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Carnets de voyage

Tous les sens en éveil au Mexique

Boca de serpiente : ruines de Chicana, Mexique
Boca de serpiente : ruines de Chicana, Mexique
Photo : fournie

Sabrina Plante, étudiante à la maîtrise en biologie avec cheminement en recherche en écologie, est présentement au Mexique où elle poursuit ses recherches sur le terrain au sujet des singes hurleurs noirs, dont nous avons traité dans un article en février. Elle nous décrit ici son quotidien au village de Zoh Laguna, où tous ses sens sont sollicités, avec des vues magnifiques, des mets très relevés et une ambiance sonore qui offre peu de répit.

Singes hurleurs noirs
Singes hurleurs noirs
Photo : fournie

Je suis revenue au Mexique il y a presque trois semaines déjà pour terminer mon travail de terrain relié à mon projet de maîtrise. Pourquoi le Mexique? Eh bien parce qu’on y trouve les singes hurleurs, sujet de ma thèse. J’ai la chance de travailler sur un site exceptionnel, soit celui de la Réserve de la Biosphère de Calakmul.

Calakmul était l’une des plus grandes cités mayas, et aujourd’hui, le site a été aménagé pour que les touristes puissent observer la splendeur des ruines ayant survécu. Rien à voir avec mon bureau de l’université! Mais malgré que le site soit enchanteur, le travail n’a rien d’une visite touristique.

Tarentule
Tarentule
Photo : fournie

Je dois suivre les singes dans leurs déplacements, que ce soit le long d’un sentier ou en plein milieu de la jungle mexicaine. Je dois donc cohabiter avec les tiques, les moustiques et les acariens, qui se font un festin de ma peau. Je suis tellement piquée que je me réveille la nuit en me grattant! Il faut aussi garder en tête que la jungle mexicaine abrite des serpents à sonnette, des serpents corail, des tarentules et des scorpions : je dois rester alerte!

Après quelques jours de terrain, épuisée, je rentre avec mon équipe à la maison de campagne de Zoh Laguna, petit village coloré et animé à deux heures de route de la réserve.

Un chez soi très différent

La maison où loge l'équipe de Sabrina Plante à Zoh Laguna
La maison où loge l'équipe de Sabrina Plante à Zoh Laguna
Photo : fournie

À Zoh Laguna, on se sent chez soi, malgré que tout ce qui m’entoure soit très différent de la réalité québécoise. Il y a de l’électricité et de l’eau, qui arrive deux à trois fois par semaine du petit étang en bordure du village. Toutefois, il n’y a pas d’eau chaude et la douche n'offre qu'un mince filet. Ici, pas de téléphone, pas de signal pour les cellulaires et encore moins une connexion Internet. Mais j’ai l’essentiel : un toit, un lit et un frigo!

Et la routine de Zoh Laguna me plaît bien. Tôt le matin, le voisin part avec sa machette et son baluchon pour aller récolter la chicle, cette gomme extraite d’un arbre appelé le zapote, et qui servait anciennement à la fabrication de la gomme à mâcher.

Les chiens, les coqs et la musique des voisines!

La rue où est située la maison de l'équipe de chercheurs
La rue où est située la maison de l'équipe de chercheurs
Photo : fournie

Après le départ de mon voisin, le village se réveille peu à peu, les enfants se dirigent vers l’école, qui débute vers 7 h. Ensuite, les dames se mettent aux tâches ménagères en ne ménageant pas leur système de son. Il est alors impossible de dormir une petite heure de plus! La journée commence donc au son des rythmes mexicains commerciaux.

Je travaille à compiler les données récoltées sur le terrain, je vais faire les courses ici et là, dans les petites tiendas du village et de la ville voisine, je lave mes vêtements, j’envoie des nouvelles à nos proches et j’essaie de me reposer, malgré les coqs, les chiens et les voisins bruyants!

Les voisins, Manuel et Gordo
Les voisins, Manuel et Gordo
Photo : fournie

L’école termine tôt dans l’après-midi et on entend les enfants jouer et crier dans la rue. Mes deux jeunes voisins, Gordo et Manuel, en profitent pour venir me faire le brin de jasette. Ils adorent mes jumelles et peuvent passer une heure à regarder tout ce qu’il y a dans la ruelle. Ils adorent aussi la jeep. Ils s’y assoient et me posent des tonnes de questions. Ils courent après les chiens; seulement dans la rue, il doit y en avoir une vingtaine. Je n’aurais pas peur de me tromper en avançant qu’il y a un chien pour trois habitants dans le village. Même chose pour les poules et les coqs, qui se promènent librement dans le village.

Muy piquante!

Figuier étrangleur dans la jungle mexicaine
Figuier étrangleur dans la jungle mexicaine
Photo : fournie

Il est vrai que les Mexicains aiment manger épicé. Il y a toujours un ingrédient pour mettre du piquant dans leurs recettes : piments jalapenos ou habaneros, sauce chili piquante ou extra piquante, etc. La plupart des plats s’accompagnent de tortillas. Dans presque toutes les tiendas, on trouve une glacière avec des kilos ou des demi-kilos de tortillas frais du jour et encore chauds. Et que fait un Mexicain en camping avec trois Québécois qui ne cuisinent pas particulièrement épicé? Et bien, il croque carrément dans un chile cru!

Assistance routière aléatoire

Une maison de Zoh Laguna
Une maison de Zoh Laguna
Photo : fournie

Travailler à l’étranger apporte son lot d’imprévus et la gestion de problèmes doit indéniablement se faire de façon différente. Une simple crevaison peut prendre une journée entière pour être réparée. La pile de la voiture déchargée et me voilà à faire du pouce à la recherche du mécanicien du village le plus proche. C’est toujours plus long et plus compliqué qu’on l’aurait cru. Toutefois, les coûts de réparation sont loin d’approcher ceux du Québec! Mais les Mexicains sont sympathiques et toujours prêts à aider.

Histoire et nature

Pour me changer les idées, j’en profite pour visiter un peu. L’État du Campeche, celui dans lequel je me trouve, regorge de ruines mayas. Entre autre, celles de Becan, qui impressionnent par leur style architectural, et celles de Chicana, par leur structure représentant la bouche d’un serpent.

Baie de Chetumal
Baie de Chetumal
Photo : fournie

J’ai aussi eu la chance d’aller me promener en bateau dans la baie de Chetumal, capitale de l’État du Quintana Roo, sur la côte Atlantique, à la frontière du Belize. Bien que j’y fusse dans le but d’observer des lamantins, qui ne se sont finalement jamais présentés, j’ai eu la chance d’apercevoir des pélicans en train de pêcher, une tortue, une raie et un dauphin.

L’automne dernier, j’ai aussi eu la chance de prendre quelques jours de congé dans la ville de San Cristobal de las Casas, dans l’État du Chiapas. La ville est encerclée par les montagnes et se trouve à une altitude de près de 2000 m. Il y fait froid, et les locaux sont habillés en conséquence, entre autres la jupe en laine de chèvre pour les dames. San Cristobal m’a vraiment impressionnée par ses couleurs et son relief, son marché bon marché et son architecture.

Mais je sais que le Mexique, c’est plus qu’une ville dans les montagnes, que quelques sites archéologiques, qu’un village perdu dans le temps et que des tortillas. J’espère avoir le temps d’en découvrir encore plus!


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