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Stages en biologie moléculaire et cellulaire

Avoir la recherche dans son ADN

Laurent Fafard-Couture, lors de son premier stage en culture cellulaire, dans le laboratoire du Dr Guy Lemay. Ce stage lui a permis de voir plus clairement ce que représentait un travail de chercheur en laboratoire.
Laurent Fafard-Couture, lors de son premier stage en culture cellulaire, dans le laboratoire du Dr Guy Lemay. Ce stage lui a permis de voir plus clairement ce que représentait un travail de chercheur en laboratoire.

Photo : Laurent Fafard-Couture

En biochimie moléculaire, presque tout ce qui est analysé, regardé et observé relève du domaine du minuscule, voire de l’invisible. Pourtant, c’est le regroupement de ces innombrables petits segments qui constitue un tout aussi mystérieux qu’un être vivant. La recherche dans ce milieu fonctionne sur le même principe : c’est un ensemble d’études et d’experts, qui, une fois mis en commun, forme un résultat tout à fait impressionnant. C’est avec cette mentalité en tête que Laurent Fafard-Couture, étudiant en biologie moléculaire et cellulaire, a réalisé deux stages à l’Université de Sherbrooke en recherche fondamentale.

D’aussi loin qu’il se souvienne, Laurent a été un passionné des sciences, son père enseignant lui-même dans ce domaine. Cependant, c’est au cégep, dans son programme de sciences de la nature, que son intérêt pour la biologie et la recherche fondamentale s’est réellement développé et a mené à son inscription au baccalauréat en biologie moléculaire et cellulaire à l’Université de Sherbrooke. C’est une décision qu’il ne regrette pas, surtout que son parcours en régime coopératif lui a permis de valider son choix et son intérêt.

Comprendre le microscopique

Des stages, Laurent en a eu deux jusqu’à présent sur le même projet de recherche : les effets de certaines protéines dans les cellules. À son premier stage, l’étudiant travaillait pour le Dr Guy Lemay de l’Université de Montréal, dans le cadre d’un projet en collaboration avec l’Université de Sherbrooke. Pour ce mandat, il devait s’attaquer au virus de la vaccine et plus particulièrement, aux protéines D9 et D10 qu’il contient.

« Il s’agit d’une occasion rare. Seuls deux laboratoires dans le monde ont accès aux souches du virus éradiqué de la variole, indique l’étudiant sherbrookois. Pouvoir étudier le virus voisin de la variole et qui a servi à son éradication, la vaccine, n’est donc pas si courant. De mon côté, je devais observer comment se comportaient les protéines D9 et D10, et comprendre leurs effets sur les acides ribonucléiques messagers (ARNm). Il était déjà théorisé que ces protéines affectent la coiffe des ARNm, ce qui fait en sorte que les virus se propagent mieux. Je devais cependant trouver une façon de vérifier cette hypothèse et de mesurer la force de l’effet. » Voilà un travail de taille qui n’a pourtant pas effrayé ce passionné de la recherche.

« Dans ce stage, j’ai dû faire beaucoup de culture de cellules et l’observation de leur croissance. Cela m’a permis de voir comment travailler en laboratoire puisque je n’avais pas beaucoup d’expérience d’autonomie complète en laboratoire. » précise Laurent. Chose certaine, le travail du stagiaire n’est pas passé inaperçu puisque, pour son deuxième stage, le Dr Martin Bisaillon l’a invité à poursuivre les recherches qu’il avait déjà commencées, mais, cette fois, au Pavillon de recherche appliquée sur le cancer (PRAC) de l’Université de Sherbrooke.

Le laboratoire de M. Bisaillon se concentre essentiellement sur deux branches de recherche, dans le but de combiner les découvertes des deux côtés pour enrayer certaines maladies, dont le cancer. La première spécialité vise à identifier le fonctionnement des cellules, particulièrement en ce qui a trait à l’ADN et à l’ARN. L’autre branche étudie plutôt les virus et les façons de les empêcher de se propager. C’est dans cette seconde discipline que le stagiaire en biologie moléculaire a été particulièrement sollicité.

Cette fois, les compétences et les connaissances de l’étudiant de 22 ans ont été mises à rude épreuve. Pour continuer à progresser dans ses travaux, Laurent se devait de réaliser un clonage moléculaire d’une protéine de fusion D9/D10-GST. « Cette protéine de fusion est nécessaire pour bien réussir l’expérience, car elle nous permet, lors d’un contact avec des protéines Lsm, de bien identifier si les protéines D9 et D10 ont réagi de la façon attendue, précise celui qui a fait preuve de beaucoup de persévérance. J’ai dû faire face à de nombreux échecs dans mon clonage, mais j’ai pu le réussir et continuer avec mes expérimentations. »

C'est sous la supervision du Dr Martin Bisaillon du Pavillon de recherche appliquée sur le cancer que Laurent Fafard-Couture a réalisé les clonages moléculaires requis pendant son second stage.
C'est sous la supervision du Dr Martin Bisaillon du Pavillon de recherche appliquée sur le cancer que Laurent Fafard-Couture a réalisé les clonages moléculaires requis pendant son second stage.

Photo : Laurent Fafard-Couture

De ces échecs, le futur professionnel retire cependant beaucoup de positif : « Je crois qu’il est très important de réaliser, à ce point dans ma vie, que la science, ce n’est pas une route directe vers le succès, mais bien un chemin en zigzag qui me réserve encore d’innombrables surprises. C’est une des raisons pour lesquelles je trouve les stages très enrichissants parce que ce n’est pas dans les cours qu’on apprend ce genre de choses. »

À compétences réelles, projets réels

Laurent n’est cependant pas le seul à avoir aimé ses stages : le Dr Martin Bisaillon, responsable du laboratoire, mais également superviseur de l’étudiant lors de ce stage, est aussi très satisfait des accomplissements du membre de son laboratoire. « Laurent est très travaillant et ses contributions servent réellement à faire progresser nos recherches, précise le docteur. Ses recherches fondamentales nous aident à répondre à des questions telles que pourquoi un virus a besoin d’influer la coiffe des ARNm et si cette réaction peut exister sans les protéines. » En fin de compte, les apports de l’étudiant pourront mener au développement de nouvelles thérapies antivirales, une bien grande contribution en un court laps de temps.

Pour M. Bisaillon, les bienfaits des stagiaires ne sont plus à démontrer : « Au PRAC, il est fréquent de voir plusieurs stagiaires chaque session, et ce, depuis de nombreuses années. Pour nous, les stagiaires sont une excellente façon de recruter, tout en aidant ces étudiants à approfondir leur passion. Rapidement, on se rend compte que les stagiaires comprennent vite et peuvent aider à nos projets. C’est pourquoi nous les assignons à des projets réels. »

C'est au Pavillon de recherche appliquée sur le cancer, au bas de l'image, du Campus de la santé de l'Université de Sherbrooke que Laurent Fafard-Couture a réalisé son second stage, avec des équipements et installations de pointe.
C'est au Pavillon de recherche appliquée sur le cancer, au bas de l'image, du Campus de la santé de l'Université de Sherbrooke que Laurent Fafard-Couture a réalisé son second stage, avec des équipements et installations de pointe.

Photo : Université de Sherbrooke

M. Bisaillon a d’ailleurs ajouté que toute personne ayant fait progresser une recherche sera créditée de ses apports. « Laurent n’est pas une exception et son nom sera mentionné dans l’article publié sur le sujet à l‘étude. » mentionne-t-il. Il s’agit là d’une preuve supplémentaire que ce jeune stagiaire était bel et bien un employé et non un simple apprenti.

Et ce n’est qu’un début…

Pour l’avenir, Laurent regarde, bien entendu, pour le troisième stage de sa formation. Bien que passionné par la recherche fondamentale, il désire réaliser cette dernière expérience de travail du baccalauréat « plus près des résultats, simplement pour voir cet aspect aussi » précise-t-il. Parmi ses visées, notons un autre stage au CHUS, mais aussi des projets à l’international, en Finlande ou en Suède, entre autres.

Entre-temps, Laurent continue de travailler dans le laboratoire du Dr Bisaillon pour obtenir des crédits de recherche. Les tests réalisés à partir de son clonage sont toujours en cours et sont suivis par une nouvelle stagiaire. Bien entendu, l’étudiant de troisième année s’intéresse énormément aux résultats et espère bien constater l’ampleur de sa contribution aussi tôt dans sa carrière. « Par contre, il reste beaucoup de travail à faire pour s’assurer que les résultats puissent être répétés et contrôlés, incluant des tests avec d’autres fusions de protéines, reconnaît-il. C’est un travail d’optimisation de longue haleine, mais qui pourrait permettre des progrès remarquables dans le traitement des maladies. »

Son parcours de formation ne s’arrêtera cependant pas là puisque ce futur professionnel compte bien poursuivre ses études à la maîtrise. Et selon lui, ses stages auront été un tremplin pour mieux plonger dans cet environnement de recherche sérieuse.

*Cet article a été publié dans la revue « In Vivo » de l'Association des biologistes du Québec.