Une étudiante en géomatique contribuera au programme d'exploration lunaire de la NASA
C'est le livre Poussières d'étoiles, de l'astrophysicien Hubert Reeves, qui a inspiré Myriam Lemelin à poursuivre une carrière scientifique. Une inspiration qui est devenue une réelle passion, puisque l'étudiante à la maîtrise en géomatique et télédétection de l'Université de Sherbrooke a été choisie pour participer à un stage lié au programme d'exploration lunaire de la NASA, à Houston.
«Les sciences planétaires, et plus particulièrement la Lune, me fascinent, dit-elle. Les missions Apollo nous ont dévoilé la surprenante et violente origine de la Lune, son âge, son évolution, sa composition et son activité tectonique. Mais plusieurs questions demeurent inexpliquées.» L'étudiante s'intéresse plus particulièrement à un minerai, l'ilménite lunaire, qui pourrait fournir une source d'oxygène lors de missions sur la Lune.
Dès le 31 mai, Myriam Lemelin rejoindra une équipe multidisciplinaire de scientifiques à l'Institut planétaire et lunaire au Texas. Durant dix semaines, ils évalueront des sites potentiels d'alunissage pour permettre des missions d'exploration dans le cadre du projet Constellation en vue d'un éventuel retour sur la Lune. «Je me sens extrêmement privilégiée, souligne-t-elle. Les scientifiques que je côtoierai possèdent une expertise et un niveau de connaissances qui ne se trouvent pas ailleurs. Cette expérience enrichira ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel.»
Choisie à la suite d'un concours international, Myriam Lemelin est l'une des deux Canadiennes sélectionnées (l'autre provenant de l'Université du Nouveau-Brunswick) pour faire partie d'un groupe de dix étudiants aux bagages bien différents. «Nous allons évaluer les sites d'une manière pratique en regard des priorités établies par le Conseil de recherche scientifique des États-Unis», explique-t-elle.
Depuis les années 1990, des satellites en orbite recueillent un éventail de données qui ont permis de produire entre autres des cartes de minéraux, d'éléments chimiques et de relief de la Lune. Durant son stage, Myriam Lemelin se concentrera sur l'analyse et le traitement de ces données en utilisant les connaissances acquises durant ses études universitaires. «On s'intéresse à certaines régions des pôles de la Lune en raison de la présence de matériaux qui n'ont pas été échantillonnés au cours des missions Apollo, dit-elle. On y trouve aussi le plus grand et ancien cratère de notre système solaire. Il existe une trentaine de priorités scientifiques dont nous devrons tenir compte dans la sélection des sites.»
Source d'oxygène
Étudiante à la maîtrise au Centre d'applications et de recherches en télédétection, Myriam concentre ses recherches sur l'ilménite lunaire, un minéral composé principalement de fer et de titane. Facilement fractionnable en raison de ses faibles liaisons chimiques, ce minéral renferme également des atomes d'oxygène. «Dans la perspective d'établir une base permanente sur la Lune, l'ilménite pourrait devenir une source d'approvisionnement d'oxygène intéressante contribuant à l'autosuffisance des équipes sur place», indique l'étudiante, qui est également adjointe de recherche à l'Agence spatiale canadienne.
Outre son mandat d'évaluation, Myriam Lemelin participera à des activités exceptionnelles, comme une visite au laboratoire de météorites du Centre spatial Johnson, une observation de la phase d'essai d'un rover lunaire électrique et des conférences d'experts internationaux. Mais une expérience l'emballe particulièrement. «J'aurai l'occasion de voir, de toucher et d'analyser au microscope des échantillons lunaires pour la première fois, précise l'étudiante du Département de géomatique appliquée. Cela permettra de valider les observations que nous faisons habituellement à distance, à l'aide de satellites.»
Durant ses études universitaires, certains faits ont nourri son intérêt envers le satellite terrestre. «La Lune est un témoin inestimable de l'évolution de notre système solaire. Comme elle n'est pas soumise aux mouvements des plaques tectoniques, ni à l'érosion par le vent ou l'eau, elle a enregistré tout ce qui s'est passé depuis sa création, il y a environ 4,5 milliards d'années. Sur le plan scientifique, la Lune est vraiment captivante.»
Depuis maintenant plus de 40 ans, les missions Apollo ont permis d'améliorer notre compréhension de l'origine de la Lune, son âge, son évolution, sa composition et son activité tectonique. «Mais plusieurs questions demeurent inexpliquées. Le retour de nouveaux échantillons lunaires permettrait sans doute de répondre à ces questions, et bien davantage, pour des décennies à venir», conclut Myriam Lemelin.