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Des cours à distance, sur le terrain

Une application permet des sorties terrain autonomes

La nouvelle application permet aux étudiantes et étudiants en géomatique de faire des sorties autoguidées.
La nouvelle application permet aux étudiantes et étudiants en géomatique de faire des sorties autoguidées.
Photo : Michel Caron

En géomatique, comme dans plusieurs disciplines, les sorties sur le terrain permettent aux étudiantes et étudiants d’acquérir des compétences indispensables à leur formation. Comment faire lorsque les étudiants suivent leurs cours à distance? La question est d’autant plus pertinente que ce type d’enseignement gagne en popularité au Québec. Au cours de la dernière année, Jérôme Théau, professeur au Département de géomatique appliquée, s’est affairé au développement d’une application pour tablette permettant de proposer des sorties autoguidées aux étudiants.

Le caractère novateur de cette application conçue à l’aide de logiciels libres de droits réside dans sa composante géospatiale. Par exemple, pour repérer des habitats propices à la survie d’une espèce faunique lors d’une sortie sur le terrain, l’application affiche des exercices d’apprentissage à des endroits préalablement déterminés par l’enseignant et selon une séquence établie. Les étudiantes et étudiants peuvent alors recueillir les données souhaitées et tenter de résoudre leur problématique par des tests et des observations.

En plus de permettre un accompagnement sur mesure durant l’exercice, la tablette sert d’outil de travail; les étudiants peuvent s’en servir pour voir leur position sur le terrain, prendre des photos, noter leurs observations à l’aide de la commande vocale, etc. «On intègre les différentes fonctionnalités de la tablette pour permettre à l’étudiant de concentrer ses efforts sur les observations terrain», précise le professeur Théau.

Le chercheur croit que l’application permettra à plusieurs étudiants d’être bien guidés lors de sorties non accompagnées. «Nous privilégions les sorties sur le terrain accompagnées d’un professeur, mais dans des contextes où elles sont difficiles à réaliser, comme dans le cas d’études à distance ou lorsque les groupes sont trop nombreux, elle représente une alternative très intéressante.»

Une sortie exploratoire concluante

Jérôme Théau, professeur au Département de géomatique appliquée
Jérôme Théau, professeur au Département de géomatique appliquée
Photo : Michel Caron

Le cours Écotourisme, parcs, ressources et géomatique du deuxième cycle en géomatique appliquée a permis de tester l’application. Les étudiantes et étudiants devaient alors se rendre dans un parc national pour valider certaines informations relatives à la densité de la forêt, à la pente du terrain et à l’aspect visuel des lieux dans le but de déterminer les meilleurs emplacements pour y installer des sites de campement rustiques.

«Nous avons pu être bien guidés sans être dirigés, ce qui nous a permis de nous impliquer davantage dans l’exercice, témoigne Alexandre Gobeil, un étudiant ayant participé à l’étude. Cela ouvre des portes pour l’enseignement scientifique aux cycles supérieurs, puisque les étudiants doivent avoir une plus grande autonomie», ajoute-t-il.

Le professeur Théau remarque également que l’application permet à chaque étudiant de suivre son rythme, celui-ci prenant le temps qu’il lui faut pour faire ses observations. Les sorties individuelles peuvent également susciter des discussions en classe concernant les expériences propres à chaque étudiant, qui diffèrent selon l’heure ou encore la température au moment de la sortie.

Bien sûr, certaines facettes reliées à l’utilisation de la nouvelle application restent à améliorer. Entre autres, le support peut être encombrant sur le terrain – une tablette plus petite serait appréciable, selon les participants.

Une application polyvalente

L’équipe de recherche aspire maintenant à améliorer l’application pour la rendre facile d’utilisation à la fois pour les étudiants et pour les professeurs d’autres départements. «Plusieurs programmes d’études qui demandent des sorties sur le terrain, tels que les formations en environnement, en histoire, en biologie, en travail social ou même en marketing avec l’avènement du géomarketing, pourraient bénéficier d’une telle innovation», explique le professeur Théau.

Qu’il s’agisse d’une sortie pour comprendre les raisons historiques et sociales du développement des villes ou d’un parcours en milieu urbain à la découverte de lieux patrimoniaux, les perspectives d’utilisation de l’application sont nombreuses. Le fait que l’application soit libre de droits, la démocratisation des outils technologiques et l’augmentation du nombre d’étudiants à distance constituent des facteurs qui pourront favoriser son utilisation au cours des prochaines années.