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Créer des ponts entre autochtones et allochtones, une initiative à la fois

La cérémonie d'accueil des étudiants autochtones a eu lieu de 25 septembre dernier.
La cérémonie d'accueil des étudiants autochtones a eu lieu de 25 septembre dernier.
Photo : Michel Caron - UdeS

Dans le but de rapprocher sa communauté facultaire des valeurs autochtones et de créer des ponts entre les communautés, la Faculté de droit organise une panoplie d’activités qui découlent d’une collaboration entre la coordonnatrice au recrutement et aux affaires autochtones et le Comité autochtone de la Faculté. Le mardi 25 septembre dernier s’est tenue la cérémonie d’accueil pour souligner l’arrivée des étudiants autochtones à la faculté, où une trentaine de personnes ont eu l’occasion d’échanger sur toutes sortes de sujets.

Ce genre d’événement n’est pas la seule initiative encourageant la communauté étudiante à s’intéresser aux peuples et enjeux autochtones. En effet, la Faculté de droit a désormais une politique favorisant l’admission des candidates et candidats autochtones. Les étudiantes et étudiants au baccalauréat ont également la chance de suivre le cours Droit des autochtones. La Faculté de droit fait donc des efforts considérables pour améliorer l’accès aux études supérieures pour les autochtones et pour rendre accessibles des cours et des activités visant à favoriser l’échange et la diversité culturelle.

La cérémonie d’accueil des étudiants autochtones

Les deux animatrices : Julie Philippe, à gauche, et Pascale O'Bomsawin, à droite.
Les deux animatrices : Julie Philippe, à gauche, et Pascale O'Bomsawin, à droite.
Photo : Michel Caron - UdeS

Animée par Me Pascale O’Bomsawin (LL.B., 1994), Abénaquise, et Me Julie Philippe (LL.B., 2003), Innue, la cérémonie a fait place à plusieurs partages et témoignages de la part de gens issus des Premières Nations et d’allochtones (personnes qui n’ont pas d’origines autochtones). Elle a commencé avec le smudging, rite traditionnel de début de cérémonie chez les autochtones. La traduction du smudging est la fumigation. Toutefois, madame O’Bomsawin n’aime pas utiliser ce terme, qui lui évoque, rapporte-t-elle avec une pointe d’humour, la fumigation contre les insectes! Pour la majorité des gens présents, c’était la première fois qu’ils avaient la chance de prendre part à cette cérémonie traditionnelle.

Le principe du smudging est de brûler l’une ou plusieurs des quatre plantes sacrées dans la tradition autochtone (le cèdre, la sauge, le tabac et le foin d’odeur) dans un coquillage ou un petit contenant représentant l’eau. Ce dernier est soutenu par un support fait de bois, qui représente la terre. La flamme représente, bien entendu, le feu, et l’air est représenté par la fumée qui émane des herbes une fois éteintes. Le smudging a pour but de purifier l’esprit, le corps et le cœur.

Parmi les gens présents, il y avait les nouveaux étudiants autochtones qui ont été admis grâce à la politique d’admission en droit pour les autochtones : Kosa Chilton, Miguel Coocoo (ainsi que sa conjointe et leurs deux enfants) et Gaston Mestenapéo-Lalo. Il y avait Bénédicte Philippe, aussi autochtone, mais admise sous la catégorie régulière, sans oublier Alexis Wawanoloath, étudiant en 3e année au baccalauréat et Abénaquis dont l’initiative avait permis la création du Comité autochtone au sein de la faculté en mars 2017. Étaient également présents les étudiants impliqués dans le Comité autochtone, des curieuses et des curieux, ainsi que des membres du personnel, dont le doyen Sébastien Lebel-Grenier, Éliane-Marie Gaulin, directrice des affaires étudiantes et secrétaire de la Faculté et Julie Philippe, coordonnatrice au recrutement et aux affaires autochtones.

Un peu plus tard durant la cérémonie, madame O’Bomsawin a présenté son bâton de parole, objet auquel elle est grandement attachée et issu de la tradition autochtone. Elle explique cet attachement en raison de l’histoire derrière ce bâton. Peu de temps après qu’elle ait annoncé à son père qu’elle avait obtenu une promotion, il lui a fabriqué le bâton de la parole. Elle a avoué être quelque peu ébranlée, ne sachant pas quoi en faire ni comment l’utiliser. Son père lui a donc dit que, maintenant qu’elle dirigeait des gens, elle devait s’assurer que toutes et tous se fassent entendre et que tout le monde soit en mesure d’écouter ce que les autres ont à dire. Elle en fait donc un devoir à toutes les fois qu’elle en a l’occasion.

Des témoignages remplis de sincérité

Pascale O'Bomsawin est directrice générale de Kina8at, un OBNL dont la mission est de permettre la guérison et la reconnexion culturelle chez les Premières Nations et de favoriser la réconciliation et le partage des cultures autochtones avec tous.
Pascale O'Bomsawin est directrice générale de Kina8at, un OBNL dont la mission est de permettre la guérison et la reconnexion culturelle chez les Premières Nations et de favoriser la réconciliation et le partage des cultures autochtones avec tous.
Photo : Michel Caron - UdeS

Beaucoup des témoignages ont été marquants, dont celui de l’animatrice, qui évoquait la place des autochtones dans les études supérieures. Une initiative telle que la politique d’admission pour les autochtones leur permet de prendre la place qui leur revient. Plusieurs étudiantes engagées dans le Comité autochtone se sont entendues pour dire qu’elles étaient déçues de ne pas avoir eu la chance de connaitre la communauté autochtone plus tôt. Elles sentent qu’elles ont beaucoup à apprendre des gens qui en font partie.

Si un sentiment a été bien partagé de tous les gens présents, c’est le grand privilège qu’ils ont eu de prendre part à un tel événement. Une ambiance sereine, des partages éloquents et un désir commun de faire tomber les barrières entre les communautés : chacun des témoignages a contribué à la beauté de l’événement.


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