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Pédagogie innovante

Faire équipe avec un étudiant en situation de handicap pour sensibiliser les personnes aux environnements habilitants

La Pre Manon Guay ainsi que Félix Dion, patient partenaire, en discussion avec des membres du conseil municipal, dont Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke
La Pre Manon Guay ainsi que Félix Dion, patient partenaire, en discussion avec des membres du conseil municipal, dont Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke
Photo : UdeS - Mathieu Lanthier

Dans le cadre d’un cours sur l’adaptation de l’environnement bâti du programme d’ergothérapie, la professeure Manon Guay a demandé aux étudiantes et étudiants d’explorer les parcs de la ville de Sherbrooke dans le but de reconnaître des environnements pouvant entraver ou faciliter l’accessibilité universelle pour la population. Dans de courtes vidéos, chaque personne devait se mettre en scène afin de vulgariser comment un élément de l’environnement bâti pouvait être une barrière ou un facilitateur à l’inclusion des personnes vivant avec des difficultés motrices ou cognitives.

Un enseignement ancré dans la pratique, gage de rapprochement avec la communauté

Les étudiantes et étudiants ont par la suite présenté leurs vidéos non seulement devant leurs collègues et professeure, mais aussi à la mairesse de Sherbrooke ainsi qu’à deux conseillers municipaux soucieux d’améliorer les aménagements des parcs de la ville. S’en est suivi une période de questions et d’échanges sur les intentions du conseil municipal en matière d’accessibilité universelle. La mairesse, qui dit rêver de travailler avec des spécialistes afin de concevoir un parc parfaitement accessible, a encouragé la communauté étudiante à contacter les élus afin de mettre en place d’autres activités de sensibilisation qui s’inscrivent dans le service à la communauté.

Quand on pense nos aménagements en gardant en tête l’accessibilité, on permet à tous les Sherbrookois et toutes les Sherbrookoises de profiter des espaces publics et l’on finit par aider tout le monde.

Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

Marie Pelletier, étudiante en ergothérapie
Marie Pelletier, étudiante en ergothérapie
Photo : UdeS - Mathieu Lanthier

Les personnes étudiantes présentes étaient enchantées de voir que leurs projets pouvaient avoir un réel impact. « L’activité nous permet d’aiguiser notre œil sur le terrain en vue de notre future pratique. C’est intéressant, puisque nous pouvons observer la réalité dans la communauté. Cela nous permet de voir que nous pouvons éventuellement avoir un impact, et possiblement faire changer les choses », explique Marie Pelletier, étudiante de 3e année au programme d’ergothérapie. D’ailleurs, à la suite de la rencontre, des actions ont déjà été entreprises pour certains parcs, notamment peinturer les bandes d’une patinoire, point qui avait été soulevé par un groupe étudiant. Les élus ont manifesté leur intérêt d’aller plus loin dans cet échange, l’édition 2023 de cette activité sera encore plus collaborative.

Coconstruire une activité pédagogique avec un étudiant en situation de handicap

Cette activité pédagogique pour soutenir la prise de conscience des inégalités dans notre société a été coconstruite avec Félix Dion, un étudiant en situation de handicap et patient partenaire. Fondée sur la réciprocité, l’initiative patient partenaire permet de réunir des personnes concernées par un même enjeu afin de créer un échange. Ce mode de collaboration facilite une compréhension commune enrichie et valorise la complémentarité et la diversité des savoirs. Ce témoignage a contribué à développer le regard critique des étudiantes et étudiants sur les éléments de l’environnement bâti modifiables.

Cette expérience de collaboration a permis à ce que l’enjeu de l’accessibilité devienne dynamique en mélangeant mon vécu et leur savoir. Ce genre d’atelier, dans le contexte d’un cours, fournit une belle nuance aux futurs ergothérapeutes qui y participent. En ce sens, j’espère que cette pratique deviendra de plus en plus courante dans le milieu de formation universitaire.

Félix Dion, étudiant au baccalauréat multi et patient partenaire

Félix Dion discute avec des étudiantes.
Félix Dion discute avec des étudiantes.
Photo : UdeS - Mathieu Lanthier

Pour Manon Guay, « les empreintes émotives sont beaucoup plus porteuses d’apprentissages, on s’adresse alors au cœur plutôt qu’au cognitif, cela favorise la rétention de l’information et le lien se fait instantanément entre la théorie et la pratique ».

Il s’agit d’un bel exemple des méthodes pédagogiques innovantes et ancrées dans la pratique qui s’exercent à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. C’est aussi l’occasion de sensibiliser la communauté étudiante à la responsabilité sociale en santé ainsi qu’aux principes de l’EDI (équité, diversité et inclusion).

À propos de Manon Guay
Manon Guay est ergothérapeute, professeure agrégée à l’École de réadaptation de la
Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie ‐ CHUS.