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Des expériences qui changent une vie

Trouver sa voie en Australie

Raphaëlle Mercier Gauthier a constaté la différence entre les individus durant son stage en Australie, elle qui a même réussi à se lier d'amitié avec certains kangourous!
Raphaëlle Mercier Gauthier a constaté la différence entre les individus durant son stage en Australie, elle qui a même réussi à se lier d'amitié avec certains kangourous!
Photo : Allison MacKay

On dit souvent qu’une rencontre peut changer une vie. Celle de Raphaëlle Mercier Gauthier avec le professeur d’écologie Marco Festa-Bianchet lui a effectivement fait prendre un virage important. Un tournant dans son parcours universitaire qui aura à coup sûr des répercussions sur la profession qu’elle exercera plus tard mais qui, à prime abord, l’a conduite jusqu’en Australie où elle est partie en stage étudier les kangourous gris de l’Est.

Initialement inscrite au baccalauréat en biologie moléculaire et cellulaire à l’Université de Sherbrooke, Raphaëlle a décidé de changer de branche après avoir suivi un cours d’écologie générale avec le professeur Festa-Bianchet, un spécialiste en conservation des espèces. Ce dernier est également à la tête d’un groupe de recherche conjoint avec l’Université de Melbourne en Australie qui réalise une étude à long terme sur la population des kangourous gris de l’Est.

« Le professeur Festa-Bianchet est passionné parce qu’il fait et ça paraissait dans son enseignement, raconte l’étudiante de 21 ans pour expliquer sa migration vers l’écologie. J’ai également réalisé que le ''micro'', par exemple les protéines et les bactéries, n'était peut-être pas assez concret pour moi, alors que le ''macro'', comme les animaux, l'était davantage. »

À ce moment, Raphaëlle était loin de se douter qu’un an plus tard, elle se retrouverait au beau milieu du Wilsons Promontory National Park dans l’état de Victoria en Australie en train de travailler avec des kangourous.

« J’ai approché le professeur Festa-Bianchet un an avant mon stage et je lui ai demandé s’il avait du travail pour moi à la session d’hiver 2012. Je m’attendais au mieux à ce qu’il m’offre de travailler dans un laboratoire, ici au Québec, indique-t-elle. Il m’a demandé mes notes afin de savoir si je serais admissible à une bourse du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Comme je répondais aux critères, il m’a finalement offert d’aller en Australie. Je n’en revenais tout simplement pas! »

À plus de 13 000 kilomètres de Trois-Rivières, sa ville natale, Raphaëlle Mercier Gauthier a donc assisté durant 15 semaines deux doctorantes en écologie de l’Université de Sherbrooke dans leurs travaux. Son mandat était d’apporter son aide dans tous les aspects des travaux de terrain, soit les recensements des individus marqués présents sur l’aire d’étude, la localisation de ces individus par GPS, les observations comportementales, les captures, les prélèvements d’échantillons de tissu et de poils pour les analyses génétiques et hormonales ainsi que le suivi de la survie et du succès reproducteur des individus marqués.

« J’ai travaillé durant un mois avec Élise Rioux-Paquette qui s’intéressait au succès reproducteur des mâles chez les kangourous gris de l’Est, explique l’étudiante. Nos sorties sur le terrain étaient divisées en deux, soit tôt le matin (entre 5 h et 9 h) et durant la soirée (de 17 h à tard le soir). J’aidais également Élise lors des manipulations des individus qu’elle capturait (mesure des pattes avant et arrière, mesure de la tête, investigation sur la présence ou non de parasites, échantillonnage de poils et d’ADN, etc.).»

Durant la seconde partie de son séjour en Australie, Raphaëlle a œuvré aux côtés d’Allison Mackey dont la thèse porte sur les causes et conséquences de la variabilité en date de naissance des kangourous gris de l'Est.

« Le travail sur le terrain ressemblait beaucoup à celui que j’effectuais avec Élise, mais nous nous intéressions aux femelles plutôt qu’aux mâles, souligne-t-elle. Nous vérifions la présence de petits bébés dans leur poche. Lorsque nous en capturions, nous prenions les mesures sur les petits. »

Il va sans dire que la Trifluvienne a adoré son expérience en Australie. Après avoir conclu ses mandats auprès d’Élise Rioux-Paquette et Allison Mackay, elle a également été donner un coup de main aux étudiants gradués de l’Université de Melbourne durant une semaine où elle a capturé des oiseaux (Superb Fairywren) et des koalas pour d’autres projets de recherche.

« C’est fou à quel point le monde de l’écologie nous permet de vivre des expériences que la majorité des gens n’auront jamais l’opportunité de vivre, reconnaît-elle. Il y a peu de gens au Québec qui ont été en contact avec kangourous. Moi, je l’ai été assez longtemps pour voir la différence entre les individus. Certains sont craintifs et d’autres plus faciles à approcher. Il y avait d’ailleurs une femelle qui venait parfois me voir et qui me laissait la toucher. On est vraiment privilégiés! »

Revégétalisation à Shawinigan

Avant d’avoir l’opportunité de se rendre en Australie, Raphaëlle avait effectué un premier stage dans sa région natale au sein de l’organisme Bassin Versant Saint-Maurice. Elle était alors agente de sensibilisation à l’environnement, sous la supervision de Mathieu Gingras.

Au cours du premier stage de son baccalauréat en écologie, Raphaëlle avait pour objectif de revégétaliser les rives des cours d'eau de la région de Shawinigan.
Au cours du premier stage de son baccalauréat en écologie, Raphaëlle avait pour objectif de revégétaliser les rives des cours d'eau de la région de Shawinigan.

Photo : Cillian Breathnach

« Mon principal mandat était d’expliquer à la population de Shawinigan le nouveau règlement municipal sur la protection de la bande riveraine. L’objectif était d’arriver à revégétaliser les bandes riveraines du bassin versant et de contrer les problèmes associés à l’érosion, la prolifération de cyanobactéries et la perte d’habitats riverains. »

Pour y arriver, l’étudiante distribuait des végétaux aux riverains des différents cours d’eau du bassin versant, tout en leur expliquant l’importance de réaliser ce type de plantation.

« J’ai vraiment apprécié ce premier stage parce qu’il m’a permis d’apprendre beaucoup de notions d’écologies que je n’avais pas vues en classe, et ce, en peu de temps. J’ai constaté qu’il est beaucoup plus facile d’apprendre en stage qu’à l’école, car on retient mieux les notions quand on les utilise de façon concrète. »

Les deux côtés de la recherche

Le dernier stage de l’étudiante en écologie a eu lieu cet automne au Centre de recherche clinique Étienne-Lebel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Contrairement à ses deux premiers séjours professionnels où elle se retrouvait sur le terrain presque tous les jours, ce stage supervisé par le professeur Alan Cohen fût consacré à l’analyse de données, derrière un ordinateur. Elle travaillait sur un projet sur la mortalité en couches à l'Île-aux-Coudres. Celui-ci s’inscrivait dans un projet plus large en biologie évolutive humaine géré par Francine M. Mayer et d’Emmanuel Milot, de l’Université du Québec à Montréal.

« Nous utilisions des données historiques humaines recueillies par les curés de l’île. Ces derniers notaient les mariages, les naissances et les mortalités survenues. À partir des registres, on peut connaître la généalogie et les histoires de vie longitudinales. », explique-t-elle, tout en faisant valoir l’intérêt d’un tel stage dans sa formation.

« Ça m’a permis de voir l’autre côté de la recherche. Dans mon deuxième stage, j’ai recueilli des données et dans ce dernier stage, j’ai interprété des données ramassées par d’autres », souligne-t-elle.

Ce stage lui a également permis de présenter les résultats du projet devant des biologistes aguerris au congrès annuel de la Société québécoise pour l’étude biologique du comportement qui avait lieu en novembre à l’Université Concordia.

Raphaëlle souhaite maintenant amorcer une maîtrise dans le vaste domaine du comportement et la conservation des mammifères.

*Cet article a été publié dans le magazine « In Vivo » de l'Association des biologistes du Québec.