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Entretien avec Chloé Corbeil-Smith, conseillère principale aux relations et à l’engagement avec les Premiers Peuples

Et si l’on repensait l’excellence universitaire à la lumière des savoirs autochtones?

Chloé Corbeil Smith, conseillère principale aux relations et à l’engagement avec les Premiers Peuples à l'UdeS, devant l'œuvre La vapeur de Sawyer de l'artiste autochtone Ludovic Boney, située derrière le Centre sportif, au Campus principal.
Chloé Corbeil Smith, conseillère principale aux relations et à l’engagement avec les Premiers Peuples à l'UdeS, devant l'œuvre La vapeur de Sawyer de l'artiste autochtone Ludovic Boney, située derrière le Centre sportif, au Campus principal.
Photo : Michel Caron - UdeS

« L’éducation nous a mis dans ce pétrin… mais c’est l’éducation qui nous en sortira. » Tout en reconnaissant le passé, cette citation percutante de feu l’honorable Murray Sinclair, président de la Commission de vérité et réconciliation, rappelle que l'éducation peut aujourd’hui devenir un puissant levier de guérison, de réconciliation et de transformation pour les générations futures. C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’Université de Sherbrooke s’engage depuis quelques années à reconnaître et valoriser les réalités, les savoirs et les perspectives autochtones au sein de ses missions.

La nomination récente de Chloé Corbeil-Smith à titre de conseillère principale aux relations et à l’engagement avec les Premiers Peuples à l’UdeS est une manifestation tangible de cet engagement. En plus de coordonner l’ensemble des actions institutionnelles du Plan d’action pour et avec les peuples autochtones adopté par l’université en 2021 et contribuer à son rayonnement, elle soutiendra le développement de bonnes pratiques en recherche et jouera un rôle-conseil stratégique auprès de la direction dans sa volonté d’instaurer une culture de réconciliation.

Mon rôle, c’est de donner une portée institutionnelle encore plus forte à nos relations avec les Premiers Peuples, en particulier la Nation W8banaki, avec laquelle nous entretenons un lien privilégié, puisque nous vivons sur ses terres ancestrales. Il y a déjà beaucoup d’initiatives porteuses en place, et dans la continuité du plan d’action, il s’agit maintenant d’accentuer nos efforts pour bâtir une vision plus cohérente, durable et partagée à tous les niveaux.

Chloé Corbeil-Smith

Membre statuée Kanien’kehá:ka des Six Nations of the Grand River et d'ascendance mixte, Chloé Corbeil-Smith a auparavant occupé des fonctions de coordonnatrice aux affaires autochtones à la Faculté de droit et d’agente en appui à la recherche autochtone pour le Service d’appui à la recherche, à l’innovation et à la création (SARIC).

Un pouvoir et un devoir

Aux yeux de la nouvelle conseillère principale aux relations et à l’engagement avec les Premiers Peuples, les universités, par leurs missions d’enseignement, de recherche et d’engagement dans la collectivité, ont un réel pouvoir pour créer des changements significatifs au sein de la société :

Les universités forment les citoyennes et citoyens de demain, qui influenceront les décisions et assureront la suite du monde. Elles ont un devoir d’intégrer les perspectives et les savoirs autochtones, qui sont riches et essentiels, et qui ont été longtemps mis sous silence ou dévalorisés.

Pour cette dernière, prendre en considération l’existence de tous ces savoirs équivaut à offrir à l’échelle universitaire une formation encore plus riche et complète à la communauté étudiante :

Les savoirs autochtones s’appliquent partout, et c’est important de les considérer pour voir comment on peut s’en inspirer pour créer une société qui serait plus juste, qui nous permettrait d'aller plus loin qu'avec uniquement les savoirs occidentaux actuels.

De nombreuses initiatives ont cours à l'UdeS depuis quelques années pour intégrer les savoirs, réalités et perspectives autochtones, notamment dans le cadre d'activités pédagogiques.
De nombreuses initiatives ont cours à l'UdeS depuis quelques années pour intégrer les savoirs, réalités et perspectives autochtones, notamment dans le cadre d'activités pédagogiques.
Photo : Michel Caron - UdeS

Elle rappelle que ces peuples ont habité les territoires dans lesquels nous vivons depuis des millénaires. Que ce soit sur le plan de la pédagogie, de la médecine, des rapports sociaux, de l’environnement… les savoirs autochtones sont enracinés dans des temps immémoriaux et peuvent assurément nous éclairer pour enrichir notre compréhension du monde, précise-t-elle.

Beaucoup plus qu’une question d’inclusion

Chloé Corbeil-Smith ajoute que la reconnaissance des perspectives et savoirs autochtones ne relève pas simplement de la diversité ou de l’inclusion, mais plutôt d’une véritable vision de l’excellence.

L’intégration de ces savoirs dans les programmes et l’expérience universitaire pourrait ainsi apporter encore plus à la qualité et à l’excellence de la formation offerte à l’UdeS.

Une conférence intitulée Un regard autochtone sur l’éducation, l’activité physique et la santé prononcée par l'animatrice et militante autochtone Mélissa Mollen Dupuis à l'intention des étudiantes et étudiants.
Une conférence intitulée Un regard autochtone sur l’éducation, l’activité physique et la santé prononcée par l'animatrice et militante autochtone Mélissa Mollen Dupuis à l'intention des étudiantes et étudiants.
Photo : Michel Caron - UdeS

Les réalités autochtones sont présentes ici, tout près autour de nous. Si on veut élever le niveau l’excellence dans la formation, on ne peut pas les ignorer : elles enrichissent la compréhension du monde et permettent de former des personnes plus conscientes, plus complètes.

Chloé Corbeil-Smith

Si elle reconnaît qu’il y a encore beaucoup de travail à faire pour intégrer davantage les savoirs et les perspectives autochtones dans les universités, elle indique que c’est justement pour cela qu’une équipe est mise en place. Avec ses collègues Patricia-Anne Blanchet, Guy Drouin, Stéphanie Guay et Alexis Rock-Lecompte, elle travaille à appuyer et soutenir les membres de la communauté universitaire dans leur volonté de mieux prendre en compte les perspectives autochtones.

C’est normal de ne pas se sentir totalement à l’aise ou légitime pour parler des réalités autochtones. C’est justement pour ça qu’on est là, pour accompagner, offrir des ressources. L’idée, ce n’est pas d’imposer, mais de susciter l’intérêt, pour que chacun et chacune puisse, à son rythme, intégrer ces savoirs.

 Chloé Corbeil-Smith

Un guide pratique visant à faciliter les collaborations en recherche avec les Premiers Peuples est d’ailleurs en voie d’être finalisé, de concert avec le Bureau du Ndakina, de W8banaki.

Pour conclure, Chloé Corbeil-Smith partage un souhait profond : celui que les savoirs et les perspectives autochtones puissent s’intégrer naturellement à l’ensemble de la vie universitaire à l’UdeS.

Un peu comme le développement durable et la santé organisationnelle. Quand ces engagements sont portés par des valeurs profondes, ils finissent par faire partie intégrante de l’identité d’une université. Et quand c’est sincère, ça transforme tout.

Et comme le Plan d’action pour et avec les Premiers Peuples a été adopté sous l’ancienne direction et se poursuit avec la nouvelle, elle y voit le signe d’un engagement sincère et continu à faire une vraie place aux réalités, savoirs et voix autochtones au sein de l’UdeS.

Photo : Michel Caron - UdeS

À propos de la Journée nationale des peuples autochtones
Le 21 juin est une occasion de plus d'aller à la rencontre des cultures autochtones, en célébrant la Journée nationale des peuples autochtones, une journée pour reconnaître et honorer la culture, les contributions et les réalisations des peuples autochtones au pays. Cette journée nous rappelle l'importance de continuer à travailler ensemble pour édifier un avenir inclusif, équitable et respectueux de toutes les cultures autochtones.


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