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Reprise postpandémique : 500 000$ du Fonds Nouvelles frontières en recherche

Quelles sont les retombées du déploiement de technologies de santé numérique au Mali?

Dre Sanogo Mariam Keïta (département adolescent et jeune de l’Office National de la Santé de la Reproduction) utilisant les technologies déployées à travers le projet SanDi.
Dre Sanogo Mariam Keïta (département adolescent et jeune de l’Office National de la Santé de la Reproduction) utilisant les technologies déployées à travers le projet SanDi.
Photo : Fournie

Fort des liens établis avec différents acteurs de la santé au Mali, le Centre interdisciplinaire de développement international en santé (CIDIS) de l’Université de Sherbrooke lance le projet ApproTech visant à mesurer la contribution des outils de santé numérique dans le maintien d’un système de santé performant et ce, malgré un contexte post-pandémique et de crises multiples.

Le Fonds Nouvelles frontières en recherche (FNFR) a octroyé un financement de 500 000 $ au professeur Gabriel Blouin Genest, directeur scientifique du CIDIS pour la FLSH pour la réalisation de cette étude à la fois novatrice et ancrée dans l’actualité. S’échelonnant sur deux années, le projet de recherche permettra d’évaluer :

  • l’historique de déploiement et du développement de la santé numérique et de la télémédecine au Mali;

  • les conditions d'appropriation et d’utilisation des outils de santé numérique et de télémédecine par les professionnel.le.s de la santé au Mali durant et après la crise sanitaire de COVID-19;
  • le rôle de ces technologies dans le suivi de l’état de santé de la population, l’organisation des services et l’échange d’information;
  • l'impact de ces outils sur la qualité et la continuité des services et des soins de santé primaires; et
  • les structures organisationnelles actuelles et leur adaptabilité dans la prestation des services de santé en contexte post-pandémique et de crises multiples.

Les recommandations émergeant de ce projet permettront d’accroître le niveau d’appropriation des technologies par la communauté, les professionnel.le.s de la santé et les autorités maliennes en favorisant leur résilience face aux crises.

Dr. Souleymane Sidibé, chercheur de la Faculté de Médecine et d'Odonto-Stomatologie (FMOS) à Bamako au Mali considère que les résultats de recherche promulgueront « un avantage réel pour toutes les structures de santé, particulièrement en première ligne et ce, autant pour le personnel que pour les demandeurs de soins dans les communautés ». Dr. Sidibé indique également qu’il sera pertinent de se questionner sur la possibilité de continuer une telle pratique « sans un appui permanent de la part des autorités, appui en termes de formation continue et du maintien de la qualité du plateau technique. »

Dr Souleymane Sidibé, chercheur de la FMOS
Dr Souleymane Sidibé, chercheur de la FMOS
Photo : Fournie

De plus, les résultats produits par l’étude se veulent transposables à des pays dont le contexte et les besoins sont similaires. Les projets de développement international en santé pourront alors mieux intégrer les outils de santé numérique pour répondre aux besoins des professionnel.le.s de la santé et  de la population. Ceci est conforme au Rapport de priorités internationales – Santé numérique et développement international, publié à l’automne 2022 par le CIDIS, qui formule 18 recommandations pour le déploiement futur de projets d’appui au développement international en lien avec la santé numérique.

Dans l’optique d’améliorer le fonctionnement et la résilience des structures de santé au Mali, la documentation issue de ce projet de recherche sera essentielle aux références des recherches futures, compte tenu de l’absence de données probantes sur le sujet.

Le Mali fait face à des crises diverses et répétitives auxquelles se superposent un contexte de pauvreté et de reprise post-pandémique. Par conséquent, plusieurs défis opérationnels affectent grandement les services de santé, particulièrement en zones éloignées et difficiles d’accès. Notons l’exemple concret d’une réduction des consultations en présentiel, causée par le manque de personnel et les limitations de déplacement. Les outils de télémédecine et de santé numérique telles les lunettes intelligentes et les tablettes connectées apparaissent particulièrement pertinents comme solution aux différentes contraintes vécues dans ce type de situation. Ces outils offrent notamment la possibilité à un.e professionnel.le de la santé pratiquant sur place d’être en contact avec un.e superviseur.e de la capitale disposé.e à l’accompagner en direct pendant son intervention. L’économie de temps de déplacements et l’élimination des risques qui y sont associés forment un net avantage à l’utilisation de cette technologie.

Des expertises en complémentarité

Les approches interdisciplinaires et interculturelles font la fierté du CIDIS. Dans le cadre de ce projet, les chercheurs de l’Université de Sherbrooke collaboreront avec des chercheur.euse.s malien.ne.s. Soulignons notamment la participation de Souleymane Sidibé (chercheur de la FMOS) et de Mahamane Maïga (professeur associé au département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université de Sherbrooke et directeur du projet CLEFS à Santé Monde). La direction du projet sera effectuée conjointement par Gabriel Blouin-Genest, professeur agrégé à l'École de politique appliquée (ÉPA) de l’Université de Sherbrooke, David-Martin Milot et Ann Isabelle Grégoire, tous deux médecins et professeurs de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Céline Verchère, professeure associée de l'ÉPA et responsable de l'axe Impacts, Usages et Société du Laboratoire nanotechnologies et nanosystèmes (LN2) et Tatiana Smirnova, chercheuse postdoctorale au CIDIS et au Centre Francopaix (UQAM) et chercheure associée au Sahel Research Group (Université de Floride) seront également de précieux atouts au projet, considérant leur grande expertise sociologique et anthropologique. Les compétences d’une telle équipe et de ses nombreux collaborateurs bonifient les projets de recherche comme celui-ci puisqu’elles permettent d’établir des corrélations entre la multitude des disciplines touchées (sciences politiques, gouvernance, santé publique, médecine, études de sécurité, sociologie de l’innovation, sciences et technologies, entre autres). 

Ce projet nous permettra d’avoir un regard à la fois réaliste et critique sur l’apport des technologies de santé numérique et ultimement, d’évaluer leur bénéfices pour le domaine de la santé

Pr Gabriel Blouin-Genest, directeur du projet de recherche 

Pr Gabriel Blouin-Genest, co-directeur scientifique du CIDIS et directeur du projet
Pr Gabriel Blouin-Genest, co-directeur scientifique du CIDIS et directeur du projet
Photo : Fournie

La présente étude s’appuie d’autant plus sur l’existence d’un bel historique de partenariats entre le CIDIS de l’Université de Sherbrooke et un important réseau d’acteurs terrain au Mali. La collaboration avec Santé Monde est d’une valeur inestimable. Depuis plusieurs années, le CIDIS agit de concert avec cette organisation qui a contribué de manière significative aux projets DECLIC et CLEFS. Les activités prévues dans l’élaboration de ce nouveau projet de recherche assurent une constante implication des différents intervenants en santé au Mali, tout en continuant de renforcer leur autonomie dans l’utilisation des technologies en santé. L’opportunité d’ainsi recourir à une structure éprouvée tout en y intégrant de nouvelles expertises permettra de renforcer les apports du projet dans le long terme pour les bénéficiaires des services de santé au Mali.


Des projets en synergie

Photo : Organisation Mondiale de la Santé

En 2021-2022, l’équipe du CIDIS et ses partenaires maliens ont procédé au déploiement d’outils de santé numériques alimentés par des panneaux solaires dans une vingtaine de structures de santé de première ligne pour répondre aux disruptions de services causées par la pandémie. Ce programme ambitieux, connu sous le nom du projet SanDi, fut rendu possible grâce à un financement du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD). L’initiative a ainsi offert un soutien tant aux établissements de santé qu’aux institutions gouvernementales du Mali, notamment l’Agence Nationale de Télésanté et d’Informatique Médicale (ANTIM) du Ministère de la Santé et du Développement social.

Pour plus d’information sur le projet SanDi, visionnez la capsule vidéo du projet ici.

Un autre projet d’envergure se déroule présentement au Mali. Depuis 2020, Santé Monde, le Cégep de Saint-Jérôme et le CIDIS combinent leurs efforts via le projet Communautés Locales d'Enseignement pour des Femmes et des filles en Santé (CLEFS). Par la mise en place de structures d’accueil et par la tenue de formations, les soins de santé primaires, de même que la santé sexuelle, reproductive et de genres s’en trouvent améliorés dans le pays. Dans un esprit de gestion synergique, il est avantageux d’optimiser les ressources disponibles, dont les infrastructures et le matériel. D’ailleurs, les personnes impliquées dans le projet CLEFS disposent d’une connaissance considérable du milieu. La participation de certaines d’entre elles à la mise en œuvre du nouveau projet de recherche n’en sera que bénéfique.

Référez-vous à cet article pour en apprendre davantage sur le projet CLEFS.


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