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Quatrième conférence biennale sur le droit pénal

Justice, prison et continuum carcéral

Le comité scientifique : Marie Manikis, Marie-Ève Sylvestre, Julie Desrosiers, Anne-Marie Boisvert, Véronique Fortin et Marion Vannier, conférencière d'honneur. Absente de la photo : Dominique Bernier.
Le comité scientifique : Marie Manikis, Marie-Ève Sylvestre, Julie Desrosiers, Anne-Marie Boisvert, Véronique Fortin et Marion Vannier, conférencière d'honneur. Absente de la photo : Dominique Bernier.

Photo : UdeS

La Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke a eu le plaisir d’accueillir, les 4 et 5 mai derniers, la quatrième conférence biennale sur le droit pénal. C’est plus de 100 personnes qui ont pris part aux conférences et aux ateliers présentés dans le cadre de l’événement. Pilotée par un comité scientifique réunissant les professeures Dominique Bernier (UQAM), Anne-Marie Boisvert (UdeM), Julie Desrosiers (Laval), Véronique Fortin (UdeS), Marie Manikis (McGill) et Marie-Ève Sylvestre (Ottawa), la conférence avait pour objectif de jeter un regard multidisciplinaire sur les enjeux liés à la prison et au continuum carcéral.

Une situation extrêmement préoccupante

À l’intérieur des murs de la prison, la situation des personnes détenues a été plus urgente que jamais dans les dernières années, plusieurs organismes dénonçant avec vigueur des violations répétées de droits. Tout récemment encore, l’enquêteur correctionnel fédéral, Ivan Zinger, affirmait que la surreprésentation des Autochtones dans les établissements correctionnels « reste l’un des problèmes les plus urgents en matière de droits de la personne au Canada, et témoigne de l’échec des politiques publiques au fil des décennies successives ». À l’extérieur des murs de la prison, on a vu se développer des outils et techniques, que Michel Foucault qualifierait de dispositifs ayant des fonctions carcérales, visant à contrôler et restreindre les populations jugées à risque.

Photo : UdeS

Dans ce contexte, il est important de s’intéresser aux enjeux contemporains entourant l’univers carcéral, à l’intérieur et à l’extérieur des murs de la prison. Quel est l’état du droit canadien en matière carcérale? Les droits des personnes détenues sont-ils respectés dans les prisons et pénitenciers? Les alternatives à la prison sont-elles une diffusion des fonctions carcérales ou une décroissance du contrôle social? Comment s’incarne le continuum carcéral ici et ailleurs? Peut-on espérer que les réformes parviendront un jour à diminuer la surincarcération autochtone? Voilà quelques-unes des questions abordées par les conférencières et conférenciers pour contribuer à l’avancement des connaissances sur les théories, politiques, normes et pratiques carcérales.

De riches échanges interdisciplinaires

Photo : UdeS

L’objectif général du cycle de conférences biennales en droit pénal est de faire avancer les connaissances sur le droit pénal et le système de justice criminelle en réunissant des universitaires, des spécialistes du droit et des sciences sociales (criminologie, histoire, sociologie, travail social) de partout au Canada, des personnes étudiantes dans ces disciplines, des juges; des procureures et procureurs de la poursuite, des avocates et avocats de la défense ou carcéralistes, des agentes et agents correctionnels et d’autres intervenantes et intervenants communautaires en lien avec l’institution pénale.

Plus spécifiquement, la 4e édition, sous le thème « Justice, prison et continuum carcéral », visait à favoriser un échange de connaissances interdisciplinaire sur la prison et le continuum carcéral entre chercheuses et chercheurs, praticiennes et praticiens à différents stades de leur carrière, qu’elles ou ils soient étudiantes ou étudiants à la maîtrise, professeures ou professeurs titulaires, criminologues cliniciennes ou cliniciens ou nouvellement avocates ou avocats en droit carcéral. La conférence d’ouverture a lancé les échanges en abordant le pouvoir de la mobilisation de l’expérience vécue des prisonnières et prisonniers à travers leurs lettres et leurs journaux personnels, tout en se penchant sur l’éthique de la recherche avec des personnes incarcérées. Au total, 27 présentations toutes aussi enrichissantes les unes que les autres ont été offertes.

Finalement, la conférence a également permis d’honorer la mémoire de la pionnière du droit carcéral au Québec et grande défenderesse des droits des personnes détenues, Lucie Lemonde. Professeure au département des sciences juridiques de l’UQAM de 1988 à 2021, et récipiendaire d’un doctorat d’honneur de la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke en 2019, Mme Lemonde est décédée en février 2022. Elle avait contribué à l’élaboration du thème de la 4e conférence biennale et le comité scientifique a souhaité lui rendre un hommage digne de la grande juriste qu’elle a été.

Dans son mot de clôture, la professeure Véronique Fortin a tenu à souligner la qualité des échanges : « Merci à vous tous et toutes, panélistes, participantes et participants, pour des échanges tellement stimulants. L’indignation a été à son comble à plusieurs moments durant cette conférence sur l’institution carcérale; souhaitons que cette indignation soit transformatrice. » Elle a aussi applaudi la mobilisation de l’équipe facultaire ayant contribué à l’organisation et au bon déroulement de la conférence. Finalement, elle a ajouté qu’un numéro spécial bilingue de la Revue de droit de l’Université de Sherbrooke allait permettre de pérenniser les réflexions et de diffuser en libre accès les résultats de recherche à une vaste audience.