Aller au contenu

De la recherche à la pratique

Aux frontières de la microbiologie

Au bureau, Vincent s'occupe principalement de la rédaction de rapports sur les produits non conformes à la réglementation applicable, originalement recueillis lors de ses visites aux divers ports d'entrée douaniers.
Au bureau, Vincent s'occupe principalement de la rédaction de rapports sur les produits non conformes à la réglementation applicable, originalement recueillis lors de ses visites aux divers ports d'entrée douaniers.

Photo : Manon Parent

Lorsque l’on pense à la microbiologie, la première image qui vient en tête est probablement celle d’un chercheur en laboratoire qui tente de mieux comprendre les effets d’un micro-organisme. Pourtant, de nombreux microbiologistes travaillent, au quotidien, à appliquer les acquis de ces chercheurs. C’est ce qu’a pu découvrir Vincent Duval, étudiant en microbiologie de l’Université de Sherbrooke, au cours du premier stage de sa formation chez Santé Canada.

Pour Vincent Duval, le choix d’un programme en microbiologie lui est venu naturellement. Passionné par les sciences, et ce, depuis son choix de parcours au secondaire, cet étudiant a seulement hésité qu’à déterminer sa spécialisation. « La biologie, la biologie moléculaire et cellulaire, la microbiologie, la biochimie… tous les domaines m’intéressent, précise-t-il. Finalement, mon choix s’est arrêté sur la microbiologie puisque le programme touchait les bases de plusieurs domaines des sciences et la plupart de mes champs d’intérêts. »

Après ses deux premières sessions d’études, une première inquiétude apparaît dans son choix : le travail en microbiologie appliquée l’intéresse beaucoup plus que le travail en recherche. « En cours, nous entendons souvent parler du travail de laboratoire en recherche ou en entreprise, qui est plus courant, mais peu des autres possibilités », indique ce jeune passionné. Cependant, une présentation, en classe, de l’Agence canadienne d’inspection des aliments lui a montré des possibilités d’emploi particulièrement intéressantes dans le milieu gouvernemental.

C’est d’ailleurs ce qui a guidé son choix vers Santé Canada pour réaliser le premier stage de sa formation. « Ce stage semblait très différent de ceux habituellement affichés pour les premiers stages en microbiologie et concordait parfaitement avec mes attentes. Je crois que mon intérêt a transparu en entrevue puisque j’ai été retenu pour le poste », raconte Vincent.

Des découvertes quotidiennes

Le dynamique jeune homme s’est ainsi joint à l’unité d’intégrité frontalière de Santé Canada - région du Québec pour une période de quatre mois. Son mandat : avec son équipe, il se devait de déterminer si des produits de santé pouvaient être importés au Canada. Pour son stage, il a surtout été affecté aux médicaments et aux produits de santé naturels.

Avec ce mandat, un premier défi important attendait Vincent dès ses premières journées de travail, soit celui d’apprendre et de comprendre les multiples lois et règlementations pour ces différents produits. « Il y a beaucoup à apprendre, mais grâce à une formation théorique accélérée réalisée sur le terrain, j’ai pu faire des liens plus facilement, explique le stagiaire. L’équipe m’a aussi beaucoup aidé, surtout les inspecteurs d’expérience avec lesquels j’ai fait équipe pour la majorité de mon stage. »

Par la suite, un véritable travail d’apprenti inspecteur se présentait à Vincent. Dans ce contexte, il est appelé à passer environ trois jours par semaine à se déplacer aux divers ports d’entrée douaniers afin d’examiner avec son mentor différents types de colis de produits de santé importés. « Il y a des choses qui ne peuvent se faire que sur place, comme l’examen des produits mis de côté par l’un des partenaires de Santé Canada, soit l’Agence des services frontaliers du Canada, la prise d’échantillons pour analyse ou la saisie de produits dangereux, indique le futur professionnel. Le but est d’évaluer leur admissibilité d’entrée au pays en fonction des exigences réglementaires applicables, et ce, dans le respect des normes de services en vigueur. »

Ses deux autres journées de travail sont habituellement consacrées à la rédaction de rapports, particulièrement pour les produits non conformes à la réglementation applicable, qu’il s’agisse, par exemple, de contrefaçon ou de dosages inadéquats pour la vente libre au Canada. « Il est important d’informer l’importateur des infractions commises puisque la réglementation l’oblige, précise le stagiaire. La décision finale ne m’appartenait pas et chacun de mes rapports devait être vérifié par l’inspecteur chevronné avec lequel je faisais équipe. »

L'aperçu d'une « opération éclair », où la conformité d'un large ensemble de produits variés est vérifiée par les inspecteurs de Santé Canada.
L'aperçu d'une « opération éclair », où la conformité d'un large ensemble de produits variés est vérifiée par les inspecteurs de Santé Canada.

Photo : Manon Parent

Loin d’être routinier, le stage réalisé par Vincent lui a aussi permis d’expérimenter des « opérations éclair ». « Dans ces situations, nous ciblions une grande quantité de produits pour en vérifier la conformité en vertu des lois et règlements applicables, spécifie le futur microbiologiste. Cela m’a permis de réellement tester mes connaissances sur un large éventail de réglementations. »

La microbiologie en application

Pour certains, ce stage semble s’éloigner quelque peu de la microbiologie. « Peut-être de la perception habituelle, mais elle demeure tout de même essentielle au travail, s’empresse de répondre l’étudiant. Même avec une grille de vérification, il faut comprendre les ingrédients et les molécules dans les produits. Est-ce que tout le contenu d’un produit naturel est réellement naturel? Est-ce que le produit doit être considéré comme un narcotique? Est-ce que le dosage d’une vitamine dans le produit est sécuritaire pour la vente libre ou doit-il plutôt être vendu sous prescription?

« En fait, je pense même avoir eu l’occasion unique d’apprendre un aspect utile au travail de tout microbiologiste : la règlementation scientifique. Savoir si un produit est importable ou pourquoi il ne l’est pas peut être pertinent au travail de plusieurs chercheurs. » Vincent est donc pleinement satisfait de son expérience quelque peu hors-norme, une opinion également partagée par Manon Parent, superviseure de l’unité d’intégrité frontalière, vis-à-vis son stagiaire.

« Une vraie perle! »

Madame Parent n’a que de bons commentaires sur le travail réalisé par Vincent : « Il a démontré beaucoup de sérieux, de politesse et de gentillesse. Il s’est intégré rapidement à l’équipe et a gagné la confiance de ses collègues. » Ce qui a encore plus impressionné la superviseure du stagiaire est la capacité de ce dernier à assimiler rapidement de nouvelles informations. « Vincent a été capable de comprendre rapidement ce qui était attendu, commente-t-elle. Mais encore plus, il a su passer de la théorie à la pratique et bien appliquer ses connaissances à son travail grâce à d’excellentes capacités de réflexion. »

Pour Manon Parent, il s’agissait d’une première expérience avec le régime coopératif de l’Université de Sherbrooke. « Nous avons été agréablement surpris de notre expérience, indique-t-elle. Avec un processus simple et la possibilité d’offrir un mandat spécifique à nos besoins, nous avons vraiment pu dénicher une perle rare pour notre équipe et lui assigner le travail attendu de tout apprenti inspecteur. »

Avec de tels commentaires, il n’est pas surprenant d’apprendre que Vincent Duval réalisera un second stage avec l’unité d’intégrité frontalière de Santé Canada. « Il poursuivra donc le même travail, mais avec des dossiers de plus en plus complexes, incluant la vérification d’instruments médicaux importés, précise la superviseure. L’équipe a bien hâte de le revoir, avec une autre session d’études derrière lui en plus! »

Toujours plus d’expériences

Pour Vincent, l’aventure est loin d’être terminée. Alors qu’il commence sa deuxième année de formation, il a déjà plusieurs idées pour l’avenir. Bien entendu, celui-ci passe tout d’abord par la réalisation de son second stage chez Santé Canada. « Lors de mon prochain stage, je souhaiterais améliorer mes connaissances dans la règlementation des instruments médicaux et leur classification pour pouvoir couvrir encore plus de produits de santé », souligne-t-il.

Encore plus loin dans l’avenir, l’étudiant envisage aussi d’élargir ses connaissances dans d’autres domaines, probablement en complétant un second baccalauréat. « Pour le moment, un programme en administration m’intéresse pour m’aider à gérer des équipes de travail scientifique. Mais, je demeure ouvert aux idées et aux possibilités d’en apprendre plus sur beaucoup de compétences », complète-t-il.

*Cet article a été publié dans la revue « In Vivo » de l'Association des biologistes du Québec.