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Mémoire - Caroline BÉLAND

Les Éditions Mille Roches : une mission d'éditeur régional

Caroline BÉLAND

Depuis une dizaine d'années, de plus en plus de mémoires et de thèses ont porté sur l'histoire de l'édition littéraire québécoise, que ce soit par l'étude d'un type de maison d'édition (éditeurs de poésie, de littérature jeunesse, éditeurs féministes, etc.) ou d'un éditeur important d'une époque. Ce mémoire repose plutôt sur une facette peu abordée de l'édition, c'est-à-dire l'édition en région. Fondées à Saint-Jean-sur-Richelieu (Montérégie) au milieu des années soixante-dix, les Éditions Mille Roches (1976-1989) ont été déterminantes et actives dans le développement culturel du Haut-Richelieu.

Un rapide survol historique de l'édition québécoise ainsi qu'une tentative de définition d'un éditeur régional font état du récent débat sur la question de l'édition régionale puisque les études de fond sur le sujet sont quasi inexistantes. Nous rappellerons, dans le premier chapitre, que quelques maisons d'édition situées en région existaient au Québec avant la fondation de Mille Roches, mais que certaines d'entre elles ne sont pas régionales dans le sens où nous le définissons. Nous découvrirons également que Mille Roches est le premier éditeur du Haut-Richelieu à se donner une vocation régionale et que la mise sur pied de cette maison est due à trois personnes passionnées et dévouées, soit Jean-Yves Théberge, Marcel Colin et Marie Gruslin.

Dans le deuxième chapitre, nous étudierons la façon dont les Éditions Mille Roches s'organisent pour doter la région d'un éditeur crédible et capable, malgré de maigres ressources financières, de publier des livres de qualité. Nous apprendrons que la mise en place, par l'éditeur, d'un réseau local qui l'aide à fonctionner et à se faire connaître de la population lui a permis non seulement d'amorcer et de poursuivre sa mission régionale, mais également de créer un patrimoine littéraire et culturel dans le Haut-Richelieu.

Par l'étude des auteurs, des titres et de leur réception critique, le troisième chapitre nous fait prendre conscience de la vocation régionale de l'éditeur. Les auteurs de Mille Roches participent à la mission régionale de la maison et développent un sentiment d'appartenance. Par ailleurs, les livres qui abordent des sujets historiques et patrimoniaux du Haut-Richelieu sont abondants et dominent le catalogue. L'appui démontré par les critiques littéraires du Canada-français à l'égard des Éditions Mille Roches encourage la maison à persévérer dans la poursuite de son objectif. La prise de conscience, par l'hebdomadaire johannais, de la mission régionale de Mille Roches s'est effectuée de diverses façons, entre autres par la constante mention de la provenance régionale des auteurs et des sujets touchant directement la communauté du Haut-Richelieu.

Enfin, l'étude du parcours éditorial de deux auteurs qui ont publié chez Mille Roches, Jacques Boulerice et
Jean-Marie Poupart, démontre que le premier publie davantage chez des éditeurs régionaux, par souci de faire progresser sa communauté alors que le second régit son cheminement éditorial selon les commandes qui lui sont faites, par des éditeurs montréalais la plupart du temps, et selon ce qu'il a envie d'écrire. De plus, un lien est perceptible entre les lieux de publication de ces deux auteurs et les genres littéraires qu'ils pratiquent.