Réchauffement et changements climatiques
S’adapter pour faire changer les choses
Vagues de chaleur plus intenses, pluies torrentielles plus fréquentes, extinction d’espèces, la liste des impacts d’une hausse de température d’un simple 1,5 degré est longue. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient tout juste de produire son plus récent rapport sur ce constat alarmant et sans surprise, il devient urgent d’agir.
À l’approche de la COP 24 en Pologne, la professeure en politique appliquée Annie Chaloux et le professeur en géophysique de l’environnement au Département de géomatique appliquée Alain Royer ont décidé d’unir leur discipline respective lors d’un événement « Bar des sciences » afin de mieux porter la réflexion sur le sujet du réchauffement climatique et de ses impacts.
L’Arctique comme point de départ
Déjà dans les années 1990, les premières simulations de l’évolution du climat sur 30 ans, soit pour 2020, prévoyaient ce qui est actuellement observé. Le professeur Alain Royer qui se spécialise sur l’Arctique note cependant que cela pourrait même s’avérer bien pire, car des éléments importants avaient été omis de l’équation à l’époque.
« Ce qu’on appelle l’effet d’amplification arctique n’avait pas été pris en compte. Ce sont des rétroactions positives qui accélèrent le réchauffement qui est deux fois plus important dans le nord que partout ailleurs dans la planète. »
Les conséquences de ce réchauffement de l’Arctique ont déjà commencé à se déplacer dans les régions plus au sud. Les changements climatiques et les catastrophes naturelles sont de plus en plus monnaie courante partout à travers la province, des événements qui n’existaient pas quelques années auparavant.
« On pense par exemple à l’érosion sur les côtes du Saint-Laurent. Comme les hivers sont moins froids, la glace est plus faible et se casse ce qui accélère le processus de façon exponentielle. Ces dommages sont causés entre autres par l’effritement des glaces qui protégeait normalement les côtes en hiver », mentionne le professeur Royer.
Encore possible d’agir?
La professeure en politique appliquée Annie Chaloux et codirectrice du Groupe d’études et de recherche sur l’internationale et le Québec (GÉRIQ) se spécialise quant à elle en politiques publiques en matière environnementale et de lutte contre les changements climatiques. Bien que les gaz à effet de serre soient souvent pointés du doigt, la professeure est d’avis qu’outre une réduction de ces gaz, la population se doit de s’adapter et de modifier ses habitudes de vie.
« Longtemps les politiques ont visé une logique d’atténuation, alors que ce n’est pas en ayant des politiques qui ne misent que sur cela que l’on répondra aux objectifs des changements climatiques. La clé est de s’adapter, c’est-à-dire revoir nos modes de vie, nos modèles d’habitations et de transports par exemple, et développer des capacités de résilience plus fortes face aux catastrophes environnementales entre autres ».
L’influence de la politique
Aujourd’hui, la science est claire sur ce qui risque d’arriver si on ne change pas les paramètres et si on ne réduit pas notre impact, le rapport du GIEC en témoigne. « Cependant, un contexte de clivage politique est en place dans notre société. C’est donc difficile d’arriver à un consensus et de faire des actions concrètes pour lutter contre les changements climatiques. Sur toutes les échelles (internationales, nationales, provincial et même individuel), la prise en compte doit être avant tout citoyenne », selon la professeure Chaloux.
Les changements ont souvent un cout d’action élevé à court et moyen terme pour les gouvernements, mais seraient rentables sur le long terme. « Mais, c’est souvent difficile pour nos politiciens de penser à long terme alors qu’ils ont bien plus souvent les prochaines élections dans la mire. »
Alors mission impossible? « Avouer qu’il est trop tard, c’est de baisser les bras et je suis contre ce discours-là. Il y a des choses qu’on ne connait pas encore qui peuvent nous aider dans la lutte. Nous avons les capacités, les savoirs, mais il ne manque que le courage politique de le faire », souligne la professeure Chaloux.
Bar des sciences
Le sujet des changements climatiques vous intéresse? Ne manquez pas le Bar des sciences au Musée de la nature et des sciences le 26 novembre prochain à 18 h 30. Quatre conférenciers d’horizons différents, dont Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace débattront sur le sujet.