La recherche sur la douleur chronique
Point de vue d'une chercheuse en sciences infirmières
Patricia Bourgault est infirmière de formation et professeure à l'École des sciences infirmières de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Lors de ses études au baccalauréat en sciences infirmières, elle s'est rapidement intéressée à la gestion de la douleur. Aujourd'hui chercheuse, Patricia Bourgault travaille sur le même sujet, mais plus particulièrement sur le rôle des infirmières dans le soulagement de la douleur.
«Tous les ouvrages s'entendent : l'infirmière joue un rôle central ou un rôle pivot, puisqu'elle se trouve aux côtés du patient 24 heures sur 24, dit-elle. Au courant des dernières années, mes études m'ont appris que la clé du succès ne dépend pas que d'un seul professionnel de la santé qui, à lui seul, ne peut pas faire une différence notable. La solution se trouve dans le travail d'équipe, mais surtout, dans l'interdisciplinarité.»
Selon la chercheuse, les médecins, infirmières, psychologues, physiothérapeutes et autres spécialistes doivent travailler de pair pour traiter la douleur en première, deuxième et troisième ligne pour le soulagement des patients. Patricia Bourgault souligne également que ce genre de recherche est possible grâce à la collaboration des milieux de soins, et à l'apport provenant de collègues professeurs et de cliniciens. «Sans ce partenariat, la recherche en sciences infirmières est grandement limitée», dit-elle.
En réponse à cette nouvelle méthode de travail, des experts dans le domaine de la douleur et des cliniciens de la Faculté de médecine et des sciences de la santé ont mis sur pied en 2008 un microprogramme de 2e cycle en gestion de la douleur, dont Patricia Bourgault est la directrice.
La Faculté de médecine et des sciences de la santé, via le Centre de formation continue, peut se vanter d'être la seule faculté québécoise à offrir un tel microprogramme. En tout, 30 professionnels de la santé de tous les domaines ont suivi cette formation l'année dernière.
«Nous préparons tranquillement les professionnels à répondre à la demande grandissante en gestion de la douleur, explique la chercheuse. Notre désir est que les professionnels de demain deviennent des agents de changement, en posant les bonnes questions et en effectuant les bonnes actions.»
Présentement, le programme est offert à Sherbrooke et par visioconférence à Longueuil, mais dès l'an prochain, des sites aussi loin que Sept-Îles et Québec auront accès aux cours par visioconférence.
Les gens sont de plus en plus sensibilisés au phénomène de la douleur, mais il reste du travail à effectuer. «L'important, c'est de travailler en équipe pour éliminer définitivement les idées préconçues à ce sujet», dit Patricia Bourgault. Des préjugés circulent encore aujourd'hui selon lesquels une maladie sans cause «organique» n'est pas une maladie.
«La douleur est subjective et n'est pas visible, mais doit avoir le même traitement que les maladies chroniques. Trop de gens ne reçoivent pas le soulagement adéquat. Travailler au mieux-être des personnes souffrantes doit toujours orienter à la fois notre enseignement et notre recherche», conclut-elle.