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C’est elle le problème!

« Ma blonde est tellement contrôlante! J’en peux plus. Je ne peux rien faire sans son autorisation sinon c’est la crise pendant une semaine.» C’est la centième fois que Luc nous parle de son « problème ». Autour de la table, c’est le silence, nous sommes tous exaspérés. Personne n’ose lui dire vraiment ce que chacun pense tout bas : « T’es pas tanné, Luc, de faire la victime? C’est toujours de la faute des autres, jamais de la tienne ».

Après un court malaise, j’ose un : « Luc, as-tu déjà pensé que tu pouvais faire partie du problème. » Le regard qu’il me lance! Je regrette déjà mes paroles… « T’es en train de me dire que c’est moi le problème alors que c’est elle qui fait tout pour me compliquer la vie. », lance-t-il furieux. Tant qu’à être du mauvais côté, je risque le tout pour le tout : « Je ne dis pas que c’est toi le problème Luc, je dis juste que c’est peut-être toi la solution. » Il semble que mon inspiration subite m’ait évité de justesse l’étiquette de la traîtresse féministe. Luc semble ramollir un peu. Je profite de cette petite porte ouverte pour continuer : « Même si c’est vrai que ta copine est parfois très contrôlante, tu parles comme si tu n’avais pas le choix de subir cela. On dirait que tu n’as aucun pouvoir sur la situation… » J’ose même un : « Quand on t’écoute parler, on croirait que c’est toujours la faute des autres, tu parles comme une… victime ». Ça y est, le morceau est lâché! Je retiens mon souffle… Heureusement, mon ami Jean vient à ma rescousse : « Peut-être que si tu assumais que tu as quelque chose à voir dans ce problème, tu pourrais faire quelque chose pour le changer plutôt que de le subir en accusant l’autre. Moi, quand j’ai admis que c’était moi qui étais incapable de dire non à mes amis, j’ai arrêté de leur reprocher d’être trop exigeants et j’ai appris à mettre mes limites. » Luc reste pensif puis marmonne un : « Ouais ». Il enchaîne ensuite sur autre chose, comme pour dire : « J’en ai eu assez pour le moment. »

Quelques semaines après, Luc nous lance un : « Je sors plus souvent ces temps-ci, ma blonde…je me suis donné la permission…» et il nous fait un petit clin d’œil comme pour dire : « Merci pour l’autre fois, ça m’a bien aidé, mais mon orgueil m’empêche de l’admettre devant vous.» Il m’a semblé ce jour-là que Luc était plus fort. Il avait le plein pouvoir sur sa vie, car il en était responsable.


Mélanie Thibault, psychologue
Service de psychologie et d’orientation


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