10e Journée de la recherche
Des projets captivants pour tous les goûts
Du béton au raton laveur en passant par les inégalités entre communautés linguistiques et la transition de carrière des athlètes, la 10e Journée de la recherche a su couvrir une grande variété de sujets! Le 10 février au Centre culturel, une centaine d'étudiantes et d'étudiants de toutes les facultés ont pu expliquer de long en large leur recherche au grand public.
Un béton qui s’autorépare
Les Québécois le savent : notre climat varie énormément au cours d’une même année. Le gel et le dégel, l'âge avancé des structures et l'augmentation du trafic contribuent à l'apparition de fissures sur les structures de béton qui nous entourent et nous supportent. Matthieu Argouges, étudiant à la maîtrise en génie civil, s'intéresse à l'autoréparation du béton.
«La cicatrisation des fissures est rendue possible grâce à la carbonatation de la chaux, un produit de réaction du ciment contenu dans le béton, explique-t-il. Quand une structure est fissurée, la chaux est en contact avec l'air et l'eau et se transforme en calcite, durcit et permet de reboucher partiellement les fissures.»
Outre ce phénomène chimique, Matthieu Argouges s'interroge quant au temps requis pour qu’une telle cicatrisation se fasse : «J'ai étudié l'évolution du débit de l’air qui circule dans une fissure et j'ai découvert que le mois qui suit, son apparition est la période où la cicatrisation est la plus marquée.»
La transformation de la chaux en calcite permet d'éviter le passage d'agents agressifs comme les chlorures qui font rouiller les armatures des ponts, par exemple. Cette cicatrisation permet une réduction de 80 % de l'ouverture d’une petite fissure, initialement de 0,05 mm. Cette découverte faciliterait certainement la tâche des travailleurs des routes, entre autres!
La transition de carrière des athlètes de haut niveau
Pour les sportifs de niveau national, international ou olympique, changer de carrière n'est pas toujours évident. Alors que certains vivent bien avec ce changement de profession, d'autres sont découragés et paniquent. «Plusieurs études ont porté sur le deuil qu'ont à faire ces athlètes, mais peu de systèmes existent pour les prendre en charge», soutient Sophie Brassard, étudiante en orientation professionnelle.
Les athlètes qui sont forcés de mettre un terme à leur carrière ont souvent abandonné leurs études très tôt ou ont passé tellement de temps à exercer leur discipline qu'ils ignorent leurs propres intérêts. Ils ne savent plus qui ils sont en dehors de leur sport. «La moyenne des salaires des athlètes de haut niveau est évaluée à 25 000 $, précise Sophie Brassard. Lorsqu'ils ne perçoivent plus ce revenu, certains tentent un comeback, mais d'autres sont blessés et ne le peuvent tout simplement pas.»
En collaboration avec le Comité olympique canadien et un cirque québécois, le projet de Sophie Brassard est d'offrir un suivi et un encadrement aux athlètes retraités afin d'établir un plan de match pour découvrir leurs passions.
Puisque leur retraite est inévitable, l'idéal serait de sensibiliser les athlètes et les entraîneurs à l'importance d'élaborer un plan B dès le départ, d'autant plus qu'il a été prouvé qu'une vie équilibrée permettrait aux sportifs d'offrir de meilleures performances.
Des ratons laveurs qui ont la rage
Qui pourrait croire que son chat puisse lui transmettre la rage? Depuis 2006, une troisième variante de la rage est apparue au Québec : la rage du raton laveur, qui compte aujourd'hui une centaine de cas. La rage de la chauve-souris et celle du renard arctique existent aussi, mais celle du raton laveur est plus préoccupante, car l'animal fréquente les milieux urbains et est en contact avec les animaux domestiques.
«Ma recherche consiste à déterminer la structure génétique de population du raton laveur dans le Sud du Québec», déclare Héloïse Côté, étudiante à la maîtrise en biologie. Le gouvernement mène des opérations de contrôle pour contrer l'entrée de cette forme de rage au Québec. «En déterminant la structure de la population des ratons laveurs, il sera possible de prédire comment la rage devrait se propager», explique-t-elle.
L'étude montre la présence d'une barrière à la dispersion au niveau de la rivière Richelieu. Ces résultats expliquent partiellement le patron de répartition des cas de rage documentés depuis 2006 qui sont confinés à l’est de la rivière Richelieu. Cette recherche aidera grandement les autorités à cibler précisément les endroits où une intervention serait nécessaire pour empêcher une propagation.
La langue contribue-t-elle aux inégalités en santé cardiovasculaire au Québec?
Catherine Drouin, étudiante en sciences de la santé communautaire, s'est demandé : «Existe-t-il une différence entre l'état de santé des communautés francophone et anglophone?» Les résultats des sondages effectués au Canada ont révélé que les groupes linguistiques minoritaires ont l’impression d'avoir un moins bon accès aux services. Cette perception, si elle est considérée comme vraie, a-t-elle un réel impact sur leur santé?
«Pour le savoir, il suffit de comparer l'état de santé entre les communautés du Québec en fonction de leur langue. On regarde ce qui arrive aux gens qui font un infarctus du myocarde : le traitement de revascularisation, les consultations, la réadmission en centre hospitalier», explique Catherine Drouin.
Il est possible qu'après leur hospitalisation, les gens ne se soignent pas conformément aux instructions reçues, tout simplement parce qu'ils ne les ont pas bien saisies. Le fait d'habiter une région urbaine ou rurale, le statut socioéconomique d'une personne et même son sexe sont des facteurs qui influencent le traitement du patient.
La langue parlée est-elle aussi un facteur déterminant? Aux États-Unis, les gens qui font face à une barrière linguistique sont pénalisés. L'étude de Catherine permettrait de découvrir s'il s'agit du même cas au Québec…