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L’action dans la communauté comme pédagogie

Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Certains vont à la rencontre de personnes pour danser, rire et chanter avec elles. D'autres classent des aliments pour une banque alimentaire. Certains brisent l'isolement de personnes âgées en les visitant. Ils le font tous bénévolement, et ce, dans le cadre d'un cours visant à mieux comprendre les déterminants de la santé. Une expérience riche qui teintera leur pratique médicale pour les années à venir.

Il y a plusieurs façons d'apprendre comment les déterminants de la santé influencent le parcours d'une personne et l'Université de Sherbrooke a choisi une façon originale de l'enseigner. Cette approche vise avant tout à enrichir la vision de la santé des personnes étudiantes en médecine.

Notre approche leur permet de voir que la santé c'est beaucoup plus que ce qui se passe à l'hôpital et que les réponses aux besoins de santé c'est beaucoup plus qu'un ''pad de prescription''.

Dr David-Martin Milot, responsable du cours l'Apprentissage par le service dans la communauté

L'expérience des étudiants : aller à la rencontre de soi et de la communauté

Les futurs médecins passent plus de 30 heures à contribuer aux activités d'un organisme communautaire au cours de leurs deux premières années de formation au doctorat. Ils ont également une série de rencontres auprès de citoyens ou familles pour constater l'influence de leur environnement sur leur santé, identifier leurs besoins et y répondre par des ressources communautaires. Puis, ils discutent de leurs expériences en classe, avec leurs collègues et des professeurs spécifiquement formés pour les accompagner dans ces réflexions. Ainsi, ils échangent leurs idées et leurs biais conscients et parfois inconscients ou implicites. C'est là que cette pédagogie avant-gardiste et unique se démarque à l'UdeS. Les étudiants passent beaucoup de temps à discuter de leurs expériences et peu à peu se sensibiliser aux enjeux des différentes communautés qui composent notre société.

Le personnel enseignant est encouragé à questionner les étudiants plutôt qu’à les corriger. Il les questionne, par exemple, à propos de leurs préjugés conscients et inconscients et il les accompagne dans leur cheminement. C’est une logique d’apprentissage qui est transformatrice.
Le personnel enseignant est encouragé à questionner les étudiants plutôt qu’à les corriger. Il les questionne, par exemple, à propos de leurs préjugés conscients et inconscients et il les accompagne dans leur cheminement. C’est une logique d’apprentissage qui est transformatrice.
Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

« Et ton avis là-dessus? Et si ce sont tes croyances ou tes limites personnelles qui t'apportent à voir les choses de cette façon? Et si cette situation arrivait en milieu rural, pourrais-tu réagir de la même façon? », entend-on dans les cours. Ces précieux échanges vont modeler la perception des personnes étudiantes face aux personnes âgées ou les personnes en situation de vulnérabilité, par exemple, les aider à faire tomber leurs barrières afin d'entrer plus facilement en relation avec la personne devant elle.

Par l'approche expérientielle du cours, les personnes étudiantes prennent conscience de leurs propres préjugés, de l'impact que cela peut avoir sur la stigmatisation d'une clientèle spécifique (personnes atteintes de handicap, personnes atteintes de problèmes de santé mentale, personnes en situation de précarité financière, etc.) et de l'importance de les reconnaître afin de pouvoir en diminuer les impacts potentiellement négatifs.

Isabelle Bradette, responsable de l'ASC à Saguenay

Ces échanges visent à mieux reconnaître l'importance de l'environnement sur la santé. Ils visent aussi à décloisonner la santé hospitalière et à sensibiliser les futurs médecins à trouver des solutions autres que cliniques. L'environnement communautaire peut apporter le soutien nécessaire pour favoriser la santé, que ce soit pour prévenir ou pour guérir. Parfois mieux que ce qui peut être offert en clinique.

C'est là que je me suis rendu vraiment compte que la santé ce n'est pas juste en clinique que ça se passe.

Jean-François Cabot, étudiant en médecine à la FMSS

Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Si les étudiants n'avaient qu'une chose à retenir de ce cours, quel serait-il?

Selon le professeur responsable de cette activité pédagogique, Dr Milot, l'ASC permet de « prendre le temps d'aller à la rencontre de soi et des communautés pour trouver des solutions alternatives. Si on ne pense que pathos, on passe à côté d'une multitude de solutions ». L'importance du maillage entre les acteurs, communautaires, de première ligne et hospitaliers prend tout son sens.

Aller à la rencontre de soi et mieux se connaître est aussi une aptitude nécessaire pour les futurs médecins. Pour Lise Duguay, co-responsable de l'ASC à Moncton et instigatrice du projet, « être médecin nécessite d'avoir des connaissances cliniques, mais aussi et surtout d'avoir des habiletés humaines et de réaliser l'importance des déterminants de la santé sur l'état de santé des personnes ». Chaque site de formation s'adapte aux besoins et aux réalités de leur milieu.

Saguenay

Les futurs médecins du Saguenay rencontrent une diversité de réalités dans le cours d'ASC. Cette immersion leur permet de mieux comprendre les enjeux de chaque groupe, développant ainsi des compétences et des outils pour interagir de manière plus efficace et empathique avec les individus qu'ils soignent.

Sherbrooke

Sherbrooke, l'équipe des études médicales prédoctorales vient tout juste d'obtenir le Certificat de reconnaissance d'actions d'ouverture à la diversité « Pour une société plus inclusive et sans discrimination » pour leur partenariat avec l'organisme le SAFRIE (soutien aux familles réfugiées et immigrantes de l'Estrie).

Montérégie

Il y a une grande collaboration avec les organismes de la Montérégie. Ils voient leur présence comme un moteur de changement dans la mentalité des médecins.

Moncton

Le recrutement des organismes est fait dans un souci du respect des besoins de l'organisme et de la capacité d'engagement des étudiants. Le jumelage étudiant-organisme est d'ailleurs fait selon les intérêts des personnes étudiantes et ce qui est recherché par l'organisme.

À propos de l'ASC

- 30 h de service auprès d'un organisme communautaire, réparties sur 3 sessions
- 25 h de discussion en classe
- 1 exercice d'observation d'une communauté dans la région du site de formation
- 4 moments de rencontre avec une personne, un couple ou une famille citoyenne partenaire

Le programme ASC est obligatoire dans le curriculum de tous les programmes prédoctoraux au Québec. L'UdeS se démarque par le nombre d'heures allouées aux discussions en classe et par son approche expérientielle et immersive.