Aller au contenu

Appel de communications

Colloque international du GRICCUS*

À l'Université d'Ottawa, du 11 au 15 mai 2009

Identités et violence : constructions, négociations, destructions

En marge de la mondialisation, apparaissent ci et là des « zones grises », dessinant ce que Pierre Conesas appelle une « géographie du monde inutile », soit ces régions du monde qui ne présentent ni intérêt économique ni enjeu stratégique. Dans ce «monde en gris», des conflits perdurent, souvent non pas tant parce qu'ils opposent des rivaux irréconciliables, mais parce que cette même situation conflictuelle offre des ressources non négligeables. C'est ce que Georg Elwert appelait des « marchés de violence », soit des contextes où les acteurs ont intérêt à ce que la « guerre civile » perdure, dans la mesure où elle leur permet de se livrer à des trafics illégaux de tout genre et, en général, de prétendre à un monopole sur la violence et son usage. Ces acteurs ont donc la prétention de se substituer à l'État, qui trouve sa légitimité précisément dans ce monopole. Les marchés de violence offrent des ressources économiques, mais ils offrent aussi des ressources symboliques. En effet, dans ces «zones grises», marquées par un vide idéologique où les repères identitaires et les modes d'ascension sociale ont été engloutis, la violence devient un outil légitime de construction de sens. Le simple fait d'avoir le privilège de porter une arme et de faire partie d'un groupe armé confère à l'individu un statut et instaure la distinction (dans son plus strict sens bourdésien, soit un moyen de se distinguer des autres classes sociales). La violence est donc un moyen, dans ces économies de guerres civiles, d'accumuler du « capital culturel » et, ce faisant, de se construire une identité. Le phénomène est-il si nouveau ? En fait il ne l'est pas et on retrouve dans l'histoire quantité d'exemples — des croisades aux guerres en ex-Yougoslavie en passant par les guerres de religion — où identité et violence se nourrissent l'une l'autre dans un climat de rapine. Il n'est sûrement pas inutile de revenir sur ces épisodes qui montrent une certaine constance, sinon une fatalité du genre humain. Mais il nous faut sans doute insister sur le caractère particulier de la société globale, particulièrement prompte à sécréter de « petites boîtes » qui nous obligent à nous positionner dans un camp ou dans un autre sur une base idéologique. Car les « djihadistes », comme le souligne le Prix Nobel d'économie 1998, Amartya Sen, ne sont pas les seuls à opposer le « Nous » aux « Eux ». La raison occidentale, particulièrement lorsqu'elle s'incarne dans le paradigme du « choc des civilisations », est un frein au dialogue entre cultures et à l'affirmation d'une multiplicité possible des appartenances.

Le colloque est ouvert aux chercheurs et aux étudiants.

La date limite d'envoi des propositions de communications est le vendredi 31 octobre 2008.

Votre envoi doit contenir :
• Le titre de votre communication et un résumé d'environ 150 mots
• Vos coordonnées précises (nom, titre universitaire ou autre, adresse et numéro de téléphone au travail,
• adresse du domicile, adresse courriel)
• Un curriculum vitae court (2 à 3 pages au maximum)

Vous serez informé de la sélection finale par courriel avant le 20 décembre 2008.
Les communications seront d'une durée de vingt minutes et elles seront filmées et mises en ligne sur le site internet anamnesis.tv. Une publication des Actes suivra ultérieurement.
Pour toute communication et envoi de votre proposition : Tristan Landry, Professeur adjoint, Département d'histoire, Université de Sherbrooke, 2500, boul. de l'Université, Sherbrooke (Québec) Canada J1K 2R1
Local A4-353, (819) 821-8000 (poste 65400), (819) 821-7909 (Télécopieur),
Tristan.Landry@USherbrooke.ca
* Groupe de recherche sur l'identité et ses constructions culturelles