Aller au contenu

Faim et insécurité alimentaire

Cultiver les savoirs pour faire reculer la faim

Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Certaines des initiatives nourricières de l’UdeS visant à réduire l’insécurité alimentaire sont bien connues, comme la présence de ruches sur le campus, celle d’un jardin collectif ou encore l’offre de paniers fermiers. D’autres actions, tout aussi importantes, croissent dans l’ombre de nos formations, fabriquant le tissu social et la toile de savoirs qui nourriront la société de demain.

Lorsqu’il est question d’actions visant la réduction de la faim dans le monde et la transformation nécessaire des pratiques agricoles, on pense nécessairement à l’international. Pourtant, les champs asséchés, les récoltes noyées et les infrastructures incendiées sont des catastrophes faisant fi de toutes frontières. De plus, malgré la richesse de notre propre pays, des déserts alimentaires (que l’on définit par la difficulté d’accéder par ses propres moyens à une variété d’aliments frais) existent dans de nombreux quartiers et compromettent la sécurité alimentaire de la population, entre autres de nos communautés étudiantes.

À l’heure actuelle, la majorité de notre nourriture est issue de l’agriculture conventionnelle. On se rend compte que cette industrie a des impacts majeurs sur la qualité de l’environnement. Aussi, partout dans le monde, même ici au Québec, on voit de plus en plus d’inégalités et d’insécurité alimentaires. Il est donc primordial de se pencher sur ces aspects afin de rendre nos systèmes alimentaires plus résilients, notamment en étudiant le potentiel de pratiques alternatives émergentes et plus durables.

Carole Corriveau, conseillère pédagogique au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE)

Ce texte est le douzième d’une série qui illustre chaque mois l'intégration du développement durable dans la formation à l'UdeS, par l'entremise d'initiatives et d'exemples liés à l'un des 17 objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. Le contenu dont il est question dans le présent texte traite de l'ODD 2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.

Préparer le terreau des pratiques agricoles résilientes

Cette préoccupation de faire percoler les connaissances scientifiques récentes sur les impacts de l’agriculture et sur les nouvelles pratiques a mené à la création d’un nouveau microprogramme de 1er cycle en agroenvironnement qui sera offert dès l’été 2025, en partenariat avec l’Université Bishop’s.

Les étudiantes et étudiants que l’on côtoie au quotidien se préoccupent de plus en plus de ces enjeux. Nous souhaitions faire rapidement une place à l'agriculture dans nos programmes et transmettre des connaissances à jour sur des pratiques agricoles durables, à une clientèle variée, de partout au pays. Un microprogramme de 1er cycle, offert à temps partiel et entièrement à distance, nous semblait la meilleure formule.

Carole Corriveau

Le partenariat étant dans la nature même du CUFE, une collaboration avec l’Université Bishop’s s’est vite imposée, cette dernière possédant une expertise établie en agriculture et sa propre ferme éducative. Le microprogramme de six cours ainsi élaboré a également l’avantage d’être bilingue, soit d’offrir trois cours en langue française et trois autres en langue anglaise; l’occasion pour plusieurs de perfectionner une seconde langue.

Introduction à l'agriculture durable, étude des milieux hydriques, des sols, et des écosystèmes ainsi que deux cours sur la permaculture : le microprogramme s’adresse à toute personne intéressée par les enjeux environnementaux et la durabilité des pratiques liées à l’agriculture et aux systèmes alimentaires. Il est donné de façon linéaire, un cours à la fois, pour une clientèle ayant déjà une occupation, mais désireuse de compléter ses connaissances. Il peut s’agir d’une personne aux études voulant bonifier une formation déjà acquise (en droit, en agronomie ou de génie par exemple), ou œuvrant dans une municipalité en région et souhaitant se former pour prendre de meilleures décisions pour une agriculture plus résiliente.

Il sera possible de déposer une demande d’admission pour ce microprogramme dès juin 2024.
Il sera possible de déposer une demande d’admission pour ce microprogramme dès juin 2024.
Photo : Michel Caron - UdeS

En implantant un tel microprogramme, l’UdeS agit sur l’atteinte de plusieurs cibles de l’ODD 2, comme la vulgarisation agricole, la réduction des inégalités d’accès au savoir, la viabilité des systèmes de production alimentaire, la mise en œuvre de pratiques résilientes, etc.

Nourrir les initiatives porteuses de solutions

Ce n’est pas d’hier, mais bien depuis les années 1970, que le CUFE agit concrètement dans sa communauté et à l’international. En partenariat avec des organismes à but non lucratif, des entreprises ou des organisations, près de 80 projets ont lieu chaque année, dont plusieurs portent sur des enjeux liés à la sécurité alimentaire et à l’agriculture durable. Depuis près d’une dizaine d’années, une collaboration avec le Carrefour de solidarité internationale permet d’ailleurs de réaliser des projets en Haïti et au Mali, des pays particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques.

À partir des savoirs locaux et de l’information existante, nos personnes étudiantes établissent des diagnostics des pratiques agricoles pour élaborer des formations et des outils de vulgarisation venant renforcer la capacité des populations locales à adapter ces pratiques.

Karine Vézina, coordonnatrice des programmes de deuxième cycle au CUFE et de la Clinique en environnement

L’UdeS agit donc comme partenaire en appuyant les organisations internationales dans l'adaptation de leurs pratiques agricoles pour faire en sorte qu’elles soient résilientes dans le contexte des changements climatiques. De nombreuses façons, nos formations favorisent l’accès au savoir, renforcent les capacités productives agricoles des pays en développement et contribuent à améliorer progressivement la qualité des terres et des sols.

Des ramifications qui irriguent plusieurs programmes et facultés

Le baccalauréat en études de l’environnement de l’UdeS est bien connu pour former des personnes aptes à porter un regard systémique sur les enjeux environnementaux et désireuses de mettre en œuvre des actions concrètes nécessaires à la transition socioécologique. Le cours Initiatives nourricières, offert dans ce programme, traite, entre autres, du fonctionnement du système alimentaire, de ses modèles de remplacement et de l’agriculture urbaine. Les étudiantes et étudiants qui le suivent doivent également planifier une initiative nourricière répondant à un enjeu alimentaire local ou régional particulier, en tenant compte du cadre politique, du contexte communautaire et d’éléments techniques.

Des personnes étudiantes se sont portées bénévoles chez Moisson Estrie dans le cadre du cours Apprentissage par le service dans la communauté, du programme de doctorat en médecine.
Des personnes étudiantes se sont portées bénévoles chez Moisson Estrie dans le cadre du cours Apprentissage par le service dans la communauté, du programme de doctorat en médecine.
Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Parmi les idées issues de la participation à ce cours, certaines sont des plus inspirantes : construire des serres semi-enterrées (walipini) communautaires pour produire des fruits et légumes pendant l’hiver; bonifier les plates-bandes urbaines existantes de plantes potagères; offrir des repas à bas prix à la clientèle étudiante universitaire pour contrer les marais alimentaires, ces zones où l’offre alimentaire est peu nutritive.

Le souci d’agir, à travers la formation, pour atteindre les ODD de l’ONU transcende les programmes directement liés à l’environnement. Qu’on pense au récent projet AGRUM, réalisé par une équipe étudiante dans le cadre du baccalauréat en génie électrique, dont l’objectif consiste à cultiver des plantes potagères sur les toits urbains tout en produisant de l’énergie solaire. Ou encore aux personnes étudiant en médecine de l’UdeS, qui ont prêté main-forte aux bénévoles de Moisson Estrie, dans le cadre du cours Apprentissage par le service dans la communauté du programme de doctorat en médecine.

Les installations de l'équipe AGRUM sur le Campus de Longueuil.
Les installations de l'équipe AGRUM sur le Campus de Longueuil.
Photo : Fournie

À la lumière de ces exemples, force est d’admettre que l’UdeS agit, sans conteste, pour former des écocitoyennes et écocitoyens responsables, sensibles aux enjeux de sécurité alimentaire.

À propos de l’ODD 2 : Faim « zéro »
L’insécurité alimentaire a augmenté à la suite d’une multitude de facteurs complexes tels que la pandémie, les conflits, les changements climatiques et l’aggravation des inégalités. Pourtant, lutter pour l’élimination de la famine peut entraîner des répercussions positives sur la santé, l’éducation ou encore le développement durable puisque la malnutrition limite la productivité des individus, les rend plus vulnérables aux maladies et entrave leurs efforts pour améliorer leurs conditions de vie. Ainsi, cet objectif de faim « zéro » chercher à promouvoir des actions sociales qui donner accès à de la nourriture saine et nutritive et qui encourage un système plus inclusif et durable.

Ne manquez pas la suite de cette série, en juin prochain!


Informations complémentaires