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Lutte biologique dans l'industrie du papier

Des biologistes de l'UdeS identifient les bactéries des papetières

La professeure Carole Beaulieu entourée d'étudiantes
La professeure Carole Beaulieu entourée d'étudiantes

Avec une eau à 40°C, des tonnes de cellulose pour se nourrir, de l'amidon et de l'azote à profusion, les usines papetières sont le paradis des bactéries. Mais pour ceux qui contrôlent la fabrication du papier, c'est un cauchemar. Des bactéries indésirables se développent un peu partout dans les cuves, les tuyaux ou certaines pièces métalliques des machines. Elles finissent par former des biofilms qui se décrochent et provoquent des casses du papier ou des taches colorées. Résultat, il faut arrêter la chaîne de fabrication pour tout nettoyer.

Alors que ces bactéries étaient jusqu'à présent mal caractérisées, la professeure Carole Beaulieu et ses collègues ont identifié la majorité des bactéries responsables des biofilms dans une papetière de l'Estrie. Ces résultats ont été publiés en juillet dans la Revue canadienne de microbiologie. Cette découverte permet à la biologiste et à son équipe de rechercher des agents de lutte biologique moins néfastes que les désinfectants chimiques à large spectre utilisés dans l'industrie.

Résultats encourageants pour la lutte biologique

«La technique d'identification moléculaire nous a permis de connaître précisément l'ADN des bactéries présentes dans la caisse d'arrivée d'eau de la papetière, explique Carole Beaulieu. Maintenant que l'on connaît les bactéries qui forment les biofilms, on peut sélectionner d'autres bactéries pour les inhiber. Nos premiers résultats en laboratoire pour mettre en œuvre cette lutte biologique sont très encourageants.»

Cette lutte biologique est inspirée des recherches que mène Carole Beaulieu pour l'agriculture au centre de recherche interinstitutionnel en amélioration végétale (centre SÈVE).

Jusqu'à présent, le manque de connaissances pousse les responsables d'usines à utiliser des biocides à large spectre pour tuer toute forme de vie dans l'eau utilisée. Mais ce remède de cheval engendre d'autres problèmes : toxicité potentielle de ces produits dans les eaux rejetées; adaptation des bactéries aux biocides; difficulté de répondre aux exigences environnementales croissantes; augmentation des coûts liés aux biocides…

Des bactéries encore inconnues

D'après Carole Beaulieu, le développement d'une alternative biologique à ces biocides exigera encore des recherches importantes. «Même si on connaît maintenant plusieurs des séquences d'ADN des bactéries présentes dans l'eau, 25 % d'entre elles ne correspondent à aucune bactérie connue. Et pour celles-ci, on ne sait pas encore comment aller les isoler», conclut la professeure Beaulieu.