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Sensiblerie ou sagesse

On m’a toujours dit que j’étais trop sensible. C’est vrai que je pleure plutôt souvent. Quand je suis déçue de la tournure des événements… Quand j’ai l’impression qu’on me critique… Quand je m’impatiente un peu… Quand je crois avoir fait de la peine à quelqu’un… Devant un film un peu touchant… J’essaie de retenir mes larmes, mais ça sort tout seul. Il faut à tout prix que je règle ce problème avant d’accéder à ma vie professionnelle. Je dois arriver à me contrôler et à ne plus ressentir ces émotions qui prennent constamment le dessus sur moi.

Je me suis procuré un livre qui traite de la gestion des émotions et ce que j’y découvre est à l’inverse de ce à quoi je m’attendais. Ça ne sert à rien de vouloir taire mes émotions. En fait, cela ne fait que les amplifier. Il s’agit d’abord de les accueillir intérieurement sans les réprimer et, par la suite, chercher à saisir ce que leur présence peut me communiquer sur ce qui se passe pour moi. Une émotion est une réaction à un événement, une parole, bref à un élément extérieur qui vient provoquer cette réaction intérieure. Par conséquent, traiter mes émotions comme des messages internes plutôt que comme une calamité m’amène déjà à transcender ma réaction émotive première. D’ailleurs, j’ai compris que mes larmes fréquentes indiquent simplement que j’ai surtout développé les pleurs comme moyen d’expression pour mes émotions. J’aurais donc avantage à explorer d’autres façons de les manifester si je veux moins pleurer.

J’ai commencé à mettre tout cela en pratique. J’apprivoise petit à petit mes réactions émotives et toutes les nuances qu’elles peuvent comporter. Je pleure encore, c’est certain. Ça ne peut pas changer du jour au lendemain. Ma plus grande découverte est que c’est lorsque je ressens de la colère, de la frustration ou encore de la déception que je pleure le plus. Alors ces temps-ci, je m’exerce à oser exprimer ces émotions plus directement plutôt que de les ravaler. Et ce n’est pas aussi difficile et souffrant que ça en avait l’air au départ!

Je suis assez fière de ce que j’ai accompli jusqu’à maintenant. Moi qui me voyais comme une personne fragile et hypersensible, je me découvre plus forte que je ne le croyais. Tout cela parce que je me suis laissée être à l’écoute de la sagesse de mes émotions.

Johanne Bernatchez et Sophie Boudrias, psychologues
Service de psychologie et d’orientation


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