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Revisiter l’histoire grâce à la paléographie

Le professeur Léon Robichaud a donné un atelier pour que ses étudiantes et étudiants pratiquent la paléographie à l’aide du logiciel Transkribus.

Le professeur Léon Robichaud a donné un atelier pour que ses étudiantes et étudiants pratiquent la paléographie à l’aide du logiciel Transkribus.


Photo : François Lafrance

Comprendre le passé est essentiel pour avancer en tant que société; malheureusement, saisir et analyser l’histoire n’est pas chose simple. Plusieurs spécialistes, de différentes époques, doivent souvent retourner dans des manuscrits originaux, des documents datant du Moyen Âge jusqu’au 20e siècle. C’est alors qu’une science auxiliaire devient indispensable pour la plupart des historiennes et historiens : la paléographie. Des membres du corps professoral de l’UdeS, passionnés de cette technique, l’incluent à même leur cours ou, comme le propose la professeure Geneviève Dumas, donnent des ateliers de paléographie plus poussés, en dehors même de leurs horaires de cours.

La paléographie est une science auxiliaire de l’histoire; c’est la capacité à lire des textes anciens dans une écriture qui n’est plus familière aujourd’hui. D’anciens manuscrits, d’une même époque, peuvent utiliser une orthographe, une graphie et un vocabulaire très différents d’un écrivain à l’autre, et ce, en plus d’utiliser plusieurs abréviations que l’on ne reconnaît plus de nos jours. Les étudiantes et étudiants en histoire auront obligatoirement à retourner à la source même de leurs sujets de recherche.

Une science primordiale

La paléographie est, autant pour le professeur Léon Robichaud, qui s’intéresse principalement aux 17e et 18e siècles, que pour la professeure Geneviève Dumas, seule médiéviste à l’UdeS, indispensable au travail historique. C’est particulièrement vrai pour cette dernière.

Pour le parcours d’une médiéviste, la paléographie est primordiale, parce que l’imprimerie ne fait pas son apparition avant l’an 1450, explique la professeure d’histoire. Ainsi, toutes les sources du Moyen Âge que l’on possède sont écrites à la main dans une écriture très différente de ce qu’on connaît. Pour pouvoir analyser les sources originales, il faut être capable de les lire d’abord, et c’est en utilisant la paléographie que l’on peut y arriver.

Elle précise également qu’il est nécessaire de retourner voir les documents originaux, parce que le contexte social et l’expertise de l’éditeur peuvent teinter les éditions qui ont déjà été faites. La paléographie permet donc de revisiter, et parfois de corriger, des conclusions sur l’histoire.

De nouvelles avancées technologiques font constamment leur apparition et facilitent plusieurs types de travail. L’histoire et la paléographie ne font pas exception. En effet, surtout en ce qui concerne la numérisation d’anciens documents, la technologie facilite énormément l’accès à des manuscrits et, ainsi, accélère le processus de lecture. Avec les images numérisées, plus besoin de se déplacer en personne jusqu’aux archives et de faire des photocopies. Plusieurs sites Internet proposent des documents numérisés de haute qualité, permettant par exemple de les agrandir ou d’augmenter le contraste des images pour faire ressortir l’écriture. La prochaine étape serait de rendre efficaces les logiciels d’intelligence artificielle, qui automatiseraient la reconnaissance de manuscrits, explique Léon Robichaud :

Des logiciels qui fonctionnent avec l’intelligence artificielle pourraient reconnaître automatiquement des mots écrits dans un français très différent du français d’aujourd’hui. Ça ne sera pas parfait dans un futur proche, mais si un logiciel pouvait faire au moins 80 % d’un document, on accélèrerait déjà énormément notre travail.

Malheureusement, même si dans certaines langues ce genre de logiciel commence à faire ses preuves pour l’écriture moderne, Geneviève Dumas précise qu’on est encore extrêmement loin du compte pour tout ce qui a pu s’écrire avant l’apparition de l’imprimerie.

La paléographie à l’UdeS

Sans en faire le sujet d’un cours complet, les professeures et professeurs du baccalauréat en histoire de l’UdeS sont conscients de l’importance de la paléographie dans le parcours de leurs étudiantes et étudiants. Voilà pourquoi le professeur Léon Robichaud l’a incluse à ses cours dès la 2e année du baccalauréat, pour que les futures bachelières et bacheliers d’histoire aient déjà vu des manuscrits originaux, écrits dans un français peu évident. La professeure Geneviève Dumas pousse l’exercice encore plus loin en proposant à ses huit étudiantes et étudiants de maîtrise un atelier hebdomadaire, où la pratique de la paléographie est le centre des apprentissages.

La professeure Geneviève Dumas, médiéviste.

La professeure Geneviève Dumas, médiéviste.


Photo : UdeS

Ça fait maintenant une quinzaine d’années que je donne ces ateliers de paléographie, en dehors de ma tâche de professeure, et que les étudiantes et étudiants y participent également de leur propre chef. Parce que cette science ne s’acquiert vraiment que par la pratique, pratique grâce à laquelle il devient de plus en plus facile de lire des documents originaux. Ces ateliers sont vraiment populaires, parce qu’ils sont plaisants et valorisants pour tout le monde.

La paléographie est une technique peu connue pour quelqu’un qui ne baigne pas dans le milieu de l’histoire. Pourtant, en histoire, elle est essentielle pour comprendre et analyser non seulement l’écriture, mais également la culture et la société à une époque et à un lieu précis. Grâce à des membres du corps professoral impliqués dans le parcours d’une communauté étudiante avide d’apprentissages, les futures historiennes et historiens de l’UdeS utiliseront cette science de manière avisée et accélèreront leurs processus de recherche.


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