Retraite des baby-boomers
L'informatique pour prévenir l'Alzheimer d'entreprise
Dès 2010, les premiers départs à la retraite des baby-boomers pourraient être le signal d'un inexorable Alzheimer d'entreprise. Au Québec, ces travailleurs ont accumulé durant leur vie professionnelle plus de 60 millions d'années d'expérience. La disparition appréhendée de cet immense volume de connaissances est un enjeu vital pour la plupart des grandes sociétés qui prennent maintenant la gestion du savoir très au sérieux.
Quels sont les savoirs essentiels parmi des millions de processus d'affaire, de gestion et de traitement d'information? Comment représenter, stocker et exploiter adéquatement ces connaissances? Comment transmettre ce capital intellectuel à la génération suivante?
Représenter les connaissances des entreprises
Marc Frappier, professeur au Département d'informatique de l'Université de Sherbrooke, et Philippe Michelin, P.D.G. du cabinet de conseil français spécialisé dans les systèmes d'information BFD, ont développé et expérimenté avec succès des outils de représentation mathématique pour formaliser les connaissances des entreprises. Ces résultats viennent d'être présentés en octobre à l'International Conference on Knowledge Management and Information Sharing, au Portugal.
«Qu'est-ce qu'un prêt bancaire? Qu'est-ce qu'un service client? Qu'est-ce qu'un contrat? Ces questions sont des exemples concrets auxquels nous apportons une réponse mathématique, appuyée par une capacité de raisonnement automatisée», explique Marc Frappier.
La logique d'une mémoire d'entreprise
D'après le chercheur, l'abstraction mathématique et les opérations associées permettent une meilleure capacité de représentation et de raisonnement que les méthodes actuelles basées sur les ontologies et les logiques descriptives.
«La représentation mathématique des connaissances permet de monter des glossaires précis, exempts d'ambiguïté, et d'exploiter efficacement leur contenu par déduction, affirme le spécialiste. Ces glossaires ne sont plus de simples objets statiques, mais des objets que l'on peut interroger pour tirer des conclusions et effectuer certaines validations», ajoute Marc Frappier.
Le chercheur et ses collaborateurs ont développé un langage et un interpréteur pour mettre au point cette approche. «La méthode force un dialogue avec les entreprises pour distinguer les concepts, poser les bonnes questions et détecter ce qui ne fonctionne pas», conclut le professeur Frappier.