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Le prix de la minceur

« Je suis forte. Je peux dominer mes pensées, mes émotions et mes besoins à ma guise. J’arrive même à contrôler les besoins de ce corps pour tendre vers la minceur que je veux atteindre. Ainsi, je serai très belle et attirante. Je serai comme ces beautés dans les magazines. La femme parfaite.

J’ai de plus en plus ces crises. Ces espèces de rage de bouffe : n’importe quoi en quantité faramineuse. Quand ça arrive, je suis comme dans un état second. La douleur physique d’un estomac surchargé me ramène à la réalité. Je ne veux pas grossir! Je veux encore être cette fille forte qui a plein contrôle sur elle. Alors il n’y a qu’une issue : rejeter de moi rapidement cette nourriture ingurgitée avant que les calories s’additionnent en ce corps.

Je ne vais pas bien. Je n’ai plus d’énergie. Je n’arrive plus à me concentrer. Mes études en souffrent. J’ai tout le temps faim. J’ai tout le temps mal. Je me déteste. Je me méprise de ne plus arriver ainsi à me contrôler. Où ai-je failli? J’ai honte de moi. Je ne veux pas qu’on le sache. Je vais demander de l’aide pour retrouver ma force d’avant.

Cela a été une longue rééducation. J’ai dû me tourner vers des ressources spécialisées. J’ai dû d’abord guérir mon corps malmené afin que je retrouve un fonctionnement physiologique normal. Il m’en restera malheureusement quelques séquelles. Il m’a fallu ensuite réapprendre à me nourrir, apprendre la sagesse des signaux de mon corps, comprendre que mon corps est le support à tout ce qui se passe à l’intérieur de moi : mes pensées, mes émotions, ma motivation, ma volonté, mais aussi ma santé et ma survie… Et surtout, j’ai dû apprendre à m’aimer, me découvrir et reconnaître mes particularités si uniques qui font ma véritable beauté. »

Johanne Bernatchez, psychologue
Service de psychologie et d’orientation


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