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Mémoire - Simon GILBERT

« Growing up strange » : des nouvelles de Joyce Marshall en traduction

Simon GILBERT

Joyce Marshall est une écrivaine anglo-québécoise, née à Montréal en 1913 et décédée à Toronto en 2005. Auteure d'environ quarante nouvelles, en plus de deux romans, elle demeure très active sur la scène littéraire canadienne entre les années 1940 et 2000. Traductrice de premier plan, elle a entre autres rendu en anglais trois oeuvres de Gabrielle Roy. Plusieurs de ses nouvelles, dont les cinq présentées ici en traduction française, sont semi-autobiographiques et portent sur son expérience d’enfant anglophone ayant grandi à Montréal et dans les Cantons de l’Est, confrontée à la langue et à la culture françaises qui lui sont étrangères. Ce contexte particulier décrit dans ces nouvelles – cet entre-deux culturel –, ainsi que les origines anglo-québécoises de l’auteure, ne peuvent que soulever des questions quant à la langue à utiliser en traduction : devrions-nous faire fi de cet ancrage culturel (manifeste) et traduire en français de référence, ou devrions nous plutôt traduire en français québécois, ce qui permettrait de mieux conserver la couleur du texte mais qui risquerait de réduire le lectorat? Laquelle de ces options rendrait le plus justice aux textes de Marshall? L’examen de l’histoire de la traduction au Canada, et de la situation complexe dans laquelle se retrouvent aujourd’hui les traducteurs québécois procure une piste de réflexion intéressante. Le style unique de Marshall pose aussi problème en traduction. En effet, comment rendre en français ces longues phrases au vocabulaire très imagé et aux nombreuses ellipses. La langue française se prête en effet moins bien, de façon générale, à ces jeux syntaxiques qu’affectionne Marshall. Il nous faut donc jongler avec le génie des deux langues et pousser la langue française vers ses limites, afin de conserver ce style qui y est pour beaucoup dans l’ambiance des nouvelles sans toutefois trop déstabiliser nos lecteurs.