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Concours de vulgarisation de la FMSS 2016 | finalistes

Les troubles mentaux nuisent à la gestion des maladies chroniques physiques

Comme un problème de fondation non apparent, les troubles mentaux courants peuvent nuire à la gestion des maladies chroniques physiques lorsqu’ils sont ignorés.

Comme un problème de fondation non apparent, les troubles mentaux courants peuvent nuire à la gestion des maladies chroniques physiques lorsqu’ils sont ignorés.


Photo : UdeS

Environ deux Québécois sur cinq seront atteints de troubles mentaux au cours de leur vie. Parmi ceux-ci, les troubles anxieux et dépressifs sont les plus courants1. Il existe des interactions biologiques et psychologiques complexes entre les troubles mentaux courants et les maladies chroniques physiques qui peuvent compliquer les soins de santé.

Imaginer une personne atteinte d’anxiété qui reçoit un diagnostic d’hypertension. La pensée d’être atteinte d’hypertension peut élever le niveau d’anxiété de cette personne. La hausse du niveau d’anxiété provoque une libération d’adrénaline, l’hormone liée au stress, ce qui peut engendrer une élévation de la pression artérielle et causer encore plus d’anxiété2. Il se dessine un cercle vicieux. Ainsi, il devient difficile pour les professionnels de la santé d’identifier la cause réelle de l’élévation de l’hypertension artérielle : est-ce relié à la maladie physique (hypertension artérielle) ou au trouble mental (anxiété)?

L’équipe de Pasquale Roberge, Ph. D, docteure en psychologie, professeure-chercheuse à la FMSS et au CRCHUS, a mené une étude pour mieux comprendre les facteurs qui influencent la détection et le traitement des troubles mentaux courants chez les personnes avec maladies chroniques physiques. L’équipe s’est intéressée au point de vue des professionnels de la santé et également à celui des patients5.

Des interactions complexes ; des conséquences graves

La présence simultanée d’un trouble anxieux ou dépressif et d’une maladie chronique est associée à des conséquences graves pour la vie d’une personne et de sa famille : diminution de la qualité de vie, détérioration de la condition de santé, augmentation de l’utilisation des services de santé et incapacités sévères3,4. Toutefois, les troubles mentaux courants ne sont pas toujours détectés et traités adéquatement chez les personnes vivant avec une maladie chronique physique.

Imaginez votre corps comme une maison

Imaginez qu’une façade de votre maison ait été endommagée par de forts vents. Vous engagez une équipe de construction pour la réparer. Les travaux sont en cours depuis quelques jours, mais cette façade brise à nouveau. L’équipe revient avec de nouveaux matériaux, mais la façade n’est toujours pas solide. Un problème de fondation empêche sa réparation adéquate.

Revenons à l’exemple de la relation entre l’anxiété et l’hypertension. L’anxiété peut faire en sorte de provoquer des variations importantes de la pression artérielle. Si ce trouble mental est ignoré, le traitement pour l’hypertension peut sembler inefficace, et ce, malgré le soutien et les efforts des professionnels de la santé. C’est comme un problème de fondation qui fragilise les façades de votre maison, malgré la mobilisation d’une équipe de professionnels pour réparer les dommages apparents.

La difficulté avec un problème de fondation, c’est qu’il peut être difficile à identifier même par un professionnel ; tout comme les symptômes anxieux ou dépressifs en présence d’une maladie chronique physique. Comme le précise l’étude du Pre Roberge, cela est encore plus difficile lorsque les personnes préfèrent éviter de parler de leurs symptômes psychologiques lors du suivi de leur maladie chronique physique.

Les soins de santé mentale peuvent avoir une influence importante sur la gestion de la maladie chronique, mentionne la Pre Roberge. Ils peuvent également jouer sur l’engagement du patient dans ses soins.

Pour se reconstruire

Discuter de ses symptômes anxieux ou dépressifs lors du suivi de la maladie chronique est bénéfique pour maximiser les traitements offerts. Il est important de souligner que les personnes atteintes de maladies chroniques peuvent aussi être impliquées dans le choix de leur traitement pour le trouble anxieux ou dépressif. Les médicaments ne représentent pas la seule option. Il existe d’autres options telles que la psychothérapie individuelle ou de groupe et les documents de soutien. L’implication dans la gestion de sa santé demeure un incontournable dans le processus de reconstruction de son état de santé.

Comme un problème de fondation non apparent, les troubles mentaux courants peuvent nuire à la gestion des maladies chroniques physiques lorsqu’ils sont ignorés.

À propos des auteures Alexandra Chapdelaine et Ariane Girard

Photo : Fournie

Alexandra est étudiante au doctorat en recherche en science de la santé et VP communications au RECMUS. Elle a un intérêt particulier pour la vulgarisation scientifique et la promotion de la science. C’est d’ailleurs pourquoi elle participe à la création de l’initiative BistroBrain (www.facebook.com/BistroBrain). Ils organisent des 5@7 mensuels où des invités de l’Université de Sherbrooke, souvent aux études graduées, offrent des courtes présentations vulgarisées sur leur sujet de recherche, et ce, au grand public, sur un thème préétabli couvert de façon multidisciplinaire. Il y a un fossé séparant le grand public de la recherche universitaire et pourtant, elle croit qu’autant la population que les universités pourraient bénéficier d’un échange entre les deux milieux. Par exemple, pour les universités, cela pourrait avoir un impact sur le plan du recrutement de participants aux études, mais aussi, sur le recrutement de futurs étudiants. Pour le public, un échange avec le milieu universitaire permettrait d’enrayer la diffusion d’informations erronées en lui permettant de tirer sa connaissance de sources fiables et possiblement, faire des citoyens plus critiques. Selon elle, ce genre d’initiative est nécessaire et en fait une mission personnelle.

Photo : Fournie

Ariane est étudiante au doctorat recherche en sciences de la santé et elle est également infirmière de formation. Dans le cadre de ses études doctorales, elle s’intéresse aux soins qui sont offerts aux personnes qui ont à la fois une maladie chronique physique et un problème de santé mentale par les infirmières qui œuvrent en soins de première ligne (p.ex. groupe de médecine de famille). Plus spécifiquement, elle travaille à développer un programme de formation continue pour guider les infirmières dans les soins qu’elles offrent au regard de la santé mentale des personnes ayant une maladie chronique physique. La thématique choisie pour le projet de vulgarisation est donc directement en lien avec ses intérêts de recherche.