Aller au contenu

Portrait de l’enseignant Mathieu Dufresne

«Allez sur le terrain et observez par vous-même ce qui s’y passe»

Depuis 2018, Mathieu Dufresne est enseignant au baccalauréat en études de l’environnement et à la maîtrise en environnement. Il donne les cours Caractérisation des milieux hydriques, Environnement et ressources naturelles et Ressources forestières et agricoles.

Découvrez ce jeune enseignant soucieux de créer une ambiance propice aux apprentissages dans ses groupes d'étudiants.

Quel est votre domaine d’expertise?

Mon expertise, acquise à la maîtrise, est principalement en écologie des sols et en relations trophiques. Depuis la fin de mes études, j’œuvre plutôt en conservation des milieux naturels et en écologie forestière.

Quelle est votre formation, quel est votre parcours professionnel?

Assez tôt, durant mon parcours au bac en écologie, l’opportunité de poursuivre à la maîtrise en biologie s‘est présentée. À cette étape, je n’avais pas encore réfléchi à ce que je ferais après le bac. Mais le contexte du projet m’a intéressé. Il portait sur les relations entre sols, peuplements forestiers et population de cerfs de Virginie, dans le cadre peu banal d’Anticosti.

Ensuite, durant les premières années après les études, j’ai occupé plusieurs emplois, notamment en génie-conseil, dans des organismes de conservation et de mise en valeur des milieux naturels, dans une agence régionale de mise en valeur des forêts privées et comme professionnel de recherche; donc plusieurs tâches allant de la conception et la réalisation de dispositifs expérimentaux, aux inventaires fauniques et floristiques, en passant par des chantiers de déminage.

Comment le goût d’enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

De façon inattendue! Comme mentionné plus tôt, je n’avais pas de visées précises au moment de faire la maîtrise. A posteriori, j’en suis bien content, c’est entre autres cette formation reçue à la maîtrise qui me permet d’enseigner. Comme quelques autres emplois, l’enseignement s’est présenté de manière imprévue dans mon parcours. J’ai débuté par des cours de terrain et sur les sols au bac en écologie, il y a une dizaine d’années maintenant. L’expérience m’a bien plu, même si les charges de cours étaient ponctuelles.

Maintenant, j’enseigne au bac en études de l’environnement et à la maîtrise en environnement sur une base régulière.

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

Bien humblement, je souhaite transmettre, certes quelques connaissances, mais surtout, un bagage qui permet aux étudiants et étudiantes d’aiguiser leur sens critique et leur vue d’ensemble sur les enjeux environnementaux. Je cherche aussi à adopter des approches qui maintiennent l’intérêt des étudiants pendant les cours. Pour le reste, mon rôle en est un d’accompagnement, et je souhaite que les étudiants et étudiantes soient très à l’aise dans leurs interactions avec moi; je crois que c’est important d’établir rapidement cette ambiance décontractée dans les cours, afin que les échanges soient francs.

En plus d'enseigner, Mathieu Dufresne occupe un emploi à temps plein depuis huit ans chez Nature Cantons-de-l’Est, un organisme de conservation des milieux naturels. Leur mission consiste à réaliser divers projets de conservation en terres privées, en plus d’assurer la gestion du Parc écoforestier de Johnville. Sinon ses deux jeunes enfants, ses potagers et ses poules occupent très bien son temps!

Quelles sont, selon vous, les compétences que doivent développer les futurs professionnels en environnement?

La rigueur, certainement, et une bonne capacité à communiquer. Nous vivons une époque où la désinformation contamine toutes les sphères de la société. Il faut savoir aborder les sujets de manière rigoureuse, mais digeste. J’ajouterais aussi que le courage et l’audace sont importants, car, malheureusement, la vie professionnelle des diplômés du CUFE ne se passe pas comme leur vie étudiante : un cadre dans lequel ils côtoient des gens qui partagent sensiblement les mêmes valeurs qu’eux.

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

À la maîtrise, j’aime bien intégrer au plan de cours le visionnement du film L’Erreur boréale de Richard Desjardins. Cet ouvrage constitue la base de discussions beaucoup plus larges sur l’aménagement des forêts publiques. Et puisque le film date de plus de vingt ans maintenant, on peut confronter, corroborer, nuancer plusieurs aspects de la gestion forestière qui y sont présentés et constater les changements qui ont cours depuis. Il s’agit d’un outil pédagogique intéressant, mais qui appelle à être mis en contexte. Je le constate quand mes étudiants me confirment que les cours qu’ils ou elles ont faits avec moi leur donnent une perception plus nuancée des propos avancés dans le film. Ce n’est donc pas nécessairement un ouvrage de référence, mais certainement, un outil pédagogique pertinent.

Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fier?

Je suis heureux de pouvoir contribuer à l’intégration de la conservation des milieux naturels dans les pratiques forestières en région. Grâce à l’organisme pour lequel je travaille, nous développons des outils novateurs intégrant la biodiversité dans les plans d’aménagement forestier. Ainsi, lors de la récolte de bois, ce plan bonifié permet la prise en compte d’éléments sensibles comme les espèces fauniques ou floristiques menacées ou vulnérables, les milieux humides, etc. Au fil des années, nous avons développé de bonnes relations avec bon nombre d’intervenants actifs dans la mise en valeur des boisés privés en Estrie. On voit que les objectifs des propriétaires changent et que ces nouvelles façons de penser l’aménagement forestier sont bien accueillies.

J’ajouterais, à une échelle plus large, que j’apprécie le fait d’avoir pu, par mes expériences professionnelles et les milieux où j’ai travaillé, maintenir un certain niveau de polyvalence. J’avais un professeur de biologie au secondaire qui nous disait qu’il avait choisi d’en savoir un peu sur plein de trucs, plutôt que d’être un spécialiste sur un sujet bien précis. Il faut croire que cette voie me suit dans l’enseignement, à en juger par la diversité des matières que j’enseigne.

Autre chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?
Votre travail consiste à défendre des enjeux environnementaux? Ne passez pas tout votre temps devant votre ordinateur, allez sur le terrain, que ce soit dans le bois, sur l’eau ou sur les chantiers et observez par vous-même ce qui s’y passe. Je crois sincèrement que les interventions et les solutions que l’on propose sont souvent, pour ne pas dire toujours, plus appropriées lorsqu’elles s’appuient sur une connaissance concrète et pragmatique des enjeux. Personnellement, c’est un aspect de mon travail auquel j’accorde beaucoup d’importance, et je me fais donc un devoir de garder du temps pour le terrain. Le travail de gestion de projet appelle à des tâches de bureau, mais il y a des gains certains à maintenir une connaissance pratique, par exemple au niveau de la crédibilité et de la faisabilité des actions.


Informations complémentaires