Fin de mandat pour le doyen Pr Patrik Doucet
L'écoute et l'audace au service des réalisations
Le professeur Patrik Doucet s’est immiscé en 2013 dans le bureau du coin avec vue sur la sculpture du 3e étage, symbole de la Faculté de génie. C’est avec calme, assurance et ouverture qu’il a tenu le fort pendant huit ans comme doyen, et c’est de la même façon qu’il termine son périple.
Dès la première question, qui visait à savoir comment il se sent à un mois de la fin de son mandat, la table était mise.
J’ai vraiment beaucoup aimé mon quotidien des dernières années, assure Patrik Doucet. La complicité développée au fil des contacts avec les collègues et la communauté étudiante a été une vraie belle source de plaisir. Voir les projets se réaliser, prendre forme un à un, en a été une autre. Je dirais que je vis un mélange de nostalgie et du sentiment du devoir accompli. Dans un tel rôle, je pense qu’il faut surtout savoir s’adapter à mesure. Des opportunités s’immiscent par dizaine à travers le "planning" initial, mais c’est justement ce qui nous porte vers l’avant. Quand ils viennent à toi ces projets, c’est qu’on a déjà nos champions et nos championnes pour les porter. Il faut juste embarquer!
Ses plus proches collaborateurs utiliseraient des termes ressemblant à « audace », « loyauté » et « reconnaissance » pour souligner ses principales forces. Un excellent résumé. Tous ces yeux pétillants porteurs de projets qui se pointaient dans son bureau n’ont pas – vous l’aurez deviné – freiné le doyen. Au contraire. C’est de cette façon que sont nés plusieurs projets inédits et franchement innovants.
Accomplissements notables
Sans vouloir dresser une liste, disons quand même que les projets d’envergure se sont succédé à sa porte dans un flot continu d’audace et d’innovation. Les dernières années ont été témoin de l’érection du Studio de création – Fondation Huguette et Jean-Louis Fontaine, de la mise en place de l’Usine-école Siboire, de la gestion du processus d’agrément du Bureau canadien d'agrément des programmes de génie (BCAPG) et de l’évaluation périodique des programmes ainsi que du lancement de deux nouveaux programmes de baccalauréat. Deux. En même temps. Assez audacieux! Côté recherche, un effet structurant s’est dessiné tranquillement : on a vu arriver le Centre de mise à l’échelle dans le Parc Innovation – ACELP, le Complexe de recherche en hydrologie, hydraulique et environnement a pris place entre le Campus principal et le 3IT et le Bureau PartenR a vu le jour.
Le rayonnement de la vie étudiante est ressorti assez rapidement dans la conversation comme une autre fierté du doyen sortant :
Je suis vraiment content que l’Expo MégaGÉNIALE soit désormais une vitrine de vulgarisation et de visibilité pour les projets de fin de baccalauréat de tous nos programmes, ce qui n’était pas le cas lors de la première édition de l’événement avec la 36e promotion - la mienne! Il n’y avait alors qu’un seul programme. » Et le rituel d’engagement, qui a vu le jour en 2016, fait aussi la fierté de Pr Doucet. À son tour d’avoir les yeux qui pétillent : « On a réussi à rapprocher la Faculté du bandana, cet objet symbolique appartenant à l’Association générale étudiante en génie. En rapprochant les valeurs de la Faculté de celles de l’AGEG, on a réussi ce fait d’armes, et j’en suis vraiment très heureux. Ça représente beaucoup pour moi.
Importance de la diversité en génie
La conviction profonde du doyen de la place importante que doit occuper l’ÉDI – équité, diversité, inclusion – en ses murs a aussi contribué à faire évoluer les choses. Non seulement le Pr Doucet a remporté le Prix Égalité Thérèse-Casgrain, mais il est aussi un des instigateurs du Grand Concours de bourses postdoctorales Claire-Deschênes. Il a également vu les doyens et doyennes du Canada se redresser sur leur chaise virtuelle lors d’une rencontre en avril ou toutes et tous ont adoré l’idée du seuil de compétences dans le processus d’embauche professorale. « On a encore du travail à faire; c’est un processus important, mais le vent de changement est là. On a une excellente réponse, ça évolue, et on peut en parler beaucoup plus ouvertement maintenant. »
La seule chose qui pouvait ralentir ses projets : une pandémie
Qu’est-ce qui aurait bien pu se pointer le nez qui pouvait le faire bifurquer des projets tous bien alignés dans le temps ? Une pandémie mondiale, rien d’autre.
Impossible à prévoir dans les plans, ça c’est certain, sourit-il. Cette situation nous a demandé à mon équipe et moi une attention immédiate et constante, du jour au lendemain. La priorité a principalement été d’être à l’écoute. Les gens étaient inquiets, il fallait savoir écouter et rassurer. Ma spécialité touche justement la sécurité industrielle, l’évaluation du risque. Et ça m’a aidé à bien jauger l’équilibre entre l’écoute et l’accompagnement. Rien n’a été annulé comme tel, mais disons que certains projets ont été un brin ralentis, c’est sûr.
Ces moments qui fabriquent de solides souvenirs
Vous en connaissez beaucoup, vous, des doyens qui fabriquent en direct devant 12 000 personnes un canon afin de pouvoir démontrer l’ingéniosité du génie et lancer des confettis?
À la question à savoir quels sont les moments clés qui lui viennent à l’esprit quand on parle de souvenirs qui passeront les années : « Je suis redevable à toute la communauté facultaire, car les gens ont embarqué. Je parlais de moments pétillants, et bien, c’est ça. On se retrousse les manches, on embarque, et on fait en sorte que ça marche. Sans ça, on n’a rien. C’est dans les deux sens, et je le pense sincèrement. » La collation des grades s’est aussi invitée dans la conversation. Ses initiatives toujours plus surprenantes d’une année à l’autre lors du combat oratoire notoire entre doyens et doyennes à la collation des grades ont créé toute une compétition avec ses acolytes! Et tout le monde se demandait – dans un mélange d’excitation et d’appréhension - ce qu’il allait inventer pour l’année d’après!
Ambassadeurs, ambassadrices et doctorats d’honneur
Le Cercle des ambassadrices et ambassadeurs de la Faculté de génie a aussi tenu à le remercier pour toutes ces années de grande collaboration. On peut vouloir entretenir le lien par devoir ou bien parce qu’on y croit, auquel cas la relation devient alors plus sentie, plus sincère, plus réciproque. On devine ce que le doyen a réussi à faire. « Pour mon équipe et moi, le feedback et l’apport des ambassadeurs, ambassadrices et docteurs d’honneur de la Faculté de génie sont vraiment importants. On a développé une belle relation, une belle dynamique. On voit leur photo ici à la Faculté tous les jours; leur riche carrière en ingénierie est essentielle à notre écosystème. »
Un legs aux générations futures
Signe que le rôle de doyen va bien au-delà d’une implication individuelle et qu’il s’étend souvent à toute une famille, Patrik et sa conjointe auront également laissé une marque d’encouragement aux générations futures en transférant la propriété d’une assurance vie à la Fondation de l’Université de Sherbrooke destinée au financement du Studio de création. Un geste qui illustre magnifiquement la ferveur qui a habité le doyen tout au long de ses deux mandats et qui a notamment été reconnu à l’intérieur même du Studio de création.
La question qui tue
Et après le 31 mai, Patrik, il se passe quoi ? « Congé de développement. Ce qui m’anime encore beaucoup, c’est l’importance de mettre de l’énergie là où les projets contribueront à résoudre des problèmes de société. Ça, ça me parle : l’environnement, l’iniquité sociale, tout ce qui apporte des solutions à ces problématiques. Et j’aime beaucoup enseigner aussi. »
Mot de la fin : « J’ai encore beaucoup d’idées! »
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Patrik a été un leader rassembleur qui a su mobiliser tout le personnel de la Faculté de génie pour réaliser de grands projets, comme la construction du Studio de création et le démarrage de deux nouveaux programmes en génie. Durant son mandat, la Faculté a connu un essor remarquable en recherche et a réalisé d’importantes avancées en matière d’ÉDI. En tant que directeur de département, ce fut un privilège pour moi de travailler avec Patrik : toujours à l’écoute, à la recherche de solutions, patient, convivial, et ayant toujours les personnes étudiantes au centre de ses préoccupations.
Pr Jean Proulx, nouveau doyen (1er juin 2021)
Ce qui est admirable du passage de Patrik à titre de doyen est son esprit rassembleur et enthousiaste qui a conquis l’ensemble de la communauté facultaire, incluant les diplômées et diplômés. Grâce à l’appui du Service des relations avec les diplômées et diplômés, Patrik a reçu chaque année des centaines de diplômées et diplômés lors des activités de retrouvailles, lesquels sont venus visiter leur Faculté et renouer des liens avec leurs anciens collègues de classe. Toutes et tous gardent assurément en mémoire l’accueil chaleureux qu’ils ont reçu et l’énergie contagieuse qui se dégageait de ses présentations.
Alexandre Goulet, directeur du développement - Faculté de génie
Autant dans la création d’une glissade sur neige, l’organisation d’un méchoui ou même dans la planification d’un nouveau bâtiment, Patrik a toujours su rallier la communauté universitaire à ses projets tout en prenant soin de mettre de l’avant les besoins des personnes étudiantes. Sa vision rassembleuse, combinée à son ouverture et à sa disponibilité, ont contribué aux huit dernières années de collaboration exceptionnelle entre la Faculté et son corps étudiant.
Azfar Badaroudine, président AGEG – Hiver 2021