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Karine Lemay, l’entrepreneuse derrière Boules d’énergie

Au-delà des apparences : la force d’aider

Karine Lemay, l'entrepreneuse derrière Boules d'énergie
Karine Lemay, l'entrepreneuse derrière Boules d'énergie

Photo : Michel Caron - UdeS

Étudier en gestion, c’est souvent aimer la performance. Et, oui, la performance plaît à Karine Lemay. Mais qui s’arrêterait là manquerait une occasion unique, celle de découvrir une entrepreneuse humaine, dotée d’une force hors du commun. Cette drive, comme la nomme l’entrepreneuse derrière les Boules d’énergie, lui vient de son « envie de sauver »… Mais sauver qui, Karine?

Je veux “sauver” mes sœurs et moi-même. Quand je vois des gens qui, par exemple, détestent leur emploi, j’ai aussi envie de les sauver. J’aimerais créer un milieu de travail agréable et valorisant.

Si la résilience de Karine appartient à son caractère, cette « mission » s’est exacerbée au moment du décès de sa mère. « Ma mère était monoparentale; on est trois sœurs… J’ai voulu agir pour prendre soin de notre famille et nous assurer une vie à la hauteur de ce qu’elle aurait souhaité. Je suis retournée aux études, parce mes petites jobines n’allaient pas suffire pour réaliser mes rêves et les leurs. » Depuis ses 19 ans, Karine accumule de l’expérience comme travailleuse autonome. Elle aide des clientes à rester en forme, conçoit des vêtements grâce à un DEP en couture… Première étape : le cégep.

Karine a commencé par un DEC en danse.
Karine a commencé par un DEC en danse.

Photo : fournie

À 27 ans, avec un DEC en danse dans sa poche, Karine épluche le catalogue des programmes universitaires… « Quand j’ai vu la concentration en entrepreneuriat offerte à l’École de gestion, j’ai sauté dessus. C’était tout ce que je voulais. Toutes mes entreprises avaient fonctionné, ou à peu près, mais c’était trop de travail. Je ne savais pas où mettre mon énergie, parce que beaucoup de connaissances me manquaient. »

De projet universitaire à entreprise enregistrée

Dans le cadre de son premier cours en entrepreneuriat, Karine et son équipe construisent le projet Boules d’énergie. L’objectif du deuxième cours? Mettre en pratique leurs stratégies et lancer l’entreprise.

Et ça a vraiment bien fonctionné. Mais c’était juste pour une session. À la fin des 4 mois, ça commençait enfin à être le “fun”! Arrêter là? Bof… Moi, je voyais venir le temps des premiers stages.

Karine compte faire ses stages à Sherbrooke, pour rester près de ses sœurs, et cheminer en entrepreneuriat. Elle se tourne d’emblée vers ses professeurs. « Je leur ai dit que je souhaitais reprendre ce projet-là et en faire mon stage. Ça leur a plu, et ils m’ont accompagnée dans les démarches. »

Pas si simples, ces démarches. « Faire son stage dans sa propre entreprise est possible à l’UdeS. Mais il faut démontrer une capacité à se verser un salaire, comme c’est un des critères : que le stage soit rémunéré. » Or les ventes, si elles sont intéressantes, ne sont pas encore assez rentables.

Avec toute sa drive, Karine se démène. Elle enregistre l’entreprise; avec l’appui  d’Olivier Désilets, gestionnaire en philantropie à l’UdeS, elle envoie des demandes de subventions et d’aide financière. « Il y avait beaucoup d’étapes à franchir et, le temps que je m’y attarde, il était trop tard pour les entrevues de stage… »

C’était mon plan A, et je n’avais pas vraiment de plan B.

Tour de force réussi : Karine reçoit, in extremis, des réponses positives. Karine sera ainsi l'une des premières étudiantes à l'UdeS à faire un stage entrepreneurial. Elle a 15 semaines pour peaufiner le concept mis sur pied, avec une équipe de pairs, pendant la session d’hiver. Mais construire, seule, une entreprise, c’est exigeant. Sa solution, elle la trouve là où elle en a toujours trouvé beaucoup : ses sœurs.

« Ma petite sœur cherchait à se lancer en affaires, mais elle avait un projet trop ambitieux pour commencer, explique Karine. Il lui aurait fallu emprunter énormément à la banque. Avec une maison et un enfant, c’était risquer beaucoup. Commencer plus petit semblait plus sage. »

Elle est pâtissière et elle a 10 ans d’expérience dans les cuisines. Elle s’appelle Sarah Lemay.

Sarah, Karine et Jessica Lemay
Sarah, Karine et Jessica Lemay

Photo : fournie

L’occasion est presque trop belle : Karine et Sarah deviennent partenaires. L’aînée, Jessica, participe aussi au projet. Son rôle touche les ressources humaines et le développement des méthodes de travail.

Et, peu à peu, avec leur vision commune et une équipe soudée, Boules d’énergie évolue. Les collations que Karine vend cachent, comme elle, de superbes trésors sur leur surface.

La richesse collective dans une boîte à biscuits

Les racines du produit sont liées… à la famille Lemay.

J’adore les biscuits. Chaque fois que j’allais chez ma mère, elle en achetait… alors qu’elle n’en mangeait pas. C’était juste pour moi. Je jasais, en sautant déjà dans la boîte à biscuits.

Facile de comprendre pourquoi les collations réconfortent Karine! Cette nourriture tant physique qu’émotionnelle se déploie encore plus pendant ses années au cégep. « J’avais une période d’examens exigeante : je me cherchais une dose de courage. C’est dur, la danse. J’ai commencé à 19 ans, à danser, et certaines de mes collègues de classe dansaient depuis leurs 4 ans. On est filmées, jugées… C’est loin de ma façon de danser; je danse pour le plaisir, pour m’exprimer. »

À la recherche d’une collation « pas trop lourde, mais pleine de nutriments », Karine aperçoit des boules d’énergie sur le comptoir du Pain voyageur. Révélation – voilà sa collation : savoureuse… et salvatrice.

Juste le nom évoque un appui… Je veux que Boules d’énergie, autant le produit que la mission, soit un coup de pouce de plus : manger et se dire “je vais être capable”.

Karine a gardé la boîte à biscuits de sa mère.
Karine a gardé la boîte à biscuits de sa mère.

Photo : fournie

La mission? Oui, Boules d’énergie propose plus que des « p’tites boulettes », explique Karine, avec un sourire. Avec les recettes de son entreprise, elle a choisi d’appuyer la relève en entrepreneuriat et la persévérance.

Inutile donc de chercher les Boules d’énergie dans un supermarché… « On veut encourager tout ce qui est petites entreprises, alors on vend seulement sur les campus, dans les épiceries de quartiers et les PME. »  C’est déjà beaucoup, mais l’entrepreneuse va plus loin.

Elle veut aider les étudiants et étudiantes de l’UdeS à faire des stages entrepreneuriaux. « Avec un financement extérieur, le stagiaire se sent plus libre, et l’employeur ne débourse rien : tout le monde se concentre sur ce qui est important. »

Le but de lancer une entreprise, c’est d’améliorer une situation, de créer un effet. Moi, j’ai bénéficié d’aide au départ – le temps est venu de redonner au suivant. Des stages 100 % entrepreneuriat, il n’y en a pratiquement pas et il faut toujours chercher du financement… Si je trace un chemin financier, je facilite ce que, moi, j’ai vécu. Ça, c’est l’idée 1.

L’idée 2 touche la persévérance, surtout scolaire : « On encourage la persévérance scolaire, mais ça pourrait être la persévérance tout court – que tous trouvent des moyens de persévérer dans ce qui les intéresse et de s’épanouir. »

Être rentrée à l’université, c’est la meilleure chose que j’ai faite. En général, l’école, c’est un bon véhicule pour se réaliser. Qui veut continuer jusqu’à l’université doit se faire offrir toutes les chances de réussir.

Pour le moment, Boules d’énergie offre des promotions sur les campus pendant les périodes d’examen, comme un coup de pouce pour le courage et le moral des troupes.

Et dire que tout a commencé grâce une boîte à biscuits… et à l’amour d’une mère.


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