Une maîtrise professionnalisante axée sur les besoins de la société
Dans le contexte des années 1970 où les maîtrises universitaires étaient habituellement axées sur la recherche en vue de poursuivre éventuellement des études de doctorat, la maîtrise en environnement de l’UdeS innove.
Son contenu vise plutôt à trouver des réponses concrètes aux nouveaux défis vécus par le milieu de la pratique en matière d’environnement, ainsi qu’à former de futurs spécialistes de l’environnement prêts à appliquer ces solutions sur le marché du travail. Ainsi, en 1974, la première mouture de la maîtrise en environnement était axée sur la mise en place de solutions techniques performantes en matière de gestion des déchets, de traitement des eaux usées et des rejets polluants, etc. Et pour gérer efficacement ces défis concrets touchant autant les organisations que la société en général, il fallait que les personnes étudiantes comprennent bien la réalité de différents milieux de travail devant faire face à ces enjeux.
On allait chercher une dizaine d’employés du milieu et on leur demandait : « Venez nous expliquer en vos mots ce que vous faites », se rappelle Denis Gravelle, alors directeur de la maîtrise. Toutes les semaines, quelqu’un venait. Il s’agissait de comprendre ce qui se passait vraiment dans le milieu du travail.
Dans cette optique, les personnes étudiant à la maîtrise en environnement se sont impliquées très rapidement dans le milieu sherbrookois, notamment au sein de la Corporation de gestion CHARMES (Comité d’hygiène et d’aménagement des rivières Magog et Saint-François) fondée en 1975.

En avance sur les tendances
Dans les années 1970 et même dans les décennies suivantes, le programme de l’UdeS était en avance sur son temps : les maîtrises « professionnalisantes » étaient rares, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde. Et cette manière différente de voir les choses surprenait à l’époque.
« À l’époque, l’application d’une approche programme visant le développement de compétences professionnelles en lien direct avec les besoins du marché de l’emploi était plutôt précurseur, particulièrement lorsque nous présentions nos programmes à l’international pour le développement de collaborations », affirme Karine Vézina, conseillère pédagogique au CUFE. Lorsqu'on parlait du développement de compétences professionnelles pour un 2e cycle, les gens répondaient : "Ah! ils ne font pas de recherche?"

Et maintenant, tout le monde veut faire des programmes professionnalisants et ancrer ses finalités dans la pratique, les besoins de la société, et du marché de l'emploi. On était très à l’avant-garde. Et je pense sincèrement qu’un des bons coups de la maîtrise et du CUFE au sens large, c’est tout cet aspect professionnalisant et engagé dans la communauté. »
Plus axé que jamais sur les défis du milieu

Ainsi, cet objectif de former des spécialistes en environnement ayant la capacité de comprendre les enjeux réels rencontrés par les organisations dans le but d’améliorer la qualité de l’environnement et, par le fait même, la qualité de vie des citoyens et citoyennes est, depuis les débuts, un élément distinctif. Et cette distinction a pris une importance grandissante au fil des années.
En 1994, on donne une structure plus formelle à l’implication des personnes étudiantes en ajoutant un stage crédité au cursus. Depuis 2008, ces stages s’insèrent dans le régime coopératif.
Denyse Rémillard, directrice du CUFE de 2015 à 2017 et maintenant vice-rectrice à l’administration et au développement durable, se remémore cette couleur particulière du programme : « Ce que je trouvais épatant, c’était de voir à quel point les travaux des étudiants avaient des retombées pratiques dans les organisations. »
C’est dans l’optique d’encadrer et de bonifier ces collaborations avec le milieu qu’est créée, en 2017, la Clinique en environnement du CUFE. Son objectif : permettre aux personnes étudiantes de vivre une diversité d'expériences de collaboration en matière de gestion de l’environnement, notamment avec des organismes à but non lucratif, des municipalités et des entreprises qui souhaitent réaliser des projets à caractère environnemental. À l’implication déjà présente dans certaines activités pédagogiques s’ajoutent des projets d’appui équivalant à environ 50 heures de travail réalisées par la personne étudiante.
Karine Vézina y voit un atout majeur pour la maîtrise : « Encore hier, une étudiante me faisait état des raisons pour lesquelles elle avait choisi le CUFE. C’est clair que l’aspect de collaboration avec la communauté, la possibilité de faire des projets avec des organisations et de faire une différence dans son milieu, c’est très concret et attirant. »

En 2021, la Clinique en environnement a reçu deux dons majeurs sur trois ans, qui allaient marquer son histoire en lui offrant une opportunité exceptionnelle d’expansion. Grâce à cet apport financier, à celui de la Grande Campagne de financement de l’UdeS et à une révision majeure des programmes des 1er et 2e cycles du CUFE, dont la maîtrise bien sûr, un lien encore plus fort a pu être établi avec la communauté. En plus des types de collaborations existantes, les productions de fin d’études de la maîtrise en environnement sont maintenant menées en collaboration avec une organisation.
Ainsi, plus que jamais, l’engagement avec la communauté se retrouve au cœur des apprentissages des personnes étudiantes du CUFE. Et cet engagement amène des retombées importantes non seulement pour l’environnement, mais également pour la communauté. Tous ces savoirs pratiques issus de projets étudiants sont par la suite mis à la disposition du public.
Sortir de sa zone de confort

Cette approche professionnalisante, qui se conjugue à l’importance accordée à l’interdisciplinarité, amène les personnes étudiantes à sortir régulièrement de leur zone de confort. Elles qui proviennent d’horizons très divers se retrouvent en effet face à une diversité de concepts et de réalités. Elles sont souvent bousculées dans leurs convictions et doivent s’acclimater aux enjeux complexes qui leur sont présentés, ce qui les amène à devoir trouver des solutions qui sortent des sentiers battus.
« La maîtrise en environnement m’a vraiment aidé à m’émanciper, affirme Jean-François Comeau, diplômé de la maîtrise en 1993 et directeur adjoint du CUFE pendant près de 20 ans. Pour moi, ça a toujours été important de m’exposer à toutes sortes de choses; j’ai toujours été à l’aise avec la diversité dans la maîtrise, avec l’idée de sortir de mon carré de sable. En 2001 à mon arrivée comme directeur adjoint du CUFE, j’ai tenté d’amener les étudiants à devenir à l’aise dans l’inconfort. »
Karine Vézina conclut : « Nos diplômés, quand je les vois aller sur le marché de l’emploi, honnêtement, ça me donne un peu plus d’espoir et de confiance pour la suite. Ils vont être capables de faire la différence. »