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Un plan novateur pour contrer les algues bleues

Daniel Bergeron, Diplômé en Biologie et fondateur d'Aqua-Berge
Daniel Bergeron, Diplômé en Biologie et fondateur d'Aqua-Berge

Aqua-Berge a conçu un outil novateur qu'elle propose aux municipalités afin d'améliorer la gestion de leurs sols et diminuer ainsi les apports de sédiments qui augmentent les risques de voir apparaître des algues bleues

Daniel Bergeron, diplômé en biologie de l'UdeS et fondateur d'Aqua-Berge, aime faire avancer la cause environnementale, mais avec des gestes et des actions concrètes. Bien connu pour son implication dans le milieu environnemental, il a œuvré durant 10 ans à titre de président de l'Association du Grand Lac Brompton. Il a fondé son entreprise il y a 12 ans, une firme de consultants offrant principalement des conseils d'experts pour améliorer la qualité de l'eau. Daniel Bergeron sait faire preuve de patience et attendre cinq ans avant qu'une plantation stratégique puisse enfin agir comme une saine barrière de protection des eaux d'un lac.

Son entreprise offre depuis peu un plan de gestion des sols et des eaux de ruissellement aux municipalités désireuses d'adopter des mesures concrètes pour combattre les algues bleues. Aqua-Berge est ainsi en train de convaincre les municipalités, une ville à la fois.

«Nous leur proposons une approche structurée, explique Daniel Bergeron, afin de permettre de contrôler l'érosion des sols. Lorsque nous aurons réglé ce problème, nous aurons réglé en grande partie le problème des cyanobactéries.»

L'apparition des algues bleues provient de phosphore dont une grande partie est contenue dans des sédiments qui glissent trop facilement dans les lacs, par les eaux de ruissellement, lorsque la nature du sol est remaniée pendant des projets de construction pour lesquels on n'a pas mesuré l'impact sur le sol.

L'érosion des sols peut être contrôlée par des moyens techniques, comme l'installation de clôtures à sédiments ou de fossés végétalisés. Mais il faut à tout le moins que les citoyens et municipalités acceptent de recourir aux services d'experts, comme ceux de l'équipe de Daniel Bergeron, formées de biologistes et d'ingénieurs qui misent sur le génie végétal pour limiter cette érosion.

Des municipalités se sont laissé convaincre. C'est le cas d'Orford qui oblige désormais les citoyens à fournir un plan de gestion des sols et des eaux de ruissellement lors d'aménagement de travaux. Concrètement, les citoyens doivent soumettre leur plan de gestion des sols et mettre en place des mesures concrètes pour réduire l'impact de leurs travaux sur l'érosion des sols.

Des documents remis aux citoyens les informent de la marche à suivre : lors de la construction d'une résidence, par exemple, l'accès au chantier, qui devient vite une mare de boue en raison des passages fréquents de camions, doit obligatoirement être stabilisée. Les citoyens peuvent contrôler certains aspects, comme prévoir l'emplacement des amas de terre en respectant une certaine distance des cours d'eau.

Mais des mesures exigent l'aide d'experts. Daniel Bergeron souligne qu'il s'agit-là d'une étape qui s'apparente tout simplement aux démarches que les citoyens entreprennent lorsqu'ils décident d'installer une fosse septique. L'inspecteur municipal aura ensuite le mandat de vérifier si le plan de gestion des sols est bel et bien conforme.

Jusqu'ici Aqua-Berge a réussi à convaincre les municipalités de Magog, Shefford, Bromont et Lac-Brome d'adopter une réglementation qui met de l'avant son plan de gestion des sols. «Nous travaillons aussi avec des gens des Laurentides et donnons l'exemple d'Orford et des autres villes qui ont adopté un cadre réglementaire» explique Daniel Bergeron.

Actuellement, une seule réglementation pour l'ensemble des municipalités du Québec oblige les riverains à respecter une bande riveraine minimale lors de l'aménagement d'un terrain. Pour Daniel Bergeron, ce n'est pas suffisant. Il estime qu'il faudra 10 à 15 ans avant de percevoir de réelles améliorations dans les plans d'eau et une nette diminution de lacs touchés par le problème des algues bleues.

D'ici là, il souhaite convaincre plusieurs autres municipalités du Québec d'adopter le plan de gestion des sols d'Aqua-Berge.