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On n’aurait jamais pensé cela de lui...

Il a encaissé la rupture avec sa copine sans broncher.
Nous avons parlé de sa force de caractère.

Il riait de moins en moins.
On s’est dit qu’il devenait un peu trop sérieux.

Ses blagues étaient de plus en plus lugubres.
On lui a dit qu’il devenait plate.

Il n’était jamais satisfait de ce qu’il faisait.
Nous lui avons dit qu’il était perfectionniste.

Il sortait de moins en moins.
Nous avons pensé qu’il étudiait davantage.

Il se disait souvent essoufflé par la vie.
On lui a suggéré d’en faire moins.

Il a manqué souvent des cours.
Nous avons mis cela sur le compte de la fatigue.

Il se trouvait beaucoup de défauts.
On lui a dit qu’il était trop dur avec lui-même.

Il parlait parfois de la mort comme une sorte de libération.
Nous l’avons appelé « le philosophe ».

Par moment, il était évident que ça n’allait pas pour lui.
Nous avons parlé entre nous de sa mauvaise passe.

Quand il a voulu parler de ses malheurs, on l’a invité à prendre une bière pour oublier.

Son suicide a créé une onde de choc dans notre groupe.

Nos croyances et notre peur nous ont aveuglés. Notre logique ne nous permet pas de comprendre un tel geste. La souffrance fait peur. Le suicide est tabou. Nous avons cherché à expliquer ce que l’on voyait par des raisons accessibles et rationnelles.

Pourtant… Si on avait regardé au-delà des apparences…
Si nous avions su entendre sa souffrance… Il aurait pu en être autrement…

Johanne Bernatchez, psychologue
Service de psychologie et d’orientation, 819 821-7666


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