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Cérémonie d’assermentation à l’Université de Sherbrooke

De la formation à l’assermentation : portraits inspirants de quatre futures médecins

Laurence Boudreau, Laurence Désy, Camille Boileau et Cassandra Larivière
Laurence Boudreau, Laurence Désy, Camille Boileau et Cassandra Larivière

Chaque année, la cérémonie d'assermentation marque un moment fort et symbolique pour les finissants en médecine. En 2025, quatre finissantes ont été choisies pour porter la voix de leurs pairs : Cassandra Larivière (médecine interne générale), Laurence Boudreau (médecine familiale), Camille Boileau (médecine familiale) et Laurence Désy (pneumologie). À travers leur engagement, leurs valeurs humaines et la richesse de leur parcours, elles incarnent avec justesse les espoirs et les défis d'une nouvelle génération de médecins. À l'aube de cette étape charnière, elles partagent leurs réflexions, leurs inspirations et les rencontres qui ont façonné leur vocation.

Quelle spécialité avez-vous choisie et pourquoi?

Camille Boileau : J'ai choisi la médecine familiale parce que tout m'intéressait en médecine. Je cherchais une spécialité où la variété des cas, la complexité clinique et l'approche humaine se rencontrent. J'ai été attirée par la proximité avec les patients et la prise en charge de leur globalité, autant physique que mentale et sociale. C'est une pratique riche, ancrée dans le quotidien et profondément humaine.

Cassandra Larivière : J'ai choisi la médecine interne générale, spécialité peu connue du grand public, mais excessivement passionnante et diversifiée. Ce qui me stimule particulièrement dans cette spécialité est la prise en charge globale d'un patient, allant de son problème cardiaque à son insuffisance rénale en s'assurant que le traitement de son diabète est approprié. Aucune autre spécialité n'est, à mes yeux, aussi complète et gratifiante.

Laurence Désy : J'ai choisi la pneumologie pour la richesse de la relation patient, qui s'établit autant dans les moments critiques que dans le suivi à long terme. J'aime l'équilibre entre soins aigus et chroniques, et la possibilité d'intervenir concrètement, par des gestes techniques comme la bronchoscopie. C'est une spécialité en constante évolution, qui me permet d'être à la fois présente, engagée et significative dans le parcours de mes patients, jour après jour.

Parlez-moi d'une rencontre marquante dans votre parcours.

Laurence Boudreau : Je me souviendrai toujours d'une femme que j'ai rencontrée durant une semaine d'hospitalisation en soins palliatifs. Sa résilience et son regard positif sur la vie m'ont profondément marquée. Elle dégageait une immense bienveillance et voyait toujours le meilleur en chaque personne. Elle est devenue une source d'inspiration et m'a rappelé à quel point nous avons à apprendre de nos patients.

Cassandra Larivière : Le moment marquant de mon parcours en médecine est probablement ma rencontre avec un patient qui s'est d'abord faite via l'entremise d'un projet universitaire. J'ai beaucoup appris à travers les nombreux problèmes de santé de ce dernier. Au cours de ma résidence, j'ai malheureusement eu cet homme comme patient aux soins intensifs. Ce dernier y était hospitalisé depuis 3 jours et se détériorait. Lorsqu'il a su que c'était moi qui prenait la garde cette semaine-là, il m'a demandé personnellement d'arrêter ses soins et d'apaiser ses souffrances. Il m'a fait comprendre l'importance et l'intensité de la relation thérapeutique d'un médecin avec son patient. Je crois être beaucoup plus empathique et humaine grâce à lui. C'est définitivement un moment qui a marqué mon parcours et qui me suivra lors de ma pratique future.

Laurence Désy : Une expérience marquante fut l'accompagnement d'une patiente atteinte de SLA et de sa famille lors de la sédation palliative. J'ai été touchée par la confiance qu'ils nous ont accordée dans cette étape difficile. Cette expérience a renforcé mon désir de pratiquer une médecine humaine, empreinte de compassion et d'humilité, où l'écoute et la présence prennent autant de valeur que l'acte médical lui-même.

Est-ce que vous avez toujours su vers quelle spécialité vous vous dirigiez? Comment avez-vous choisi votre spécialité?

Laurence Boudreau : Pas du tout ! J'étais curieuse de tout, donc j'ai exploré plusieurs domaines en prenant des stages à option dans des disciplines variées : pédiatrie, spécialités de médecine interne, chirurgie, santé publique... et j'ai tout aimé ! Finalement, la médecine de famille s'est imposée à moi comme étant le domaine qui me permettait de toucher à tout. J'aimais aussi l'idée que ma pratique puisse évoluer à travers différents stades de ma vie.

Camille Boileau : Le choix de ma spécialité c'est fait pendant l'externat. Pendant une longue période, j'ai adoré la pédiatrie. Surprise, pendant mes stages de psychiatrie, nouveau coup de cœur. C'est seulement en arrivant dans mon stage de médecine de famille que j'y ai vu à quel point la variété des cas et la relation de confiance avec les patients sont stimulants. J'ai été épaté de la versatilité et du défi intellectuel quotidien du médecin de famille. Cela englobait toutes mes préférences et me permettait d'avoir une pratique malléable.

Laurence Désy : Non, au départ j'étais indécise. C'est en explorant plusieurs stages cliniques que la pneumologie s'est progressivement imposée : j'aimais la physiopathologie respiratoire, le raisonnement diagnostique, l'imagerie thoracique, et surtout l'équilibre entre soins aigus et suivis chroniques. La combinaison clinique-technique m'a convaincue, et l'ambiance d'équipe que j'ai retrouvée dans mes stages à Sherbrooke a renforcé ce choix. J'ai toutefois hésité jusqu'à la toute dernière minute, et il m'arrive encore parfois de me questionner — ce qui, à mes yeux, reflète l'implication sincère qu'exige un tel engagement. Cela dit, je me sens pleinement à ma place dans ce que je fais, épanouie et stimulée au quotidien. Je suis convaincue que chacun, avec le temps et l'expérience, trouve la voie qui lui ressemble et qui le fait grandir.

Quel est votre conseil à un étudiant qui doit choisir sa spécialité?

Laurence Boudreau : Essayez un peu de tout, même ce que vous pensez ne pas aimer ! On se découvre souvent là où on ne s'attend pas. Gardez l'esprit ouvert.

Et surtout, ne vous mettez pas trop de pression à choisir « la seule » spécialité parfaite. Plusieurs parcours peuvent vous rendre heureux. L'important, c'est de trouver un bon accord avec vos valeurs et votre style de vie.

Camille Boileau : Je dirais d'écouter son cœur. Il est facile de se laisser influencer, mais au fond, la médecine est une carrière de passion. Il faut se sentir bien dans ce qu'on choisit. Se projeter dans l'avenir, réfléchir à ses priorités de vie et imaginer son quotidien dans une spécialité sont de bons repères pour faire un choix éclairé.

Cassandra Larivière : De prendre le plus de stages possibles dans différentes spécialités! Même si tu crois savoir ce que tu veux faire comme spécialité, ne pas hésiter à en découvrir d'autres. J'ajouterais aussi de changer de milieu. J'ai beaucoup appris en effectuant des stages à l'extérieur de mon milieu universitaire afin de voir ce qu'il est possible de faire comme pratique à travers le Québec! Ce n'est pas parce que tu pars avec un choix en tête que ce dernier est nécessairement le bon pour toi. J'en suis la preuve! Initialement je voulais devenir pédiatre, mais je me suis vite rendu compte dans mes stages que les enfants malades me rendaient plus triste qu'autre chose et que je n'étais donc vraiment pas faite pour ça.

Laurence Désy : Expose-toi à différentes spécialités et observe où tu te sens bien, utile et stimulé. Choisis un milieu où tu pourras grandir, être toi-même et contribuer chaque jour. L'important, ce n'est pas tant la spécialité que tu choisis, mais ce que tu fais avec, ce que tu apportes autour de toi. Rappelle-toi : on ne vit pas pour travailler, on travaille pour vivre — et surtout, pour être heureux dans ce qu'on fait.