Des nouvelles de Jean-René Chotard
Professeur à la retraite
Depuis 20 ans, Jean-René Chotard tenait dans La Tribune une chronique hebdomadaire, le samedi, avec Julio Rodriguez, intitulée «Fenêtre sur le monde». Ils y rendaient compte de l'actualité internationale. Dans La Tribune du samedi 12 janvier 2008, le professeur Chotard annonçait la fin de cette aventure, sous le titre «L'adieu à une chronique». Cet article fournit beaucoup de renseignements autobiographiques sur ce professeur du Département d'histoire qui a pris sa retraite à la fin de l'année 2001.
Article de La Tribune :
Fenêtre sur le monde
L'adieu à une chronique
Chotard, Jean-René
Voilà six ans, Julio Rodriguez et moi-même, presque en même temps, cessions nos activités à l'Université de Sherbrooke, mais nous choisissions de poursuivre une chronique commencée en 1988. C'était il y a 20 ans; nous avions entrepris alors, à titre de service à la communauté, c'est-à-dire sans aucune rémunération, une rubrique sur les événements du monde. Nous avons été servis, au long des années, par une actualité véritablement riche de faits et de bouleversements: les soubresauts du Moyen-Orient, de l'Amérique latine, la disparition de l'URSS, l'émergence de la Chine et maintenant de l'Inde comme puissances économiques; voilà quelques-uns des phénomènes majeurs dont les conséquences ne sont pas à la veille de se terminer.
Le temps écoulé depuis notre départ de Sherbrooke, la prise de distance par Julio et moi-même rendaient plus difficile ce contact, avec vous, que nous aurons gardé quelque deux décennies durant. Il nous faut remercier la direction du journal La Tribune pour cette hospitalité dans une publication qui diffuse dans la ville de Sherbrooke et dans une région étendue. Pour ma part, je tiens à exprimer une gratitude à Lorraine Laliberté, secrétaire de rédaction; en effet, comme je dactylographie mal, j'acheminais mes textes manuscrits. Il revenait à Mme Laliberté de les dactylographier, après avoir déchiffré mon écriture, ce qui représente à la fois une performance et un mérite.
Depuis six ans, la distance que nous avons prise par rapport à l'Estrie nous a rapprochés de quelques-uns des théâtres d'événements dont nous avions coutume de vous entretenir. Julio, après le Mexique, s'est arrêté au Nicaragua. En ce qui me concerne, je poursuis une continuité de voyages d'une douzaine de semaines chacun, deux fois par année, depuis l'Inde jusqu'à la Chine, en incluant la grande diversité du Sud-Est asiatique.
Tout particulièrement, j'aime les longs itinéraires par le train et les trajets à bord d'autobus locaux. J'ai savouré aussi les lents, très lents déplacements en bateau sur les fleuves de Birmanie ou sur le Mékong, au Laos. Je trouve émerveillement dans les campagnes immobiles de Birmanie, demeurées à ce point traditionnelles que l'on peut, des jours durant, croiser les attelages de boeufs sans apercevoir un tracteur. Je m'arrête aussi, avec autant de fascination, dans les métropoles bourdonnantes, comme Shanghaï, dont le paysage urbain paraît se transformer de mois en mois.
Et pour moi, quelles activités? Écrire une à deux heures par jour et souvent plus... Rencontrer une grande variété de personnes, depuis des universitaires jusqu'aux vagabonds... À la suite de beaucoup de voyageurs au long cours, j'ai pu apprécier à quel point tous les sujets concrets, pratiques et d'interaction immédiate, permettent de franchir la barrière des langues ou, tout simplement, de s'en affranchir.
Ce fut un privilège de partager avec vous un enthousiasme pour le spectacle des transformations du monde, car l'agitation sur les diverses scènes politiques en Asie n'exprime qu'une part des mutations au plus profond de cet océan de sociétés diverses où vit la moitié des masses qui forment l'humanité contemporaine.
Avec un peu plus de trois décennies d'enseignement à l'université, avec aussi des années de séjour sur un rang dans la campagne des Cantons-de-l'Est, j'ai pu multiplier les contacts enrichissants et chaleureux. Mon installation dans le plus grand village de Montréal, puis mes déplacements prolongés durant les dernières années, n'ont pas changé, grâce à cette chronique, ma conviction d'appartenir, d'une certaine manière, à une région. Écrire pour le quotidien La Tribune de Sherbrooke, c'était d'abord vous écrire.
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