faire de la Faculté de droit une faculté de calibre international.

Succès aux cycles supérieurs

La Faculté de droit a su établir sa notoriété sur l'échiquier québécois en misant sur des domaines de spécialité qui lui sont propres. Certains programmes connaissent un succès éclatant : l'UdeS arrive au 1er rang pour le nombre d'étudiants à temps plein au 2e cycle, devançant d'une quarantaine le nombre d'étudiants à l'Université de Montréal.

Ces succès s'expliquent principalement par la popularité de programmes de maîtrise de type professionnel offerts dans des cheminements spécifiques. Parmi les fleurons de la Faculté, on retrouve le programme de 2e cycle en prévention et règlement des différends, et un autre en droit et politiques de la santé. Un diplôme de 2e cycle est aussi offert en common law et droit transnational. Le programme de droit avec cheminement en biotechnologie offre aussi une combinaison baccalauréat-maîtrise. Fier de ces succès, le doyen souhaite maintenant que la recherche connaisse un essor semblable.

Propulser la recherche

Quand il parle de recherche, Daniel Proulx compare sa faculté à un avion qui prend son envol. «On est sur une lancée et on a bien l'intention de poursuivre nos efforts, puisqu'on a un certain retard à rattraper dans ce secteur, dit-il. Le déploiement de la recherche a coïncidé avec l'arrivée, depuis 5 ans, d'une vingtaine de nouveaux professeurs sur les 35 que compte la Faculté. Ce renouvellement d'effectifs s'est fait à la faveur des départs à la retraite de plusieurs professeurs embauchés à la fin des années 60, et dont la tâche était moins axée sur la recherche.»

D'ici trois ans, la Faculté de droit souhaite augmenter ses effectifs à une quarantaine de professeurs. L'augmentation des activités de recherche est aussi liée à l'essor des programmes de 2e cycle offerts à la Faculté. «Les professeurs veulent enseigner au 2e cycle puisque c'est parmi les étudiants de maîtrise et de doctorat qu'ils recrutent des assistants de recherche, explique le doyen. Nous sommes donc très déterminés à développer ce secteur. Nous avons mis sur pied un programme de bourses parmi les plus généreuses au Québec pour attirer des étudiants intéressés par les cheminements de type recherche.»

Les bourses offertes à un doctorant peuvent atteindre de 20 000 $ à 25 000  $ durant sa scolarité, et de 10 000 $ à 15 000 $ pour un étudiant de maîtrise. Les cheminements de type recherche étant relativement récents à la Faculté (la maîtrise a accueilli ses premiers étudiants en 2005 et le doctorat en 2004), ces incitatifs financiers comptent parmi les outils de la Faculté de droit pour établir la notoriété de ces programmes.

Innover pour mieux déployer les programmes

Pour Daniel Proulx, innovation et consolidation vont de pair pour bonifier l'offre de programmes offerts par la Faculté de droit. Déjà, plusieurs créneaux stratégiques ont été développés et connaissent un certain succès. Dans certains cas, des ajustements sont prévus pour augmenter l'attrait de certains programmes.

«Par exemple, nous souhaitons revoir le mode et les conditions d'admission au programme de droit-MBA, explique le doyen. Le programme est très attirant aux yeux de plusieurs étudiants, mais il leur est impossible de s'inscrire à partir du cégep.» On souhaite donc modifier l'admission en s'inspirant du programme de droit avec cheminement en biotechnologie. Cet autre programme qui combine le baccalauréat et la maîtrise accueille déjà des diplômés du réseau collégial.

L'innovation passe donc par un déploiement encore plus pointu de créneaux stratégiques. Aux programmes existants qui touchent aux affaires (droit-MBA) et à la science (droit avec cheminement en biotechnologie), le doyen parle de créer un profil pénal, ainsi qu'un profil international, qui offrirait des cours réservés en priorité aux étudiants de ce cheminement. «La Faculté offre des cours de droit international, mais seuls les étudiants ayant les meilleures moyennes y ont accès, dit Daniel Proulx. Nous sommes persuadés que plusieurs étudiants souhaitent donner une couleur à leur baccalauréat en fonction de leurs intérêts personnels, ce qu'offrirait un volet international ou pénal.»

La Faculté souhaite aussi faire entrer dans le giron du régime coopératif la formation intégrée de bac-maîtrise en droit et biotechnologie.

Faire rayonner la Faculté de droit

Les efforts consentis ces dernières années pour susciter l'intérêt, la notoriété et la réputation de la Faculté de droit ont porté fruit. Mais le doyen Daniel Proulx n'a pas l'intention de s'asseoir sur ses lauriers. Mieux communiquer les succès et les innovations de la Faculté et faire connaître davantage ses activités et ses programmes comptent parmi les initiatives à maintenir et à bonifier.

«L'internationalisation de la Faculté est un autre objectif que nous poursuivons sans relâche, dit le doyen. Or, la clé pour créer des projets communs à l'échelle internationale est de créer des programmes conjoints, à l'image de la fructueuse collaboration que nous avons développé avec Montpellier.»

Le rayonnement de la Faculté passera également par une offre de formation continue appelée à une expansion importante ces prochaines années. Les ordres professionnels que sont le Barreau et la Chambre des notaires exigent désormais que leurs membres suivent 30 heures de formation continue par période de 2 ans. Ainsi, le Barreau et la Chambre des notaires ont fait appel aux universités afin qu'elles offrent des formations.

«Nous comptons préparer une offre à partir de nos forces, explique Daniel Proulx. Cela nous donne une bonne occasion de faire connaître notre faculté aux milieux professionnels. La formation continue peut également aider au recrutement de programmes de 2e et 3e cycles.»

Le doyen ajoute que cette nouvelle donne permettra également à l'UdeS de ranimer le sentiment d'appartenance de diplômés, qui auront une occasion nouvelle de reprendre contact avec leur alma mater. La Faculté s'est d'ailleurs dotée d'une agente de développement philanthropique qui verra à orchestrer une campagne de financement facultaire et à faire connaître l'UdeS au sein des donateurs potentiels que sont les entreprises et les cabinets privés. Avec le concours de La Fondation et de l'Association des diplômés de droit, la Faculté souhaite ainsi pouvoir recueillir du financement privé de manière autonome pour soutenir ses projets prioritaires, selon un modèle qui a fait ses preuves ailleurs au pays.