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L'histoire au service du cinéma

Stéphanie Lanthier, chargée de cours à l'UdeS et réalisatrice pour l'ONF du Canada

Stéphanie Lanthier dans la forêt boréale québécoise lors du tournage de son documentaire Les Fros.
Stéphanie Lanthier dans la forêt boréale québécoise lors du tournage de son documentaire Les Fros.
Photo : Alain Corneau

Qu'ont en commun l'histoire et le cinéma? A priori, il s'agit là d'une analogie plutôt douteuse, mais le parcours florissant de Stéphanie Lanthier témoigne du contraire. Titulaire d'une maîtrise en histoire à l'Université de Sherbrooke, Stéphanie Lanthier est depuis bientôt 13 ans chargée de cours au Département d'histoire et à l'École de politique appliquée. Enseignante passionnée et dévouée, son intérêt pour le cinéma lui a permis de se tailler une place de choix au sein de l'Office national du film (ONF) du Canada en tant que réalisatrice, recherchiste et scénariste de longs métrages documentaires.

Lorsqu'on lui demande d'expliquer la corrélation entre sa formation initiale et le cinéma, l'enseignante n'est pas à court d'arguments : «De par sa vocation, le documentaire contribue à fabriquer la mémoire d'un peuple. Sans trace du passé et sans archive, les historiennes et les historiens ne peuvent pas reconstituer les faits dans le temps. D'ailleurs, le documentaire dépeint certaines réalités sociales, affirme-t-elle, et suscite des questionnements qui permettent de comprendre l'évolution des identités sociales.»

Le début d'une alliance

Tout a commencé en 2004, alors que l'ONF s'est intéressé à concrétiser un projet de long métrage sur la quête de sens et l'identité des planteurs d'arbres en Abitibi, sujet sur lequel Stéphanie Lanthier et sa collègue Myriam Pelletier-Gilbert avaient travaillé. Dès lors, la jeune femme et son acolyte, également diplômée en histoire à l'UdeS, ont bénéficié du support de l'ONF pour acquérir les compétences cinématographiques requises afin de réaliser leur tout premier long métrage Deux mille fois par jour.

L'historienne reconnaît la chance qu'elle a eue : «Je n'avais aucune formation dans le domaine, mais l'ONF m'a permis de me perfectionner rapidement aux côtés d'excellents mentors. J'ai eu l'honneur de côtoyer Janette Bertrand; elle m'a enseigné l'art de questionner efficacement mes protagonistes et l'écriture de scénario. J'ai également appris les techniques de scénarisation et de réalisation sous la tutelle de Robert Favreau.»

Les Fros, bientôt au grand écran

Les Fros : bûcherons des temps modernes.
Les Fros : bûcherons des temps modernes.
Photo : Alain Corneau

Inspirée par le lieu de tournage de son premier film, la réalisatrice a ensuite documenté les aventures des débroussailleurs de la forêt boréale québécoise. Les Fros, inspiré par une ancienne expression abitibienne pour «foreigners» ou étrangers, devient une vitrine privilégiée pour découvrir un monde insoupçonné. Au nord de la province, à des kilomètres de la civilisation, des milliers de travailleuses et de travailleurs immigrants (Asie, Europe de l'Est, Russie...) se joignent aux quelques Québécois «de souche» pour combler la pénurie de main-d'œuvre forestière. À l'instar de Jos Montferrand, ils quittent leur famille durant cinq à six mois pour gagner leur vie en s'adonnant au rude métier de débroussailleur.

Pendant une saison, la cinéaste les a suivis pour recueillir leurs témoignages. «Par ce documentaire, j'ai voulu illustrer une microsociété à l'image d'un Québec nouveau; le rustre bûcheron de notre forêt mythique, désormais représenté par des «exilés» de tous âges et de toutes nationalités.»

Les Fros (DOC Productions inc. en coproduction avec l'ONF du Canada) sera à l'affiche dès le 10 décembre 2010. Stéphanie Lanthier présentera également son film au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke le lundi 24 janvier à 19 h dans le cadre de la série Regards.

Inspirée par Renée Martel

Puisqu'il faut battre le fer tandis qu'il est chaud, Stéphanie Lanthier prépare actuellement le tournage d'un troisième long métrage documentaire. Toujours axé vers l'identité québécoise, le film met en vedette la chanteuse Renée Martel pour illustrer à quel point elle personnifie la culture populaire country et western au Québec.

«Sans vouloir généraliser, le Québécois francophone s'incarne toujours dans un personnage qui n'a pas eu la vie facile, explique-t-elle. C'est ce que je tenterai de démontrer avec Renée Martel; une personnalité qui jouit d'une grande reconnaissance parce que le peuple se retrouve en elle.»


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