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Pour que le souvenir demeure

Il y a huit mois, ma mère a été emportée par le cancer. Je ne peux expliquer le vide que son départ a laissé en moi. J’avais cru qu’elle serait toujours là. Je m’en veux encore de ne pas avoir su profiter de sa présence et surtout, de ne pas lui avoir suffisamment dit combien je l’aime.

Dans les mois qui ont suivi sa mort, j’étais déboussolé et j’ai pleuré souvent. J’avais besoin de parler à quelqu’un, de dire combien elle me manquait. Mon père, de son côté, a été distant et très peu bavard après le décès de ma mère. Je n’ai pas osé lui en parler par crainte de le voir s’effondrer. J’ai donc adopté la même attitude détachée à son égard. Pourtant, cela me faisait souffrir encore davantage, j’avais l’impression d’être désormais seul au monde et mon silence pesait lourd sur mes épaules.

J’avais l’impression d’être désormais seul au monde et mon silence pesait lourd sur mes épaules.

À l’été, lorsque j’ai séjourné à la maison familiale, les souvenirs de temps heureux avec ma mère se sont mis à remonter sans que je puisse l’empêcher. Un soir, c'est comme si un barrage avait cédé en moi. Alors j’ai tout déballé à mon père : la tristesse, la solitude, l’impression de devenir tout d’un coup orphelin et la colère face à mon impuissance; parce que je n’ai pas pu rien y changer. Il a été surpris de voir combien j’étais encore affecté et il espérait que mon silence signifiait que j’avais réussi à passer par-dessus cette épreuve.

Au final, nous avons fait la même erreur. Croyant protéger l’autre, nous nous sommes repliés sur notre chagrin, chacun de notre côté. Mais en réalité, cela n’a réussi qu’à accentuer la peine, le sentiment de perte et la solitude.

Cette discussion nous a beaucoup soulagés et rapprochés. Notre famille est toujours vivante même si nous ne sommes plus que deux. Le souvenir de ma mère se retrouve ainsi préservé.

Eric Maheux, Johanne Bernatchez, psychologues
Service de psychologie et d’orientation


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