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À Sherbrooke, la Terre fait partie du programme

Incursion au Département de géomatique appliquée

Photo : Martin Blache

La géomatique est un domaine bien méconnu du commun des mortels. Pourtant, à l'Université de Sherbrooke, se trouve un des départements les plus illustres dans le milieu. À la croisée de l'informatique et de la géographie, cette jeune science constitue un vecteur important de l'émergence des nouvelles technologies de la Terre.

À l'arrière-scène de plusieurs avancées

Les géomaticiens sont derrière bien des facettes de notre vie quotidienne. La télédétection, une des disciplines du Département de géomatique, se définit comme l'acquisition d'informations sur un objet par l'intermédiaire d'un instrument de mesure n'ayant pas de contact avec ledit objet. C'est elle qui est à la base d'outils mondialement connus tels que Google Maps, Google Earth et les GPS.

Alain Royer, professeur en télédétection au Département de géomatique appliquée, s'intéresse à la prédiction et à la réduction des inondations à la fin des hivers québécois. Il utilise la télédétection satellitaire pour déterminer la quantité de neige présente, et par le fait même, la quantité d'eau prévue lors de la fonte. Puis, il envoie ces précieuses informations au centre de gestion des barrages à Québec, qui décide de garder ou d'éjecter le volume d'eau nécessaire pour préserver l'équilibre naturel. Ces prédictions s'avèrent extrêmement précises et épargnent bien des sous-sols à l'arrivée du printemps.

Le Pr Royer travaille également à la détection des nuages de glace. Ceux-ci, bien que ténus, ont un effet notable sur le bilan radiatif de la planète. Ils peuvent retenir la chaleur, ce qui cause l'effet de serre, ou réfléchir les rayons du soleil dans l'espace, ce qui refroidit la planète. En les étudiant, il est possible d'améliorer les prévisions météorologiques et de découvrir les conséquences, encore méconnues, de tels nuages sur notre futur. Les géomaticiens tentent de percer le mystère.

Le CARTEL: un acteur important

L'Université de Sherbrooke compte la sommité canadienne en télédétection parmi ses membres : le Centre d'applications et de recherches en télédétection (CARTEL). Toutes les recherches précédemment mentionnées se font en étroite collaboration avec ce centre. Le directeur, Yannick Huot, également professeur au Département de géomatique appliquée, s'intéresse à la survie du phytoplancton.

Ce micro-organisme assure 50 % de la production d'oxygène pour la planète. Malheureusement pour l'humanité, il diminue progressivement. Le Pr Huot tente de savoir si, par son efflorescence algale, on ne pouvait pas en savoir plus sur son état de santé. Cela se produit lorsque la concentration de phytoplancton augmente rapidement dans une région aquatique, ce qui se traduit par un changement de coloration de l'eau. En observant le tout à l'aide de satellites, les géomaticiens tentent d'en apprendre davantage sur le phénomène.

Un taux de placement de 100 %

Grâce à son volet appliqué à l'environnement, les étudiants sherbrookois apprennent sur des aspects peu connus de l'eau, de la neige, de la pollution atmosphérique, des cyanobactéries, des forêts, des habitats fauniques, du transport, du milieu urbain et des écosystèmes.

Anthony Belisle, lors d'un stage en géomatique appliquée à l'environnement, prépare le site d'une usine d'extraction d'or dans le désert du Sahel.
Anthony Belisle, lors d'un stage en géomatique appliquée à l'environnement, prépare le site d'une usine d'extraction d'or dans le désert du Sahel.
Photo : Anthony Belisle

De plus, le baccalauréat en géomatique appliquée à l'environnement est offert au régime coopératif à raison de trois stages rémunérés. « Pour les étudiants, il y a une infinité de possibilités. Plusieurs seront même invités à faire leur stage un peu partout dans le monde, puisque les géomaticiens sont grandement recherchés sur tout le globe. Certains pourront même les faire en Arctique! », mentionne le Pr Huot. D'ailleurs, le site Jobboom classe la géomatique comme domaine ayant le plus de perspectives d'emploi, avec un taux de placement de 100 %.

Ce parcours académique forme des spécialistes en environnement aptes à proposer des solutions concrètes aux gestionnaires et décideurs. La géomatique, c'est l'avenir qui se reflète à travers de nombreux enjeux planétaires et outils de la vie courante.