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Un mystérieux faisceau vert scrute le ciel de Sherbrooke

Les géomaticiens de l'Université de Sherbrooke étudient les effets des aérosols

Quel est ce mystérieux faisceau vert qui s'élève au dessus du mont Bellevue depuis quelques jours? L'Université de Sherbrooke, en collaboration avec Environnement Canada, vient d'installer un nouvel appareil de détection LIDAR (Light Detection and Ranging) à sa station de géomatique pour analyser d'où proviennent les particules présentes dans l'atmosphère.

Depuis le 9 octobre et pour les cinq prochaines années, ce faisceau vert compile tous les soirs des données sur l'atmosphère. Visibles à partir du Campus principal, les impulsions émises par le LIDAR permettent à l'équipe du professeur Norm O'Neill du Département de géomatique appliquée d'étudier le comportement des fines particules suspendues dans l'air, que l'on nomme les aérosols. Les géophysiciens identifieront par exemple la provenance des particules de fumée qui se trouvent parfois dans le ciel et qui voyageraient d'aussi loin que de la Russie. Ils évalueront également les données recueillies par cet instrument ultramoderne, premier du réseau national CORALnet à être utilisé dans l'est du Canada, dans le but de mieux comprendre les effets de la pollution à l'échelle mondiale.

Les recherches du professeur O'Neill portent sur la qualité de l'air, notamment les variations atmosphériques causées par les aérosols, et sont menées en collaboration avec des chercheurs d'Environnement Canada, dont Kevin Strawbridge et Bruce McArthur. Leurs équipes de recherche travaillent sur CORALNet, un réseau national de lidars qui scrutent l'atmosphère en employant un système de commande fondé sur Internet. En surveillant les aérosols atmosphériques, les chercheurs de Sherbrooke espèrent fournir d'importantes données complémentaires pour AEROCAN, un réseau national de mesures des aérosols.

Suivre les aérosols à la trace

Actuellement, on sait que les gaz à effet de serre sont la cause principale du réchauffement de la planète, alors que les aérosols entraînent plutôt un refroidissement. Toutefois, il y a des incertitudes importantes quant à leur incidence ou leur rôle direct. À la station de géomatique SIRENE (Site interdisciplinaire de recherche en environnement extérieur), les données qui seront recueillies avec le LIDAR de Sherbrooke au cours des cinq prochaines années visent notamment à mieux comprendre les effets des aérosols.

«Nous assistons à une véritable révolution, explique le professeur O'Neill. Des appareils de télédétection sont maintenant installés au quatre coin de la planète et permettent à des chercheurs de partout à travers le monde de croiser les données qu'ils recueillent. L'accès à ces données et les modèles de comportement des aérosols assurent un avancement important des connaissances. Nous pouvons désormais évaluer avec justesse les trajectoires parcourus par les particules, et donc, déterminer les influences, par exemple, d'un feu de forêt qui se produit en Russie sur la qualité de l'air à Sherbrooke», dit-il.

Lueur verte, lueur d'espoir!

Révolution vous dites? De plus en plus, les données géomatiques sont recueillies, puis appliquées à différents secteurs de recherche : administration, transport, santé, et autres. Les applications sont sans limite parce que le croisement des données et les modèles permettent de comprendre le rôle de différentes variables. L'objectif ultime de ses recherches est de fournir le plus de connaissances possibles au sujet des particules atmosphériques. Des connaissances qui permettront de déployer de nouvelles mesures actives pour l'amélioration des conditions environnementales à l'échelle mondiale.

La géomatique à Sherbrooke

L'équipe de géomaticiens de l'Université de Sherbrooke travaille sur de nombreux projets à l'échelle planétaire. Les deux pieds sur Sherbrooke, ils mesurent, grâce à la télédétection, des données qui influencent l'environnement un peu partout dans le monde. Au cours des dernières années, les différentes équipes de chercheurs liés au Centre d'applications et de recherches en télédétection (Cartel) et du Département de géomatique appliquée de l'UdeS ont obtenu plusieurs millions de dollars en subventions et contrats. Cette vitalité du département a évidemment contribué au déploiement de la géomatique dans différents secteurs et à la réputation de l'équipe sherbrookoise.