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Mémoire - Nicholas GIGUÈRE

La collection comme vivier : réseaux réels et virtuels au sein de la collection « Les Poètes du Jour » (1963-1975) des Éditions du Jour 

Nicholas GIGUÈRE

Le mémoire de Nicholas Giguère vise à démontrer que la collection « Les Poètes du Jour » (1963-1975) des Éditions du Jour constitue un véritable vivier et qu’elle abrite des réseaux réels et virtuels, qui peuvent être décelés grâce à l’analyse des caractéristiques socioprofessionnelles des auteurs et du paratexte des oeuvres qui la composent. L’auteur dévoile les enjeux relatifs à chacun de ces types de réseaux.

En plus d’un historique des Éditions du Jour, le premier chapitre propose un rappel des parcours de Jacques Hébert, directeur des Éditions du Jour, de Gatien Lapointe et de Michel Beaulieu, qui ont joué un rôle déterminant dans l’évolution des « Poètes du Jour », ainsi que de Marcel et François Hébert, directeurs de la collection durant ses dernières années d’existence. Leur formation, leur trajectoire dans le champ littéraire québécois et surtout leurs liens avec de (futurs) auteurs de la collection sont décrits et analysés. Les toutes premières manifestations de réseaux au sein de la collection sont ainsi circonscrites.

Le deuxième chapitre est consacré à l’analyse des liens et réseaux réels proprement dits. L’examen des caractéristiques socioprofessionnelles des auteurs démontre la présence de cohortes et de générations de poètes, ou encore de réseaux réels, à l’intérieur des « Poètes du Jour ». Or, le fait de prendre part à un réseau se traduit toujours par un gain de capital (symbolique, économique, social) pour l’auteur concerné : publication chez un éditeur reconnu, obtention d’un poste au sein d’une institution, accès au réseau de relations d’un ami, notamment.

La question des liens et réseaux virtuels formés aux « Poètes du Jour » vient compléter cette étude dans le troisième et dernier chapitre. L’analyse des principaux éléments paratextuels des recueils de la collection mettra en évidence les affinités (esthétiques, voire idéologiques) et les accointances qui se tissent entre les auteurs de la collection ou encore entre les « Poètes du Jour » et d’autres poètes québécois. L’analyse des préfaces, des dédicaces, des épigraphes et de la réception critique indique que les liens et réseaux virtuels ne sont jamais neutres et remplissent une fonction particulière : défense et légitimation d’une poétique dominante dans le champ littéraire, accréditation des nouvelles écritures au détriment de celles relevant de l’arrière-garde, promotion d’un jeune poète, inscription d’une oeuvre dans une tradition littéraire établie, etc.

Cette double analyse, quantitative et qualitative, mettra en évidence que la collection « Les Poètes du Jour » est plus qu’un simple ensemble de titres : elle est en fait un véritable lieu de rencontre et de rassemblement pour de nombreux poètes, plus spécifiquement ceux de la jeune génération, qui s’y rencontrent et s’y côtoient. Plusieurs d’entre eux ont notamment étudié dans les mêmes établissements scolaires, se connaissent à leur milieu de travail ou alors convergent vers les mêmes lieux éditoriaux, ce qui facilite la formation de liens et réseaux réels aux « Poètes du Jour ». L’accumulation de différents éléments paratextuels indique la formation de liens et de réseaux virtuels, où des écritures (la « poésie du pays », le formalisme, l’écriture des femmes et la contre-culture) émergent et sont théorisées.