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Professeure Julie Lane

La passion d’aider les autres à bâtir un monde meilleur

La professeure Julie Lane.
La professeure Julie Lane.
Photo : Michel Caron UdeS

À 50 ans et des poussières, Julie Lane, professeure à la Faculté d’éducation et directrice du Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale, a encore la fraicheur, l’enthousiasme et l’amour de la vie d’une enfant. À l’entendre parler de ses nombreuses passions et de ses réalisations pour le mieux-être de populations vulnérables, on croirait une petite fille racontant les cadeaux qu’elle a reçus à Noël. Le mot qui revient le plus souvent dans sa bouche : gratitude.

Gratitude envers la vie qui lui a apporté tout ce dont elle avait besoin. Gratitude envers les emplois qu’elle a occupés et qui lui ont permis d’aider des gens aux prises avec des problèmes de santé mentale, en outillant les organismes et les intervenants qui travaillent auprès d’eux. Gratitude envers les membres de son équipe, ses collègues et partenaires qui ne sont pas « dans l’ego ou la lutte de pouvoir », mais sont des « missionnaires dans l’âme » qui cherchent à trouver des solutions pour le mieux-être de certaines populations. Gratitude enfin envers l’UdeS, qui permet de faire de la recherche sur le terrain pour s’assurer que les découvertes universitaires soient appliquées par les intervenants et puissent avoir des répercussions réelles dans la vie de personnes vulnérables.

Rehausser les façons de faire des milieux de pratique

Pendant son baccalauréat en adaptation scolaire et sociale, Julie a été une étudiante sérieuse et engagée, qui a rapidement été repérée par ses professeurs. Cela malgré le fait qu’elle ait donné naissance pendant ses études à trois petites filles. « Mes professeurs m’ont proposé d’être auxiliaire de recherche, puis de poursuivre à la maîtrise, raconte-t-elle. J’ai donc entrepris une maîtrise en m’intéressant à des jeunes en difficulté qui étaient réputés agressifs. Moi, ce qui m’intéressait, c’était le côté lumineux de leur personnalité, la façon dont ils pouvaient parfois se révéler de véritables leaders. »

Révéler le côté lumineux des personnes, ne pas les enfermer dans des cases, mais leur donner les moyens de passer à travers les difficultés. C’est tout le sens du travail de professeure Lane, qui a poursuivi au doctorat dans ce but : elle s’est intéressée à l’approche d’accompagnement et aux moyens pour que les résultats de recherche soient mis en pratique, aboutissent à des politiques concrètes et améliorent les façons de faire, et que des personnes en bénéficient en bout de ligne.

Mon but était que les intervenants acquièrent de nouvelles compétences et connaissances, et qu’ensuite ils soient capables de changer les choses de façon autonome. J’ai ensuite insufflé cette approche dans plusieurs projets sur lesquels j’ai travaillé tout au long de mon chemin professionnel.

Après son doctorat, Julie Lane a été gestionnaire de projets dans le réseau de la santé et des services sociaux. « J’ai mené des projets en transfert des connaissances, afin que les connaissances issues des recherches et de l’expérience puissent influencer les pratiques. J’ai mis sur pied une équipe de courtiers de connaissances. Notre rôle était de trouver des façons pour que les travailleurs du domaine de la santé – médecins, infirmières, travailleurs sociaux, psychoéducateurs et décideurs – puissent mettre à jour leurs pratiques à la lumière des dernières découvertes faites par les chercheurs. »

C’est ainsi que le ministère de la Santé et des Services sociaux lui a demandé de piloter plusieurs projets d’envergure visant à accompagner des changements de pratiques dans l’ensemble du RSSS. Parmi ces projets, elle a piloté la Démarche d’implantation de bonnes pratiques en prévention du suicide, qui lui a valu un prix méritas Hommage en prévention du suicide de l’Association québécoise en prévention du suicide.

 C’est un des projets dont je suis la plus fière. J’ai mobilisé plusieurs partenaires ayant des forces complémentaires en vue d’implanter les meilleures pratiques à l’échelle du Québec via l’Association québécoise de prévention du suicide.

Le résultat? L’AQPS mentionnait lors de la remise du prix que cette démarche faisait « sans doute partie des initiatives qui ont contribué à la diminution des taux de suicide dans les dernières années ».

Une professeure-chercheuse sur le terrain

« Malgré mes 52 ans, je suis une nouvelle professeure à l’UdeS! s’exclame Julie. Il y a cinq ans, l’Université m’a approchée pour que j’envisage ce chemin professionnel. En tant que professeure et directrice du Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale depuis maintenant quatre années, j’utilise mon expertise en gestion de projets d’envergure en transfert des connaissances pour concevoir, adapter et évaluer des programmes aux réalités de différentes régions du Québec. En nous appuyant sur les bonnes pratiques en transfert des connaissances et dans la science d’implantation, nous mettons en place les conditions optimales pour aligner les projets sur des besoins concrets et travailler avec les gens de terrain. »

Le Centre a d’ailleurs mis sur pied le programme HORS-PISTE, qui vise à outiller les acteurs du milieu scolaire et du réseau dans la santé ainsi que les parents par rapport à la prévention de l’anxiété. Le programme permet de développer les compétences socio-émotionnelles des jeunes et adolescents (ex. : gestion du stress et des émotions, estime de soi) de la prématernelle jusqu’à l’université. Le programme HORS-PISTE bénéficie d’une généreuse subvention de l’Agence de la santé publique du Canada.

Ce programme est aussi maintenant positionné dans le nouveau plan d’action interministérielle en santé mentale au Québec afin de le rendre accessible à l'ensemble des écoles québécoises. « Une méthodologie de recherche rigoureuse nous a permis de démontrer que ce programme contribue à diminuer les symptômes liés à l’anxiété des jeunes qui y participent. On reçoit de très bons commentaires des jeunes, des parents et des enseignants. »

Encore cette semaine, un professeur de l’UdeS est venu me remercier à la fin d’un atelier que j’animais dans son département, car il a suivi avec sa conjointe une formation offerte par le programme HORS-PISTE à l’école secondaire de sa fille, et il se sent vraiment mieux outillé pour l’aider face à l’anxiété. Il m’a dit que cet atelier faisait une réelle différence dans leur vie. Ça, c’est ma paye!

Pour la énième fois, le mot gratitude revient. « Je ne croyais pas qu’il était possible d’être une professeure-chercheuse tout en travaillant aussi près des milieux de pratique, en contribuant au bien-être des populations et en influençant les politiques. J’adore ce que je fais; ce n’est pas un travail, mais une passion. Je suis vraiment sur mon X et je n’ai pas envie que ça s’arrête! » Son travail de professeure-chercheuse a d’ailleurs été reconnu par un prix du Mérite estrien en 2021 .

Des passions aussi dans la vie personnelle

Pas étonnant que Julie Lane soit également une passionnée dans sa vie personnelle. « J’ai tellement de passions que la difficulté est de trouver un équilibre dans tout ça surtout que mon travail est si passionnant et prenant! s’exclame-t-elle. J’aime passer du temps avec ma famille et mes amies, dont certaines remontent à la maternelle. J’adore découvrir d’autres peuples et cultures. Et je suis touchée par la beauté de la nature, les oiseaux et les fleurs, surtout les orchidées. » (Une magnifique orchidée orne d’ailleurs son bureau.) À cette longue liste de passions s’ajoute également le sport comme le ski hors-piste, la randonnée et le jogging, sans oublier l’art, notamment la gravure et la sculpture auxquelles elle s’adonne lorsqu’elle trouve un peu de temps.

Parmi tous ces accomplissements, sa plus grande fierté demeure ses trois grandes filles. « Je suis très fière de voir les belles personnes humaines qu’elles sont devenues, tout en étant tellement très différentes les unes des autres. »

Il faut croire que les pommes ne sont pas tombées très loin de l’arbre.


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