Aller au contenu

La collaboration professionnelle

Un pour tous et tous pour un

Lors de la formation, les participants devaient collaborer à l'élaboration d'un plan de traitement pour deux cas cliniques. Une initiation bien concrète à la collaboration professionnelle.
Lors de la formation, les participants devaient collaborer à l'élaboration d'un plan de traitement pour deux cas cliniques. Une initiation bien concrète à la collaboration professionnelle.

Depuis peu, Mme Tremblay n’est plus la même : elle ne sort pratiquement plus de la maison, néglige son apparence et a perdu beaucoup de poids. Son fils unique habite avec elle, mais il est absent la majorité du temps et mène un train de vie qui semble être au-dessus de ses moyens. Préoccupée par l’état de santé de Mme Tremblay, une amie de la famille a demandé au CLSC une évaluation plus approfondie de la situation.

Quoi faire pour venir en aide à Mme Tremblay? Quelle est la meilleure approche pour s’assurer qu’elle reçoive les soins optimaux au bon moment et prodigués par les bonnes personnes?

Cette mise en situation a été soumise à plus de 250 étudiantes et étudiants des programmes d’ergothérapie, de physiothérapie, de sciences infirmières et de travail social (de la Faculté des lettres et sciences humaines) lors de la toute première activité de formation à la collaboration professionnelle (CP) intégrée aux curriculums et regroupant autant de programme. Organisée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé, les étudiants de médecine de 1re et 2e année ont également été invités à se joindre à cette initiative.

Collaborer à l’acquisition de nouvelles compétences

«Depuis plusieurs années, il y a une volonté facultaire d’offrir des occasions d’apprentissage sur la collaboration entre apprenants, préalablement aux stages. Nous souhaitions développer une activité qui les rejoint dans un contexte expérientiel, avec des mises en situation concrètes», explique Pre Caroline Bois, membre du comité de coordination de la Structure d’appui à la CP, le comité ayant offert du soutien à la réalisation de cette formation.

Au-delà du savoir, il y a le savoir-faire et le savoir-être, deux notions tout aussi importantes qui sont véhiculées et mises en pratique lors de cette activité. «On veut que nos futurs diplômés aient le réflexe de poser des questions, qu'ils évitent une attitude de je-sais-tout. Comment résoudre les problèmes en équipe? Comment susciter l’engagement et bénéficier de l’expertise des autres pour avoir une meilleure lecture de la situation et prendre la meilleure décision avec la personne en besoin? Voilà l’aptitude qu’ils doivent développer», précise la professeure à l'École des sciences infirmières de la FMSS.

Structure d’appui à la formation à la CP de la FMSS

La collaboration professionnelle est une préoccupation majeure de la formation des professionnels en santé. Conscient de cet enjeu, le vice-décanat au développement pédagogique et professionnel de la FMSS a créé, en 2012, la Structure d’appui à la formation à la CP. Cette structure est composée d’un comité de coordination où les programmes d’ergothérapie, de physiothérapie, de médecine et de sciences infirmières sont représentés et d’un comité de liaison élargi rejoignant différents acteurs-clés ayant le souci du développement de la collaboration professionnelle.

Collaborer à démystifier sa profession

La formule choisie pour la formation s’appuie sur un cadre théorique rigoureux. Les participants, répartis en équipes multidisciplinaires de 6 à 8 personnes, doivent produire collectivement un plan de traitement pour deux cas cliniques fictifs, dont celui de Mme Tremblay. Le défi pour les équipes est de concilier les interprétations et les opinions de leurs membres afin de proposer des pistes d’évaluation complémentaire et d’intervention. En guise de conclusion, tous les groupes sont réunis en plénière pour une mise en commun des enjeux rencontrés. Au cours de la semaine suivante, chacun poursuit cette réflexion de façon individuelle afin d’identifier ses forces comme collaborateur, de se fixer des objectifs de développement et des stratégies pour y parvenir.

«Ce type d’activité pédagogique s’inscrit dans une logique de parcours de professionnalisation adapté aux réalités du marché du travail, ajoute Pre Bois. Il est le résultat d’une réflexion et d’une mobilisation de gens passionnés, bien au fait de la réalité terrain. Tout a été construit sous l’impulsion de la pertinence dans le développement professionnel des étudiantes et étudiants.»

La pertinence de la formation ne fait aucun doute pour les participants, comme en témoigne Catherine Sharpe, étudiante de 2e année en sciences infirmières : «C’est la première fois dans notre cheminement que l’on peut faire des simulations de cas et mettre en pratique les connaissances apprises dans les cours. Nous avons toutes et tous des idées préconçues, parfois erronées, à propos des autres professions du domaine de la santé. Cette activité a permis de clarifier le rôle de chacun et d’abattre les préjugés. En apprendre davantage sur les autres professions m’aidera à devenir une infirmière plus compétente.»

Collaborer pour de meilleurs soins

Il est largement démontré dans la littérature scientifique que la qualité des soins, la sécurité des patients et la satisfaction des professionnels de la santé sont plus grandes quand il existe une collaboration. Parce qu’elle fait une différence réelle, elle devient primordiale dans nos programmes d’enseignement.

Selon Pre Bois, «les milieux de travail ayant un fort taux de rétention de leur personnel ont comme caractéristique commune de valoriser la CP. Si l’on veut bien outiller nos futurs diplômés à être à l’aise dans leur milieu de travail, il faut leur donner les occasions de développer les compétences essentielles à la collaboration.»

Collaborer : oui, mais comment?

Parallèlement à la mise sur pied de l’activité, les membres de la Structure d’appui à la CP ont bâti un outil de référence nommé les jalons du développement de la collaboration professionnelle en santé. Ce document, inspiré d’un référentiel national, a été adapté à la réalité de la FMSS et servira de base pour cultiver la CP. Il détaille cinq domaines de compétence essentiels à développer en cours de formation : travailler en collaboration, clarifier les rôles, communiquer avec d’autres, participer à la résolution de conflit et exercer un leadership collaboratif. Chacune d’elles se déploie en quatre niveaux. À terme, on souhaite que les étudiantes et étudiants en fin de parcours aient réussi à développer leur compétence dans tous ces domaines et à des niveaux élevés. Ce document sera bientôt diffusé officiellement au sein de la FMSS.

L’apprentissage en petits groupes, une initiation à la collaboration

Évidemment, les programmes de formation offrent déjà des occasions de développer les habiletés à collaborer. En médecine comme en ergothérapie, en physiothérapie et en sciences infirmières, la formation est, entre autres, donnée en équipe de six à huit personnes lors des séances d’apprentissage par problème (APP). Un contexte où les étudiantes et étudiants apprennent à gérer les différences, à animer une rencontre, etc.

Toutefois, il n’y avait jusqu’à présent que très peu d’occasions de transfert de ces compétences en situation d’interaction avec des pairs. Un manque que vient combler cette activité de formation, qui se veut une continuité logique des apprentissages réalisés à l’intérieur de leur programme.

Fort de la réussite de cette première expérience, le comité compte bien poursuivre son travail de promotion de formation à la CP et soutenir les programmes pour introduire progressivement d’autres dimensions telles que la gestion de conflits.

«Selon notre évaluation, tous les programmes montrent un déficit en matière d’occasions encadrées pour apprendre la résolution de conflits. Un constat qui est d’ailleurs le reflet de la réalité, car en clinique c’est ce qui est le plus difficile à gérer. Il faut donc mieux équiper nos étudiantes et étudiants à y faire face», conclut Pre Bois.

Chose certaine, un premier pas vers la CP est franchi avec cette formation où les participants ont appris à mettre leur compétence individuelle au service d’une équipe multidisciplinaire. En bout de ligne, ce sont les patients qui bénéficieront de l’utilisation judicieuse de ce savoir collectif.