Article de vulgarisation
Le matriarcat serait la clé du succès chez les orques
Ce texte de vulgarisation a été rédigé par Marie-Édith Turcotte-Maltais une étudiante du baccalauréat en études de l’environnement dans le cadre du cours ENV 130 Communication enseigné par Vanessa Courville. Vous trouverez les références mentionnées dans le texte en cliquant sur le lien à la fin de l'article.
Vous croyez que les orques ne sont que de cruels chasseurs? Détrompez-vous! Il s’agit en fait d’une espèce dont l’organisation sociale matriarcale a de quoi faire frémir les adeptes du masculinisme.
En 2019, une étude réalisée par Daniel Franks et son équipe démontrait que la ménopause chez les orques semblait être une adaptation évolutive permettant d’augmenter les chances de survie des clans. Eh oui, vous avez bien lu! La ménopause n’est pas réservée aux humains. En fait, chez la plupart des espèces animales, une fois le déclin reproductif commencé s’amorce une progression vers une fin de vie imminente. Or, certaines espèces continuent de vaquer à leurs occupations malgré la disparition des fonctions reproductrices. L’humain fait partie de ce mystérieux groupe, tout comme les bélugas et les orques. Ainsi, l’équipe de l’Université York au Royaume-Uni a pu profiter de décennies d’observation de ces mammifères fascinants afin d’étudier le comportement des familles vivant sur la côte Pacifique. La question n’était pas de savoir si les femelles orques vivaient la ménopause, mais bien de comprendre pour quels avantages biologiques elles cessaient de se reproduire tout en continuant leur vie.
Une affaire de famille?
La famille semble se trouver au cœur de l’organisation sociale des orques. En effet, ces géants marins forment des clans familiaux multigénérationnels. Il a été observé à maintes reprises que les nouveau-nés de cette espèce sont des « tanguy » professionnels! C’est-à-dire que les jeunes restent avec leur famille rendus à l’âge adulte. Ce comportement est tel que les chercheurs sont en mesure d’étudier ce mammifère marin par famille, allant même jusqu’à reconnaître chacun des individus composant ces dernières.
L’effet grand-mère
Comme démontré par l’équipe de Darren Croft en 2017, la ménopause semble être un moyen permettant d’éviter la compétition entre les grand-mères et leurs descendantes lors de la reproduction. Les résultats à ce sujet semblent converger dans la même direction : les femelles auraient un meilleur succès auprès de la gent masculine lorsque les grand-mères les accompagnant sont ménopausées. Cela dit, une question demeure : pourquoi ces dernières survivent-elles quelques décennies après la ménopause? Telle votre mamie vous racontant les secrets de famille bien gardés, ces doyennes sont essentielles pour la transmission du savoir à travers les générations.
En effet, l’étude de Franks démontre que les grand-mères ménopausées permettraient à leur famille de survivre lorsque les stocks de saumon, leur proie favorite, sont en baisse. Ainsi, les matriarches possèderaient un bagage de connaissances vitales pour les clans, justifiant leur existence prolongée. Elles se trouvent donc aux commandes du groupe afin de le guider vers des sources de nourriture moins connues. De ce fait, le rôle de leader assumé par les grand-mères confère une meilleure survie à leur famille. Il semblerait donc, une fois de plus, que les orques soient plus sympathiques qu’il n’y paraît!