Aller au contenu

« Défendre les petits et les faibles contre les grands et les forts » : les imprimés populaires oubliés et leurs lectorats (1940-1965)

Subvention CRSH – Savoir, 2024-2028.

Chercheure principale : Marie-Pier Luneau (U. de Sherbrooke)

Cochercheurs : Harold Bérubé (U. de Sherbrooke), Jean-Philippe Warren (U. Concordia)

Collaboratrice : Mélodie Simard-Houde (UQTR)

Le projet sur « les imprimés populaires oubliés » entend poursuivre les réflexions entamées dans le cadre du projet « De l'amour à 10 sous » (CRSH Savoir 2018-2023), en étendant son questionnement à des objets qui transcendent les genres littéraires et les supports médiatiques, de manière à éclairer l'ensemble de la production éditoriale populaire publiée au Québec dans l'après-guerre. En nous penchant sur le catalogue complet des 5 plus importants éditeurs populaires québécois de cette période (Éditions Police-Journal, Imprimerie Bernard, Éditions Simonnel, Éditions populaires et Éditions de Lavallée), nous cernerons l'émergence de cette presse industrielle et en analyserons les contenus, en poursuivant les 5 objectifs suivants :

1. Cartographier le fonctionnement du système éditorial populaire québécois de l'après-guerre et définir les caractéristiques matérielles des différents types d'imprimés disponibles sur le marché, eux-mêmes modulés selon les stratégies des éditeurs et leurs catalogues respectifs;

2. Dégager les spécificités de ces imprimés populaires, tant sur le plan éditorial que discursif, au moment où le Québec entre de plain-pied dans la société de consommation;

3. Dans une perspective comparatiste, à l'échelle internationale, comprendre l'émergence d'une presse francophone résolument « lowbrow », qui ne partage pas les mêmes caractéristiques que la presse s'adressant à la « culture moyenne » de type consumériste;

4. Étudier, à partir des représentations contenues dans ces imprimés, la circulation de séries de discours (fictifs ou dits « vrais », « vécus ») rattachés à différents paradigmes (par exemple : l'imperméabilité des stéréotypes de genres, la question de la « déviance » face à l'hétéronormativité, les notions de « bon » et de « mauvais » goût liées aux figures de la pauvreté et de la richesse;

5. Faire connaître à la communauté universitaire et au grand public ces imprimés oubliés, qui définissent, dans l'après-guerre, le mode de vie urbain comme lieu idéal de l'aventure, et qui consacrent, par ailleurs, les fondements d'une première véritable culture de masse produite au Québec.

Le projet sera divisé en 2 grands axes de recherche qui permettront l'atteinte de ces objectifs, et qui seront consacrés respectivement à un tableau précis du monde éditorial populaire de l'après-guerre (axe 1), puis à l'étude des formes et des discours que prennent les imaginaires de ces imprimés (axe 2). À ce jour, aucun projet de cette envergure n'a été consacré à l'étude de cette presse "low brow" (ces périodiques étaient inconnus avant leur dépôt en archives en 2019). Personne n'a, non plus, tenté de les mettre en relation avec les fascicules de romans publiés par ces mêmes éditeurs, pour cerner l'offre éditoriale globale.

Ce nouveau projet réunit une équipe de 3 co-chercheurs et d'une collaboratrice, qui travailleront étroitement, pendant 4 ans, avec 3 auxiliaires de recherche (et 1 de ces auxiliaires restera dans l'équipe pour la cinquième année).