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Équité, diversité et inclusion

Journée annuelle du programme de doctorat en médecine sur l'ÉDI

Curriculum caché, microagression, approche à double perspective, mécanismes d’exclusion : voilà quelques-unes des questions qui ont été soulevées le 22 octobre à l’occasion de la Journée du programme de doctorat en médecine organisée sous le thème Équité, diversité et inclusion (ÉDI). Quelque 90 membres du personnel enseignant, de la communauté étudiante, cadre et professionnel se sont virtuellement réunis pour dresser un bilan de l’année, apprendre des spécialistes de la question et proposer des stratégies d’action pour favoriser l’ÉDI au sein des études médicales prédoctorales.

La journée a débuté avec un bilan de l’implantation du nouveau programme, qui est arrivé à son aboutissement avec la diplomation de sa 1re cohorte. La vice-doyenne adjointe Ghislaine Houde a rappelé les événements marquants depuis 2014 et projeté les prochaines étapes, notamment le déploiement du programme en Montérégie : « Nous passons de trio à quatuor dans lequel chacun a un rôle à jouer et une voix importante », a-t-elle souligné.

Les 3 curriculums d’un programme

Saleem Razack, directeur du Bureau de la responsabilité sociale et de l’engagement communautaire de l’Institut de l’enseignement des sciences de la santé de l’Université McGill, a sensibilisé les personnes participantes à la notion de l’ÉDI dans les programmes d’études.

Il a présenté le « 3 en 1 » du curriculum d’un programme qui révèle les biais inconscients allant à l’encontre des principes de l’ÉDI. En effet, en plus du curriculum officiel, on retrouve le curriculum informel et le curriculum caché. Le curriculum informel se manifeste par la touche personnelle qu’une personne apporte à son enseignement par sa vision du monde et ses préjugés, tandis que le curriculum caché consiste en l’influence organisationnelle ou culturelle de laquelle découle la conception du curriculum et du domaine d’étude.

Il faut avoir une écoute profonde de l’autre et demeurer prêt à vivre dans l’incertitude et l’ambiguïté.

Pour illustrer le curriculum informel, le Dr Razack a cité en exemple un professeur qui enseignait la façon de déceler la cyanose chez le bébé : par la couleur bleue de l’ongle. À la question d’un étudiant qui demandait comment alors établir un diagnostic sur un bébé noir, il a répondu que c’était plus difficile, car il faudrait ajouter une étape. Or on se rend compte que ce n’est pas tant la difficulté qui était en cause mais bien la différence. En affirmant que le diagnostic est plus difficile à établir chez un bébé noir, on implique par là que la normalité est la peau blanche. Mais au delà du malaise que cette réponse peut engendrer, c’est la façon dont le diagnostic est enseigné – et même la recherche –qui doit être repensée pour éviter ces biais.

Le Pr Razack a conclu sa présentation en affirmant que nous devons faire preuve d’humilité pour remettre en question ce qui nous semble naturel de prime abord : « Il faut avoir une écoute profonde de l’autre et demeurer prêt à vivre dans l’incertitude et l’ambiguïté. »

La Pre Julie-Christine Cotton, du Département de la santé communautaire de la Faculté, mène des projets de recherche en psychoéducation et plus particulièrement en culture et santé, insertion et exclusion.
La Pre Julie-Christine Cotton, du Département de la santé communautaire de la Faculté, mène des projets de recherche en psychoéducation et plus particulièrement en culture et santé, insertion et exclusion.

L’iceberg de la culture ou les profondeurs de notre vision du monde

Julie-Christine Cotton, professeure au Département de la santé communautaire de la Faculté, a traité de la question de la culture et de la santé et de son influence sur nos comportements et préjugés. Mais pour commencer, qu’est-ce que la culture? La psychoéducatrice a défini ainsi la culture, selon le chercheur Lee Kien : « Un ensemble de comportements appris et socialement transmis, de croyances, d’institutions et tous les autres produits du travail et de la pensée humaine qui caractérise le fonctionnement d’une population particulière, d’une profession, d’une organisation ou d’une communauté. »

À l’aide d’un « iceberg de la culture », la Pre Cotton a illustré que la culture se compose de parties bien visibles, comme la langue ou la tradition culinaire, mais aussi et surtout de parties invisibles, comme la façon de voir le monde ou les valeurs. C’est dans cette partie invisible de l’iceberg que notre culture est actualisée de façon souvent inconsciente. « Plus les croyances, attitudes, valeurs et modes de pensée sont profondément ancrés, plus il est difficile de les remettre en question », a-t-elle précisé. L’approche à double perspective pourrait aider à comprendre l’intégration des formes de connaissance ou visions du monde différentes, comme celles autochtone et occidentale.

Plus les croyances, attitudes, valeurs et modes de pensée sont profondément ancrés, plus il est difficile de les remettre en question.

La conférencière a aussi nommé les diverses caractéristiques prêtant à des préjugés explicites ou implicites, dont les caractéristiques socioculturelles, le sexe et le genre, l’âge, l’ethnicité, la langue, les institutions, le mode de vie et les modalités relationnelles. La différence perçue peut déclencher des mécanismes d’exclusion qui teintent notre façon de se comporter vis-à-vis de l’autre. Des vidéos-témoignages de patientes et patients ont illustré que certains d’entre eux continuent de vivre des situations de malaise ou de microagression basées sur des préjugés à leur endroit.

Le Pr Louis Gagnon, coordonnateur du programme de doctorat en médecine au site de Saguenay, dirigeait le comité organisateur de cette journée de formation accréditée par le Centre de formation continue de la Faculté.
Le Pr Louis Gagnon, coordonnateur du programme de doctorat en médecine au site de Saguenay, dirigeait le comité organisateur de cette journée de formation accréditée par le Centre de formation continue de la Faculté.

Les personnes participantes à la journée du programme ont discuté en ateliers de solutions à apporter en vue de favoriser l’ÉDI à plusieurs niveaux, notamment en adaptant les cibles et le matériel d’apprentissage, en augmentant la diversité dans le corps enseignant et en améliorant le soutien académique. Le comité du parcours du programme de doctorat en médecine a fait de l’ÉDI l’une de ses priorités, et c’est pourquoi la direction s’engage à étudier les moyens de mettre en œuvre les actions qui ont été proposées au cours de cette journée pour faire de ce milieu d’études et de travail un endroit plus inclusif.

Cérémonie des prix de reconnaissance

La Journée du programme s’est terminée par une cérémonie annuelle de reconnaissance du personnel des Études médicales prédoctorales ainsi que des étudiantes et étudiants.

La Faculté a remis des prix Reconnaissance à quatre membres du personnel :

  • Prix Innovation : Meggie-Anne Roy, professeure et codirectrice des admissions à la diversité et à la responsabilité sociale
  • Prix César Galéano : Shane Aubé, professeur d’enseignement clinique au site de Moncton
  • Prix Qualité : Anne Bouchard, coordonnatrice du PUPSR à Saguenay
  • Prix Humanisme : Anick Delorme, coordonnatrice à l’admission et à la promotion

Quelque 40 étudiantes et étudiants ont également reçu une bourse ou un prix lors de cette cérémonie de reconnaissance : voir autre texte ci-dessous.


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