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Portrait de l’enseignante Camille Fertel

« Les problématiques environnementales sont complexes et évolutives dans le temps »

Économiste, Camille Fertel enseigne au microprogramme de 3e cycle en conseil stratégique en environnement. Elle est responsable du cours Fondements de la prise de décision stratégique. Elle donne également le cours Économie de l’environnement au baccalauréat en études de l’environnement.

Voici un portrait de cette passionnée d’économie qui aime se trouver en situation d’apprentissage tout en relevant de nouveaux défis.

Quel est votre domaine d’expertise? 

Je suis économiste avant tout, spécialiste de l’environnement et de l’énergie avec un fort aspect politique publique et d’aide à la prise de décision.

Quelle est votre formation et quel est votre parcours professionnel?

J’ai une formation universitaire française classique. À l’âge de 15 ans, je savais que je voulais être économiste alors j’ai commencé par les bases en m’inscrivant en première année de Sciences économiques et Gestion. J’ai poursuivi avec une maîtrise d’Économie mention « analyse et politique économique », c’est à cette époque que j’ai commencé à me spécialiser en économie de l’environnement. Puis, j’ai complété ma formation avec un doctorat en économie de l’environnement et du développement durable.

Mon parcours professionnel est intimement lié à mon parcours universitaire. En janvier 2011, je débarque à Montréal pour débuter un postdoctorat en recherche opérationnelle au sein du Groupe d’étude et de recherche en analyse des décisions (GERAD). Bourse du gouvernement en poche, c’est à ce moment précis que débute mon parcours professionnel. Pendant quatre années, j’ai travaillé dans l’équipe « Énergie et Environnement », une équipe multidisciplinaire et multiculturelle de recherche de haut niveau. J’y ai beaucoup appris : gérer des projets, encadrer des étudiants, vulgariser et communiquer des résultats scientifiques, répondre aux demandes institutionnelles, et surtout, développer une capacité à traiter des problèmes complexes dans des environnements incertains.

« Il est important de reconnaître que l’humain ne maîtrise pas l’ensemble des aspects des problématiques environnementales et qu’il faut composer avec l’incertitude. »

Pendant ces quatre années, j’ai eu l’occasion de mettre en pratique et de cultiver ces apprentissages dans une petite entreprise de conseils et d’aide à la décision spécialisée en environnement et énergie cofondée avec un ancien collègue. De cette expérience est né un certain goût pour l’entrepreneuriat et le développement d’affaires. Pourtant, en 2018, j’ai accepté de quitter la consultation pour un poste chez RECYC-QUEBEC. C’est également à cette époque que j’ai commencé à enseigner au bac en environnement de l’UdeS.

Chez RECYC-QUEBEC, j’ai pu acquérir une bonne connaissance des enjeux liés à la gestion des déchets. Mais le rythme est lent et les marges de manœuvre restreintes. Le goût d’entreprendre et l’envie de m’investir dans un projet d’envergure me poussent à accepter deux défis inédits dans ma carrière. C’est ainsi qu’en 2019, j’accepte de développer un nouveau cours, Fondements de la prise de décision stratégique, destiné au microprogramme de 3e cycle en conseil stratégique en environnement de l’UdeS et de prendre en charge le développement de la filiale canadienne du groupe français Tecnea-Cemafroid. Un vrai pari dans les deux cas !

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

L’esprit critique et l’envie de remettre en question les évidences!

Souvent, nous analysons les situations en fonction de ce que nous en percevons et nous proposons des solutions selon les outils que nous connaissons. Dans les faits, nous ne percevons que ce que nos théories nous ont préparés à voir. C’est l’histoire du type qui cherche ses clés de maison sous le lampadaire, la nuit, car c’est le seul endroit où il peut voir. Pourtant, cela ne signifie pas qu’elles s’y trouvent. En ce qui concerne l’environnement, c’est encore plus vrai. L’économiste et le biologiste n’aborderont pas un même problème de la même façon, pourtant il est très probable que chacun détienne une partie de la solution. Il est donc impératif de s’interroger sur ce que l’on ne voit pas…

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordial parmi les compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

La capacité à appréhender la complexité, quelle que soit sa discipline.

Dans la même logique que ma réponse précédente : le tout n’est pas la somme des parties. Les problématiques environnementales sont complexes et évolutives dans le temps, les aborder sous un seul angle rend l’analyse partielle et partiale. Par exemple, on ne peut pas comprendre le phénomène du changement climatique uniquement sous l’angle de l’acidification des océans.

Comment le goût d’enseigner est-t-il arrivé dans votre parcours?

Très tôt, cela s’est imposé au cours de mes études. En France, le système offre aux doctorants la possibilité d’occuper des postes de type « chargé de cours », ces emplois leur sont réservés en priorité afin qu’ils puissent financer leurs études. C’est ainsi que j’ai commencé à enseigner une centaine d’heures par année en tant qu’attaché d’enseignement et de recherche, j’avais 23 ans.

Une lecture ou un documentaire que vous jugez incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

L’essai philosophique Totalité et infini, d’Emmanuel Lévinas. Cet ouvrage s’attarde à nos rapports à autrui et leur éthique.

Avez-vous une réalisation personnelle ou professionnelle dont vous êtes particulièrement fière?

Chaque fois que j’ai pu réaliser quelque chose que personne n’avait fait au paravent! Par exemple, lorsque j’ai pris en charge le développement d’affaire de la filiale canadienne de Tecnea-Cemafroid qui n’avait pas d’implantation en Amérique du Nord et sur des activités quasi inexistantes ici.

Que faites-vous lorsque vous n’enseignez pas?

J’apprends! D’abord, je travaille beaucoup, car l’enseignement est plutôt un à côté dans mes activités. Ensuite, lorsque je ne travaille pas, je pratique la course à pied quasi quotidiennement, je m’intéresse beaucoup à tout ce qui touche aux mathématiques (histoire, épistémologie), aux sciences et techniques en général et à la géopolitique des ressources naturelles. Enfin, j’adore voyager.

Autre chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?
Oui, cette citation : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ».


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