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Artiste en résidence

Tout au long de l’année 2024, la Faculté de droit aura le plaisir d’accueillir l’artiste Adam Basanta en résidence pour un projet portant sur l’intelligence artificielle (IA). Cette initiative s’inscrit dans le vaste Chantier IA chapeauté par Sporobole. Ainsi, l’Université de Sherbrooke et Sporobole s’associent de nouveau dans le but de poursuivre le travail de rapprochement entre la science et l’art amorcé en 2014 par le biais du programme Interface : art/science.

    Description du projet*

    « Ne vous demandez pas si l’intelligence artificielle est bonne ou juste, demandez-vous plutôt comment elle déplace le pouvoir… [nous devons exposer et critiquer] les systèmes qui concentrent le pouvoir, tout en cocréant de nouveaux systèmes avec les communautés concernées : l’IA par et pour les gens. » (Kalluri, Nature 583, 169).

    Adam Basanta souhaite développer un projet basé sur la recherche qui militarise la technologie de l’IA au service des personnes et des communautés. Bien que les technologies soient souvent exploitées par la « Big AI », l’apprentissage automatique (machine learning ou ML) offre la possibilité d’inverser cette dynamique grâce à un déploiement tactique : « des [réponses] d’opposition aux opérations stratégiques… ainsi que des vecteurs de résistance ouverts (Zeilinger, Tactial Entanglements 51) ».

    Son intention est de trouver des interstices dans le système juridique qui peuvent être stimulés en utilisant l’IA et d’autres agendas politiques progressistes. Dans cette optique, l’artiste explorera 3 axes tactiques : la détérioration des données, l’évolution du marché et la stratégie juridique. Chaque axe donnera lieu à des œuvres d’art diffusées sous forme de logiciels open source, d’écritures et de vidéos.

    La détérioration des données

    La détérioration des données inverse le paradigme de collecte de données dans lequel les données des utilisateurs entraînent les modèles d’IA. Elle propose en fait une application ciblée du « bruit » (données non utiles) pour réduire la valeur des ensembles de données collectées. Avec un logiciel personnalisé, il a l’intention de confondre des applications spécifiques de collecte de données en simulant une « entrée humaine » plausible, mais dénuée de sens. À long terme, la détérioration des données favorise les paradigmes de collecte de données rémunérés comme les unions de données.

    L’évolution du marché

    L’évolution du marché teste les effets d’un consensus simulé sur un « marché » existant. Une armée de robots automatisés rédigeant des contre-offres pour des annonces de location peut-elle réduire le prix moyen des loyers? L’apprentissage automatisé (ML) peut-il être exploité en matière de génération de textes pour favoriser un consensus sur des objectifs anticapitalistes lors de consultations publiques? Les techniques de télémarketing frauduleux peuvent-elles être utilisées pour faire avancer des programmes politiques progressistes dans une période de cynisme politique généralisé? Le gouvernement intervient-il pour combler de telles failles lorsqu’elles sont utilisées par des citoyens privés, nous protégeant par inadvertance d’une utilisation future de ces outils par les entreprises? L’artiste a l'intention de développer plusieurs études militantes contre-intuitives, en en déterminant l’agenda précis suivant la consultation de communautés spécifiques (Montréal/Sherbrooke) et de juristes. Le résultat de cet axe dirigé par la communauté augmente également l’alphabétisation de base de l’IA et l’activisme citoyen.

    La stratégie juridique

    Ses propositions se situent à la frontière entre méfait artistique et vandalisme ciblé. Pour se protéger, ainsi que ses collaborateurs, et élucider les potentiels de politique radicale dans le domaine numérique, il développera un texte en libre accès : The People’s Manual for Ai Weaponization (Le manuel du peuple pour la militarisation de l’IA). Le document, produit en collaboration avec des experts juridiques, détaillera les stratégies qui remettent en question l'esprit de la loi (mais n’enfreignent pas la lettre de la loi) afin de promouvoir une politique progressiste. Conséquemment, il fonctionnera comme une ressource communautaire pouvant être mise à jour pour les collègues. Les œuvres sont destinées à stimuler les discussions dans les cercles artistiques, juridiques et gouvernementaux.

    * Adaptation libre du projet présenté par l'artiste. 

    “Don’t ask if artificial intelligence is good or fair, ask how it shifts power… [we need to expose and critique] systems that concentrate power, while co-creating new systems with impacted communities: Ai by and for the people.” (Kalluri, Nature 583, 169).

    I want to develop a research based project which weaponizes Ai technology in the service of individuals and communities. While technologies are often leveraged by “Big Ai”, ML offers potential to invert such dynamics through tactical deployment: “oppositional [responses] to strategic operations… along open-ended vectors of resistance (Zeilinger, Tactial Entanglements 51)”.

    My intention is to find interstices in the legal system that can be agitated using Ai and further progressive political agendas. I am interested in exploring 3 tactical axes: Data-spoiling, Market-moving, and Legal strategy. Each will result in artworks disseminated as open source software, writing, and video.

    (1) Data-spoiling inverts the data-collecting paradigm in which user data trains Ai models. Data-spoiling proposes a targeted application of “noise” (non-useful data) to reduce the value of collected datasets. With custom software, I intend to confuse specific data collection applications by simulating plausible yet meaningless “human input”. Longterm, Data spoiling incentivizes remunerated data-collection paradigms such as data unions.

    (2) Market-moving tests the effects of simulated consensus on an existing “market”. Can an army of automated bots writing counter-offers for rental ads lower the average rent price? Can ML text generation be leveraged to manufacture consensus for anti-capitalist aims in moments of of public consultation? Can the techniques of telemarketing scams be used to advance progressive political agendas in a moment of wide-spread political cynicism? Does government step in to close such loopholes when used by private citizens, inadvertently protecting us from future corporate use of such tools? I intend to develop several counter-intuitive activist studies, determining the precise agenda by consulting with specific communities (Montreal/Sherbrooke) and legal scholars. The result of this community-led axis also increases basic literacy of Ai and citizen activism.

    (3) My proposals tread the line between artistic mischief and targeted vandalism. To protect myself and collaborators, and elucidate potentials of radical politics within the digital domain, I will develop an open-access text: The People’s Manual for Ai Weaponization. The document, produced in consultation with legal experts, will detail strategies which challenge the spirit of the law (but don't break the letter of the law) in order to further progressive politics. As such, it will function as a community-based updatable resource for colleagues.The works are intended to spur discussions in artistic, legal, and governmental circles.

    À propos d’Adam Basanta

    Né à Tel-Aviv, Adam Basanta a grandi à Vancouver. Il est titulaire d’un baccalauréat en composition musicale de l’Université Simon Fraser (Vancouver) et d’une maîtrise interdisciplinaire de recherche-création en beaux-arts (Université Concordia). Il vit et travaille à Montréal depuis 2010.

    Son travail a été récompensé par plusieurs prix internationaux, notamment le Japan Media Arts Prize (2016) et l’Aesthetica Art Prize (2017). En 2018, il a remporté le Prix Pierre-Ayot de l’Association des galeries d’art contemporain. La même année, ainsi qu’en 2020, Adam Basanta a figuré parmi les finalistes québécois en lice pour le Sobey Art Award. Il est actuellement représenté par la galerie Ellephant de Montréal. Ses œuvres font partie des collections institutionnelles du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée des beaux-arts de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec et de la Ville de Montréal.


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