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Cinq jours pour l'itinérance

Vivre dehors pour une bonne cause

Photo : Michel Caron

Du 13 au 18 mars ont eu lieu les Cinq jours pour l'itinérance sur le Campus principal de l'Université de Sherbrooke. Cet évènement de charité vise à sensibiliser la population à la cause et à amasser des dons pour la Table de concertation sur l'itinérance à Sherbrooke. Cette année, neuf étudiants, dont sept de la Faculté des lettres et sciences humaines, un en administration et un en éducation, se sont investis dans cette aventure et ont amassé près de 6 000 $.

Parmi ceux-ci, Maude Roy-Grenier, étudiante en communication, rédaction et multimédia, a accepté de rédiger un billet résumant son expérience :

"Au départ, j'ai voulu relever un tel défi pour vivre une expérience personnelle, qui me mettrait à l'épreuve. Je me suis dit que de dormir à l'extérieur pendant une semaine me ferait réaliser beaucoup de choses. De plus, je voulais comprendre la réalité des itinérants. N'ayant jamais été assez informée sur le phénomène, je désirais démystifier la cause.

Des conditions difficiles

Mes acolytes et moi devions donc dormir sur des palettes de bois recouvertes de cartons sur lesquels nous déposions nos sacs de couchage et nos oreillers. Dans notre campement situé aux abords de la Faculté d'administration, nous nous levions chaque matin pour quêter, comme des sans-abris affamés. Bien que nous devions quémander de la nourriture pour pouvoir manger, il n'a pas été long avant d'attiser les émotions des gens, qui nous ont dès lors apporté de quoi nous subsister à profusion.

Me retrouvant alors démunie pour cinq jours, sans argent, sans carte bancaire, sans identité, je devais garder les mêmes vêtements sur moi du début à la fin et je n'avais pas accès aux douches ; je devais m'imprégner le plus possible des réelles conditions des itinérants. Quêter faisant dorénavant partie intégrante de ma vie, j'ai trouvé très difficile de solliciter la population universitaire, professeurs compris, même dans un humble objectif de remettre l'argent recueilli à un organisme caritatif. Les refus et l'ignorance de certains étaient parfois difficiles pour le moral.

Personne n'est à l'abri

Être confrontée à cette situation m'a fait prendre conscience de la chance et du confort dont nous jouissons chaque jour. En milieu de semaine, j'étais complètement épuisée en raison du manque de sommeil et de l'énergie que me demandaient mes obligations étudiantes, en plus des activités reliées au projet des Cinq jours pour l'itinérance. Une des activités particulièrement exigeante était de nous rendre, à pied, jusqu'à La Chaudronnée, soupe populaire de Sherbrooke sur la rue Bowen. Heureusement, les cuisiniers nous avaient mijoté un copieux déjeuner.

Pour sensibiliser plusieurs personnes, le discours que je prônais portait principalement sur le fait qu'être itinérant ne consiste pas seulement à vivre quotidiennement dans la rue. Cela touche également les gens avec de maigres revenus qui n'ont pas de logement stable, qui déménagent continuellement et qui n'ont aucun réseau social. Le simple fait de perdre son emploi, accompagné d'un cumul de problèmes, peut facilement mener à ces conditions de vie marginales. S'engager au sein des Cinq jours pour l'itinérance constitue donc un geste crucial pour l'avenir des organismes sans but lucratif qui supportent la cause.

À fleur de peau

Je souhaite remercier sincèrement tous ceux et celles qui ont donné généreusement tout au long de la semaine, qu'il s'agisse de dons en argent ou en nourriture. Ceux-ci me faisaient chaud au cœur chaque fois et j'ai été très touchée de l'attention que vous nous portiez. Étant davantage fatiguée qu'en temps normal, j'étais encore plus émotive. Vos encouragements me motivaient énormément et me procuraient un supplément d'énergie pour continuer. Sans vous, je ne sais pas si j'avais pu réussir. Je me considère chanceuse d'être si bien entourée et de pouvoir compter sur autant de personnes pour me soutenir dans tout ce que j'entreprends.

C'est en relevant un défi comme celui-là que je raffole encore plus de la vie. Sensibilisée à la cause de l'itinérance, j'aimerais que la population y soit aussi conscientisée. Toutefois, je crois qu'il n'y aura jamais meilleure prise de conscience que de se mettre soi-même dans la peau d'autrui! "

Participants aux Cinq jours pour l'itinérance : Daliane St-Louis Tremblay, Jessica Guimond-Villeneuve et Jérôme Guay, Service social;  Cédric Breton Daigle, Maude Roy-Grenier et Jasmin Noël, Communication rédaction et multimédia; Maxime Lessard, Psychologie; Joana Demers, Enseignement en anglais langue seconde; Julien Vincent, Économie.