15 octobre - Journée mondiale contre la douleur
Reprendre pied, même dans la douleur
On marche. Une seconde d’inattention. On perd pied. Mais - ouf! - on réussit à reprendre la marche sans trop de dommages. Selon l’OMS, même si elles n’entraînent pas la mort, près de 37,3 millions de chutes sont suffisamment graves pour nécessiter des soins médicaux chaque année. Les chutes chez les aînés entraînent des coûts de 3,4 milliards de dollars par année aux Canadiens. La douleur est également une problématique fréquente, qui touche les individus à un moment ou l’autre de leur vie. Tout comme les chutes, la prévalence de la douleur augmente de façon importante avec l’âge, et on estime qu’un individu âgé sur deux souffre de douleurs persistantes.
Les chutes et la douleur s’étudient principalement séparément en ce moment dans les milieux de la recherche. Et si on étudiait leur interaction pour connaître l’impact de la douleur sur les chutes et ainsi, potentiellement, mieux prévenir les chutes? La douleur et le site de la douleur ont-ils un effet sur le rétablissement de l’équilibre à la limite du possible? Un traitement en yoga pourrait-il faire diminuer la douleur et améliorer le rétablissement de l’équilibre ? Evelyne Carbonneau, étudiante au doctorat en génie mécanique, aura peut-être les réponses à ces questions dans un avenir rapproché. Sujet qui tombe (!) à point : le 15 octobre est la Journée mondiale contre la douleur et «novembre» est le Mois de la prévention des chutes.
« Mon projet de recherche touche effectivement ces éléments en lien avec la thématique de la douleur, nous confirme Evelyne. L’idée générale de mon projet, c’est de mieux comprendre l’effet de la douleur sur le rétablissement de l’équilibre, à la limite du possible, c’est-à-dire au moment où la chute est inévitable. Rares sont les recherches qui se sont rendues jusqu’à ce point. »
Créer une douleur artificielle pour la recherche
Sous la direction des professeurs Cécile Smeesters, en génie mécanique, et Guillaume Léonard, de l’École de réadaptation, Evelyne en est à sa deuxième année de doctorat. « Mon projet principal se déroule en deux parties, explique-t-elle. La première partie expérimentale cherche à mesurer l’effet d’une douleur sur le rétablissement de l’équilibre. Au début, l’expérience consiste à relâcher les participants d’un angle d’inclinaison vers l’avant à l’aide du protocole de la tour inclinée (voir image). On augmente l’angle jusqu’à ce que la chute se produise. Puis on refait la même chose mais cette fois en induisant une douleur au genou ou dans le bas du dos à l’aide d’une crème à base de capsaïcine, un composé actif du piment fort. Il y a ensuite une troisième étape où on ajoute à toutes ces données prises d’autres informations tirées de la stimulation magnétique transcrânienne. Ce sont en fait des mesures neurophysiologiques qui nous renseignent sur l’excitabilité du système moteur. »
Faire du yoga, ça aide ?
Cette phase 1 est en cours, et l’objectif d’Evelyne est de commencer la phase 2 cet hiver, une étape plus clinique qui permettra de faire des expériences avec des gens qui ont une douleur chronique lombaire. Une phase que la jeune femme a bien hâte d’orchestrer. « Par expérience, je suis convaincue que le yoga peut aider à diminuer la douleur lombaire chronique et, par conséquent, peut aider à diminuer les chutes provoquées par cette douleur. J’enseigne le yoga depuis maintenant 15 ans, et c’est en grande partie grâce à cette activité que j’ai guéri ma douleur chronique au bas du dos, explique-t-elle. Mais le démontrer dans le cadre d’un doctorat apporte une dimension plus factuelle, plus officielle. C’est vraiment très stimulant et motivant pour moi. »
Collaboration avec le Brésil
Une recherche en parallèle a été menée avec l’équipe du Pr Rubens da Silva de l’Universida de Norte do Parana, au Brésil, au cours des deux dernières années, recherche touchant sensiblement les mêmes thématiques. Professeur qui enseigne maintenant à l’UQAC, à Chicoutimi ! « On a comparé différentes méthodes plus simples et moins coûteuses pour mesurer l’angle maximal de rétablissement de l’équilibre afin de l’utiliser dans un contexte clinique, explique Evelyne. Aussi, on a testé la précision de l’obtention de données avec un rapporteur d’angle et une caméra simple, comparativement à notre système Optotrak™, un système de capture de mouvement de grande qualité avec une précision spatiale, qui est utilisé conjointement avec un système de plateformes de forces qui permet d’avoir la précision temporelle. »
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Evelyne Carbonneau est maman de trois enfants et doctorante au Centre de recherche sur le vieillissement. Elle a fait ses études universitaires du baccalauréat au doctorat à l’UdeS. Elle est récipiendaire d’une bourse d’études supérieures du Canada – Alexander-Graham-Bell du CRSNG pour ses études doctorales, soit un montant total de 105 000$ pour trois ans.