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« Réussir » notre confinement, ou quand la pression de performance s'invite dans notre quarantaine

Je ne sais pas s'il y a d'autres personnes comme moi, mais j'ai parfois l'impression « d'échouer » mon confinement... Lorsque je regarde ce qui se passe sur les réseaux sociaux, clairement, j'ai le sentiment de ne pas être à la hauteur! Je n'arrive pas à profiter de cette période pour apprendre une nouvelle langue ou un nouvel instrument de musique. Je n'ai ni confectionné de mes petites mains maladroites un bateau de pirate pour mes enfants ni créé des supports suspendus en macramé pour mes pousses de plante araignée.

J'essaie par contre tant bien que mal de trouver un équilibre entre mes différentes obligations et mes besoins essentiels. J'essaie de retrouver quelques repères sur lesquels m'appuyer. Et vous savez quoi? La vérité, c'est que je n'y suis pas encore tout à fait arrivée. Il y a bien des jours, oui, où j'arrive à essayer une nouvelle recette un peu plus compliquée ou à aller courir dans le quartier et cela m'apporte une satisfaction énergisante, un goût précieux de liberté, un bien-être significatif. Je suis fière de moi! Mais il y a aussi des journées où j'ai l'impression que tout va un peu de travers, que mon esprit divague d'une chose à l'autre sans pouvoir s'enraciner dans aucune d'entre elles, que ma patience a pris congé pour une période indéterminée et que mon humeur passe de légèrement morose à facilement contrariée...

Ce confinement a beau être unique, inédit et historique, il ne nous extrait pas de nos enjeux personnels ou sociétaux.

Eh bien, je voulais juste vous dire que ça aussi, c'est normal. Que ce n'est pas nécessairement glorieux à partager, mais que c'est plus commun que vous ne le pensez. Ce confinement a beau être unique, inédit et historique, il ne nous extrait pas de nos enjeux personnels ou de ceux sociétaux. Mauvaise nouvelle : la pression de performance est toujours au rendez-vous! On se compare, on se juge, on se dit qu'on pourrait faire plus, qu'on pourrait faire mieux. Cette petite voix intérieure, agaçante pour certaines personnes et effrayante pour d'autres, n'est pas si facile à faire taire.

S'adapter et faire face aux changements, cela prend beaucoup d'énergie. Maintenir une efficacité au travail, terminer sa session, continuer à nourrir les relations qui nous sont chères, poursuivre nos activités sportives, garder une routine quotidienne... Donnez-vous un peu d'espace. Accordez-vous un peu de bienveillance. Laissez de la place à l'autre petite voix, celle qui parle peut-être un peu moins fort, qui doute un peu plus souvent, qui tremble même parfois, mais qui, malgré tout, croit en vous. Celle qui vous donne le droit de déposer les armes de temps en temps, celle qui sait que c'est nécessaire. Celle qui sait que vous êtes beaucoup plus que vos accomplissements. Celle qui sait que ceux-ci vous nourrissent et vous font grandir, mais qu'ils ne vous définissent pas.

Vous avez le droit de ressentir du stress, d'être en colère ou de subir des perturbations ; vous avez aussi le droit d'être calme, enthousiaste, au comble du bonheur.

En ce temps bien particulier où l'on oscille entre inquiétudes et positivisme (oui, oui, « ça va bien aller »), j'ai envie de vous dire de vous écouter. Vous avez le droit de ressentir du stress, d'être en colère ou de subir des perturbations ; vous avez aussi le droit d'être calme, enthousiaste, au comble du bonheur. Vous pouvez parfois vivre du découragement et vous pouvez parfois tirer de ce qui se passe des leçons de vie significatives pour l'avenir. Vous pouvez développer votre passion pour la cuisine thaïe ou la confection de savons et vous pouvez aussi par moment, écoutez en rafale tous les épisodes de votre série préférée dans votre salon! L'idée (le défi!), c'est de tenter de trouver un équilibre dans tout ça et d'ajuster un peu votre direction si vous constatez que vous vous polarisez d'un côté ou de l'autre. Votre besoin d'accomplissement est tout aussi important que votre besoin d'être rassuré ou de vous reposer. Mais pour savoir lequel prioriser, regardez ce qui se passe en vous et non à l'extérieur!

Pour plus d'information sur le bien-être qui peut découler du lâcher-prise et du moment présent, consultez le document Ici et maintenant.

Marilyn Houle, psychologue
Service de psychologie et d'orientation


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